Ironique constat, cette semaine; alors que Xavier Dolan nous offre l’adaptation filmique d’une pièce de théâtre, Jocelyn Moorhouse propose une œuvre qui aurait plutôt gagné à être présenter sur les planches d’un amphithéâtre. Le ton, les personnages, les répliques, le propos… Tous y semblaient certainement bien plus appropriés.
En 1951, Myrtle « Tilly » Dunnage est de retour à Dungatar, son petit village natal situé dans les plaines arides d’Australie après une absence de près de vingt ans. Devenue une couturière émérite, elle a travaillé pendant ces années d’éloignements pour les plus grandes maisons de mode à Paris. Alors qu’elle renoue difficilement avec sa mère malade, une dame pour le moins excentrique, Tilly, marquée par un évènement dans sa jeunesse dont elle ne se souvient que vaguement, veut connaître la vérité. Pour obtenir des renseignements qui pourraient l’éclairer, elle confectionne pour les femmes du hameau des robes extravagantes qui font leur bonheur, tout en permettant de délier des langues. Mais, Tilly n’a pas oublié les personnes qui l’ont intimidée dans le passé et prépare lentement sa douce vengeance.
À vrai dire, c’est que The Dressmaker ne semble pas trop savoir ce qu’il désire être; est-ce un western moderne, un récit de vengeance, une comédie noire ou bien un thriller érotique? Ces premières minutes soulignés aux plans larges laissent d’abord croire à une proposition narrative où l’on retrouve une certaine forme d’ardeur. Une œuvre digne du cinéma de Sergio Leone où brillerait une Kate Winslet femme fatale dont les pistolets auraient été substitués à une machine à coudre.
Arrivent alors des personnages tous déjantés, campés par des acteurs qui s’amusent sans jamais en faire trop. Palme à Hugo Weaving, qui s’en donne à cœur joie dans le rôle du policier de la ville, seul véritable ami de la protagoniste et travesti en cachette, et plus encore à Judy Davis, qui vole la vedette, alors qu’elle incarne la mère sénile de Tilly. Une scène impliquant un visionnement de Sunset Boulevard en sa compagnie devient un moment d’anthologie.
Un buffet étrange, mais que l’on prend néanmoins plaisir à découvrir. Des moments risibles, mais bien assumés. C’est tout simplement qu’ils ne s’harmonisent pas vraiment avec l’élément charnière de l’ensemble; cette quête de justice derrière l’intimidation ayant ruiné la vie de la jeune femme. Ce qui ne s’arrange pas lorsque se pointent les élans du cœur de celle-ci, qui se manifestent en Liam Hemsworth, le frère beaucoup moins charismatique de l’homme derrière Thor, qui est clairement éteint.
Alors que leur relation devient ostentatoire, les revirements – qui demeurent généralement logiques – s’avèrent vieux comme le monde et laisseront indifférent même le plus inexpérimenté des cinéphiles. Ce qui est dommage, un certain symbolisme ayant entamé le récit habilement. C’est cette espèce d’allégorie à travers une histoire de sorcières moderne qui fait en sorte que The Dressmaker arrive à maintenir notre intérêt, mais qui rend ultimement notre déception aussi crève-cœur.
Crédits photos: Les Films Séville
Crédit résumé: Régie du cinéma au Québec (RCQ)