Le Festival Fantasia, chaque été à Montréal, nous permet de tomber sur de petits bijoux de films de genre. Parfois, on se délecte devant la violence gratuite d’une armée de zombie Nazis qui s’entretuent pendant une heure. Mais parfois, on tombe sur des thriller bien plus subtils, d’un budget et d’une qualité difficile à situer, mais néanmoins réalisés avec beaucoup de bonnes intentions. Ces films promettent une carrière prometteuse pour l’équipe qui est derrière le projet, et il vaut la peine de les mentionner ici. Voici un bon exemple de bonne idée qui aurait dû aller bien plus loin : They Look Like People.
Ça ressemble à un résumé
Nous sommes à New York, dans l’appartement de Wyatt, fin-vingtaine, qui vient de se faire larguer. Une place à louer dans la chambre, qui sera aussitôt occupée par Christian, un ancien ami qui passera quelques semaines chez lui. Un séjour plutôt fort en émotions, puisque Christian, dès son arrivée, se met à recevoir des appels annonçant la fin du monde et l’arrivée de monstres dans la société. La paranoïa et la schizophrénie s’en mêleront, et créeront l’atmosphère tendue et plutôt incertaine qui persistera tout au long du film. Cocktail plutôt intéressant, idée à travailler, mais rien de nouveau sous le soleil. Au final, c’est une thématique qui ne sera pas exploitée avec assez de profondeur, nous donnant ainsi un film d’à peine une heure trente qui, pourtant, nous semble un peu trop long. Réduire la durée de l’oeuvre en augmenterait sa qualité.
One-man army
Difficile de passer sous silence le nom derrière le film : il s’agit du premier long métrage de Perry Blackshear, qui aura filrté avec le court avant de se lancer dans un projet plus ambitieux. Difficile de le manquer aussi, puisqu’il porte le chapeau de réalisateur, scénariste, producteur et directeur de la photographie. De sources non officielles rapportent même qu’il est l’acteur interprétant tous les rôles du film, animaux inclus. Tout cela, en tenant la perche, évidemment. Malheureusement, aucune entrevue n’est disponible avec le réalisateur, puisqu’il dort depuis le lancement du film.
Plus sérieusement, il est bien audacieux pour un réalisateur d’occuper autant de postes dans la création d’un film. Le résultat peut être extrêmement intéressant, puisqu’il traduit une production bien plus personnelle pour la personne constituant pratiquement l’équipe de tournage en entier. Cependant, une grande équipe permet de se consacrer plus spécifiquement à chaque département, ce qu’une équipe réduite ne peut faire. C’est donc la qualité générale du film qui écope.
Ravages de guerre
C’est malheureusement le cas de They look like people qui, bien qu’il bénéficie d’une idée bien intéressante, d’un casting de qualité, d’une esthétique correcte, aurait mérité qu’on y mette davantage d’énergie et de temps. Par exemple, le montage est très souvent raboteux et peu fluide, notamment à cause de coupes trop rapides ou simplement de sauts d’axe non justifiés. Par exemple, une scène banale semble avoir été prise par cinq angles de caméra différents, ce qui désoriente quelque peu le spectateur. Une option intéressante lorsqu’elle veut dire quelque chose, mais ici, on dirait plutôt une erreur de découpage.
Le scénario lui-même devrait être relu et corrigé pour atteindre un niveau supérieur. Pensons à la scène d’introduction des personnages, quelques secondes après la séquence de départ (qui, elle, est vraiment intéressante, soit dit en passant), plaquent les détails avec maladresse au visage du spectateur. À d’autre moments, on assiste à des montages rapides, rythmés à une musique pop digne de Degrassi (pas la nouvelle génération !), nous montrant les personnages qui s’amusent gaiment avec des couvertures en regardant la caméra. Oui, oui. Ce genre de détails bien minimes s’accumulent et nuit à la qualité globale.
Somme toute, bien que le film ne soit pas parfait, il est tout de même notable de saluer le travail de Blackshear. Son film traduit une motivation et une envie très forte de faire du cinéma, et son travail futur est à surveiller !