À la seule vue de la bande-annonce ou même des affiches du film, on pouvait déjà deviner le genre de film dont Wonder retournait, c’est-à-dire, une histoire touchante et convenue d’un jeune garçon au visage balafré destinée uniquement à vous transformer en un éternel flot de larmes aussi compatissant que honteux devant un garçon si malchanceux et pourtant si optimiste. Or, comme le film tente constamment à le rappeler; il ne faut jamais juger un livre à sa couverture. Cette adaptation du roman homonyme de R.J. Palacio demeure en effet quelque peu manipulatrice, mais, contre toute attente, merveilleusement rafraîchissante et inspirante.
Bien évidemment, Wonder n’a rien de bien subtil; son optimisme contagieux et un peu trop magique englobe tout le film et son scénario se plaît constamment à répéter et à appuyer tous ces morales et préceptes de confiance en soi, de résilience et d’ouverture à l’autre. À l’exception de quelques scènes inutilement exagérées et teintées à l’eau de rose, dont le futile décès d’un chien , le film de Stephen Chbosky (The Perks of Being a Wallflower) tente davantage à vous faire voir la vie sous un nouvel angle plus lumineux, qu’à soutirer toutes les larmes de votre corps.
Du haut de ses 10 ans, August Pullman a tout pour vivre une enfance rêvée; des parents intelligents, attentionnés et vraiment très riches, une sœur aussi compréhensive que généreuse et une magnifique chambre tapissée d’étoiles et de guerre des étoiles. Malheureusement, dès sa naissance, le jeune Auggie a dû subir plus de 25 opérations qui ont laissé son visage couvert de cicatrices. Ressemblant maintenant à Darth Sidious (ce n’est pas moi qui l’ai dit en premier), Auggie a le cafard puisque ses parents l’incitent fortement à intégrer enfin l’école, ce milieu si cruel et impitoyable aux enfants moindrement »différents ». Dès sa rentrée, le jeune balafré devra affronter les regards incessants, les insultes dégradantes et les préjugés de toute l’école. Heureusement, la surprenante amitié de l’un de ses collèges de classe, Jack Will, la bonté de cœur de ses enseignants et l’écoute de sa famille l’aideront à lui faire traverser le meilleur comme le pire de son année scolaire.
Vous apprendrez donc qu’il existe de la bonté dans le cœur de tous et qu’il ne faut pas juger les gens par leur apparence grâce à Auggie, ce jeune garçon intelligent et pince-sans-rire, qui juge la majorité de ses amis par leurs souliers. Cependant, la principale richesse de Wonder, du livre comme du film, est qu’il raconte cette histoire avec une certaine ironie et légèreté. La narration, d’abord excessivement conventionnelle, devient tout à coup audacieuse, particulièrement pour le genre, en changeant sa perspective vers les autres personnages gravitant autour d’Auggie. Bien que trop littéraire, ce changement de point de vue permet d’apporter certaines profondeurs à l’ensemble, dont à sa sœur et son ami Jack. À travers la vie exigeante d’Auggie, il est donc excessivement rafraîchissant de découvrir les humeurs de cette sœur jalouse et effacée de toute l’attention que mérite son petit frère. Néanmoins, le récit manque cruellement de nuance par rapport à ses personnages, soit fondamentalement bons, soit fondamentalement mauvais, en proposant la rédemption de tous les enfants méchants du film, à l’exception de ce jeune bum de 10 ans en veste de cuir qui doit tout à la lamentable génétique de ses parents.
Sans proposer un film particulièrement authentique, les dialogues demeurent extrêmement simples et plus ou moins cohérents à des enfants de 10 ans, le réalisateur et scénariste Stephen Chbosky réussit néanmoins à réunir une distribution des plus remarquables qui ajoute véracité à l’ensemble. Jacob Tremblay, le jeune prodige du touchant Room, interprète parfaitement toute la fragilité et l’intelligence de ce petit garçon au cœur tendre, et ce malgré les prothèses sur son visage, alors que sa petite voix frêle semble irréellement parfaite tant elle parvient à attirer autant d’émotions et de sympathie du spectateur. Julia Roberts est sans surprise égale à sa réputation, absolument remarquable et tout en nuance dans le rôle de cette mère aimante, réussissant même à faire pleurer mon petit cœur de pierre. Noah Jupe, qu’on a pu voir récemment dans Suburbicon, est attachant et charmant à outrance comme nouvel ami d’Auggie et la jeune Izabela Vidovic, dans le rôle de cette sœur résiliente, offre une interprétation tout en retenue et vraisemblable. Seul Owen Wilson, qui joue pour la centième fois ce rôle de père cool et rigolo, parvient à jouer de manière plutôt artificielle, sans réel plaisir ou émotion.
Si vous pouvez faire fit de toute cette surabondance de bons sentiments plus ou moins nuancés et de ce ton si mielleux et optimiste, Wonder vous atteindra droit au cœur. Pour les autres, ça demeura tout au plus anecdotique, mais tout de même divertissant et inspirant. Visuellement amusant et inspiré, le périple scolaire et social du petit Auggie a tout pour plaire aux jeunes et moins jeunes, par sa bonne-humeur contagieuse et son récit particulièrement touchant qui vous fera croire au merveilleux dans chacun de nous. Et dans ce genre dont je redoutais terriblement.
Sortie en salle : 17 novembre 2017
Crédit Photos : wonder.movie/
Le coeur constamment serré, l'oeil légèrement mouillé, mais un sourire au coin des lèvres pendant et longuement après, Wonder inspire autant qu'il touche, et ce malgré son récit trop peu subtil, ses personnages peu nuancés et son optimiste trop appuyé.