Il y a de ces films dont on entend parler, en bien comme en mal, et qu’on ne prend jamais véritablement la peine de visionner… Par manque de temps, d’intérêt, ou tout simplement parce que le synopsis ressemble à «Un chirurgien fou kidnappe trois personnes et relient leur bouche et leur anus, créant ainsi un mille-pattes humain». C’est donc après plusieurs années d’abstinence volontaire que j’ai enfin regardé ce film d’horreur culte qu’est The Human Centipede.
La première séquence de cette trilogie écrite et réalisée par Tom Six (car oui, il y en a trois à regarder, tous plus ragoûtants les uns que les autres) est sortie en 2009. On y rencontre Lindsay (Ashley C. Williams) et Jenny (Ashlynn Yennie), deux américaines sur le bord d’être stupides qui profitent de vacances en Allemagne. Et quoi de mieux pour deux plaisancières en quête d’aventures que de se perdre au milieu d’un bois et de se réfugier dans l’habitation d’un inconnu à l’air louche qui en profitera pour vous droguer et vous attacher à une table de chirurgie?
Ce chirurgien, c’est le Dr. Heiter (Dieter Laser), un psychopathe ayant en tête une seule idée : La création d’un coléoptère humain… En les forçant à se mettre à quatre pattes et à se suivre, un peu comme lorsqu’on fait le train dans un mariage. Dans une version un peu plus trash et gore, disons-le. Le principe est que, lorsque le premier en ligne mange, il digère son repas directement dans la bouche du second, qui fera sa besogne dans le troisième… Ainsi de suite. Brillante idée, direz-vous? Non, vous ne direz pas. Mais bon, on ne peut empêcher un homme de rêver, non?
Le Dr. Heiter parviendra donc à mettre en œuvre ses plans sordides, et les deux américaines seront piégées avec Katsuro, un japonais qui passait justement par là (sa présence ne sera que très vaguement justifiée dans le film, mais il faut dire qu’avec un scénario comme celui-là, on prend vite l’habitude de ne pas accorder une grande importance aux moindres détails). L’intrigue est effectivement banale, et n’est là que pour justifier une idée, une image même, pensée par le réalisateur : Celle du mille-pattes humain.

Non, ces gens ne jouent pas à saute-mouton.
Bien que The Human Centipede soit à hisser au rang des films d’horreur cultes (entres autres à cause de son audace, l’ingéniosité de ses scènes violentes et graphiques), ne vous attendez pas à un chef d’œuvre. Mis à part Dieter Laser, qui campe à merveille son rôle de savant fou classique (on y reconnaîtrait presque les mimiques de Bela Lugosi!), les acteurs ne semblent pas être dans le même registre. Bien que les deux femmes en tête d’affiche passent la moitié du film à gémir plus qu’autre chose (leur bouche étant occupée ailleurs), elles parviennent tout de même à nous irriter.
Niveau réalisation, encore une fois, ce n’est pas génial. Tom Six parvient à recréer avec efficacité une ambiance intime et oppressante qui peut rappeler le classique Salo (inspiration majeure pour le film), mais sans pour autant l’égaler. Car si le classique de Pasolini tirait sa force de sa mise en scène presque surréaliste, Human Centipede ne parvient pas à franchir la limite esthétique du film d’horreur pour adolescents. Pourtant, quelques plans plus soignés laissent présager un effort esthétique plus important, mais jamais on ne sera émerveillé devant la mise en scène.

L’origine de «bouche cousue».
Où est donc l’intérêt de visionner un film tel qu’Human Centipede? Bien sûr, pour dire qu’on l’a vu. On ne se cachera pas que, malgré que le synopsis soit répugnant, il n’en demeure pas moins audacieux et intrigant. Il faut seulement aller au-delà du film, et analyser les motivations des personnages. Car, si le film a une force, c’est bien de faire croire aux motivations pseudo-scientifiques du Dr. Heiter. Intérêt médical ou pur fantasme déviant?
Puisqu’on en parle, le fantasme de Tom Six ne s’est pas limité à un film. Le réalisateur a cru bon de répéter (et d’amplifier, voire étirer) son concept de mille-pattes humain avec deux autres films du même nom. Seulement, au lieu de se contenter de trois victimes, le dernier en compte des centaines… De quoi donner l’eau à la bouche. Pour l’instant, contentons-nous donc du premier opus.