Malgré un revirement final complètement tiré par les cheveux, Safe Haven laissait présager que les futures adaptations cinématographiques des romans de Nicholas Sparks démontreraient une volonté certaine d’atténuer la prévisibilité et la facilité des histoires proposées. Or, ce n’est pas avec The best of me, en salles depuis vendredi, qu’un virage nouveau se produit.
L’intrigue principale de The best of me (Une seconde chance en français) emprunte un sentier maintes fois surexploité (spécialement par Sparks, mais nous y reviendrons). À l’aube de terminer leurs études secondaires, Amanda Collier (Liana Liberato) et Dawson Cole (Luke Bracey) tombent amoureux et chérissent des projets d’avenir communs. Provenant d’un milieu aisé, Amanda doit composer avec un père excessif et sélectif quant aux fréquentations de sa fille. Dawson, étudiant brillant passionné de mécanique, a fui un environnement familial hostile en se réfugiant chez Tuck (Gerald McRaney), un vétéran de la Seconde Guerre mondiale veuf. 21 ans plus tard, lorsque ce dernier décède, Amanda et Dawson (alors interprétés par Michelle Monaghan et James Marsden) sont forcés de se retrouver le temps d’une fin de semaine pour exécuter les dernières volontés de Tuck, replongeant ainsi dans un passé douloureusement trouble.
Visiblement, Nicholas Sparks sait quels procédés surutiliser pour multiplier les best-sellers (la plupart de ses romans en deviennent), qu’importe si cela implique un abus désolant de clichés grotesques qui fera sourciller même les plus grand(e)s fervent(e)s du genre. L’importance de croire au destin et en l’âme sœur atteint ici son paroxysme du ridicule. Et pourtant… force est d’admettre que ce cher Sparks est un fin manipulateur. À travers des scènes mielleuses à souhait se faufilent quelques répliques amusantes et une étonnante atmosphère chaleureuse, voire rassurante. Louables sont également les efforts de l’auteur d’aborder des sujets lourds tels que la violence domestique, la maladie, la monoparentalité et l’éternel fossé entre les riches et les pauvres. Dommage que ces thèmes ne soient explorés qu’en surface, donnant ainsi lieu à des revirements incohérents. À trop vouloir faire déborder les écluses, Sparks s’éparpille. Nul doute que bien des amateurs se sentiront-avec raison- bernés et frustrés par l’absurdité sans nom de l’acte final.
Le manque d’originalité de l’œuvre ne s’arrête pas là. Les ressemblances avec The Notebook s’avèrent inévitables (multiples retours dans le passé, clash entre les classes sociales, baisers sous la pluie, baignades dans le lac, petit déjeuner sur le porche, confessions tumultueuses menant à une nuit torride…). Ce ne serait pas tant un problème si The best of me possédait la même âme (et oui!) que son ainé de 10 ans. Hélas, Une seconde chance accumule les passages à vide. Il faut avouer que la réalisation hyper convenue et franchement ennuyante de Michael Hoffman n’aide en rien. Aucun plan le moindrement inventif. Aucune tentative de créer des liens privilégiés entre personnages et spectateurs. Le seul aspect positif de la réalisation réside dans la beauté des paysages de la Louisiane et la Nouvelle-Orléans.
Bien que correct dans l’ensemble, le niveau de jeu de la distribution aurait gagné à être plus naturel et passionné. Depuis quelques années maintenant, Liana Liberato impose tranquillement mais sûrement sa marque. Elle insuffle une dose appréciée de fougue et d’humour bon enfant à son personnage. Avec sa belle gueule qui n’est pas sans rappeler un jeune Heath Ledger, Luke Bracey s’avère tout aussi sympathique. Si Liberato et Bracey manifestent de l’aplomb et une douce innocence, on ne peut pas en dire autant de la chimie entre Michelle Monaghan et James Marsden qui, elle, manque cruellement de conviction. Monaghan s’avère étonnamment fade et sans grand intérêt. En revanche, le Dawson de Marsden (en remplacement du regretté Paul Walker) est juste assez charmant pour parvenir à soutirer empathie et attachement. Alors que la ressemblance physique entre Liana Liberato et Michelle Monaghan est suffisamment identifiable, celle entre Marsden et Bracey est pratiquement inexistante, ce qui entache considérablement la crédibilité des flashbacks.
Bref, avec sa réalisation paresseuse, sa distribution à la chimie chancelante et son scénario truffé de clichés éculés, The best of me, neuvième adaptation cinématographique d’un roman de Nicholas Sparks, épuise bêtement les limites du genre romantique…et la patience d’un auditoire pourtant fidèle.
Ce film est à l’affiche depuis le 17 octobre 2014.
Crédits Photos : Les Films Séville
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