Dieu sait que je ne suis pas le premier à jeter la première pierre lorsqu’un remake débarque dans nos salles obscures, et ce, surtout quand la mouture d’origine m’est carrément inconnue (réalisée par Karel Reisz en 1974, dans le cas présent). Quoique loin d’être conforme à ce dont Mark Whalberg nous a habitué au cours de sa carrière, ce nouveau The Gambler nous porte plutôt à poser le regard vers la version de première heure, un certain rythme et une substance manquant au film de Rupert Wyatt.
Enseignant de littérature anglaise le jour et joueur compulsif le soir, il n’est pas rare pour Jim Bennett de se retrouver dans le pétrin. Lorsque celui-ci se voit contraint de payer ses pharamineuses dettes de jeu en seulement sept jours, le flambeur devra se replonger dans sa dépendance, demander de l’argent à sa mère fortunée et se tourner vers l’une de ses étudiantes, s’il désire rétablir la balance et se sortir de ce guêpier.
Différent car, habituellement la tête d’affiche de films d’action de qualité discutable où celui-ci s’amuse à y incarner les durs à cuire, Whalberg trouve en ce personnage titulaire un homme moins « explosif » qu’à l’habitude mais tout aussi irrévérencieux, immature et d’une vulgaire médiocrité. Loin d’être une mince affaire, donc, pour l’acteur tout autant que le réalisateur, que de rendre ce protagoniste assez sympathique pour que le public, en retour, veuille bien s’attacher à cette quête semblant perdue d’avance vers la rédemption.
Pari malheureusement raté, alors que Bennett s’avère on ne peut plus manipulateur sans pour autant justifier ses actes d’une quelconque manière. Certes, de voir cet homme dans la marge jusqu’au cou quémander à nouveau chez celui demandant paiement ne manque pas de nous dresser un sourire aux lèvres, mais remet donc également en question ses éloquents discours aux sujets de richesse et succès lancés par l’enseignant à ses élèves. Comme le mentionne si bien cette jeune femme campée par Brie Larson, voilà un homme qui « a une vie parfaite, mais s’arrange constamment pour s’attirer des problèmes. » Jeune femme dont la relation partagée avec l’anti-héro ne mène d’ailleurs véritablement nulle part.
Celui offrant peut-être bien la meilleure performance du lot, même s’il ne s’agit que d’une caricature de lui-même, est John Goodman qui incarne un créancier pour le moins excentrique. Malgré l’ambiance sonore ainsi que la réalisation très colorées et très eighties de la part de Wyatt, l’oeuvre de ce dernier a un manque flagrant de rythme, particulièrement une fois le troisième acte enclenché. De laisser tout à la chance (quoique, entre vous et moi, on sait dès les premières minutes que ce bon vieux Whalberg va finir par se tirer d’affaire), très franchement, est loin d’être narrativement stimulant.
Ni bon ni mauvais, The Gambler est un long métrage qui, surtout en cette fin d’année où ce ne sont pas les œuvres d’exception qui manquent dans nos cinémas, est déjà oublié.
Crédits Photos: Paramount Pictures