Ah TENET…nous l’attendions depuis longtemps celui-là. Sa sortie en salles repoussée de nombreuses fois à cause de la pandémie, ce film était le grand espoir d’Hollywood et des studios Warner Bros. pour redonner vie aux cinémas en Amérique du Nord. Misant sur le talent de Christopher Nolan (Dunkirk, Inception et The Dark Knight) pour le cinéma spectacle, où la majorité des scènes sont tournées en IMAX pour accorder le maximum d’impact aux scènes, ce premier «vrai» blockbuster en temps de pandémie est en soit une expérience sociale. Une montagne russe de sensations est-elle suffisante pour que l’audience veuille se regrouper dans une salle de projection avec des inconnus? Est-ce que c’est réussi? Ça reste à voir, mais les spectateurs semblent se montrer déjà plus timides qu’à l’habitude, on le sens dans l’air.
Un nouveau film de Christopher Nolan est un rendez-vous inmaquable depuis son tour de force avec la trilogie The Dark Knight, il est un vrai maître du blockbuster moderne. Ce nouveau TENET ne fait pas exception, nous reconnaissons bien le cinéma de Nolan dès les premières scènes mouvementées dans une salle d’opéra à Kiev. Par contre, c’est avec un scénario hyper complexe, des dialogues peu compréhensibles et un volet narratif superlu qu’il rendra difficile ma tâche d’évaluer ce film. Est-ce bon? À première vue oui…mais c’est difficile d’être clair sans révéler tous les détails.
Étant grand fan du cinéma d’espionnage des années 60 dans lequel il a grandi, Nolan nous invite dans un monde rempli d’organisations gouvernementales et de villains milliardaires ayant des plans diaboliques pour déclencher une Troisième Guerre mondiale (rien de moins). Un agent spécial de la CIA qui n’a pas de nom, appelé simplement Le Protagoniste (John David Washington, très en forme), est recruté par une organisation secrète après une mission de sauvetage bafouée. Cette organisation, qui se nomme «Tenet», lui introduit un concept physique surnaturel où certaines matières sur terre (de simples objets et même des êtres humains) peuvent être inversées et revenir en arrière dans le passé. En d’autres mots, via une machine centrifuge, il est possible de voyager dans le temps au même rythme linéaire que la réalité (ça ne prend pas quelques secondes dans la Delorean de Marty McFly). Le Protagoniste est envoyé en mission pour traquer un machiavélique vendeur d’armes russe du nom de Andrei Sator (Kenneth Branagh) qui est à l’origine de la fabrication de munitions inversées et qui risque de dérégler la réalité avec un algorithme temporel. À l’aide de la femme de celui-ci (Elizabeth Debicki) et son accolyte au sein de Tenet (Robert Pattinson), ils tenteront de stopper les plans de Sator par l’usage du temps.
D’ailleurs, le titre TENET est un palindrome, donc un mot qui s’épèle de la même manière de gauche à droite que de droite à gauche. C’est un petit clin d’oeil savant de la part de Nolan, en l’honneur du concept de l’inversion temporelle.
Uniquement par le synopsis, vous voyez que ce n’est pas un film facile à expliquer. Il faudra moi-même que je retourne le voir quelques fois pour me faire une meilleure idée du récit et de la signification du dénouement. De prime à bord, c’est sans suprise que je vous dit que c’est une réalisation spectaculaire sur le plan visuel. La cinématographie capturée par la technologie IMAX donne place à des gros plans colorés et en profondeur, comme c’est toujours le cas dans les films de Nolan. Malgré un montage un peu trop rapide et accumulant certains jump cuts entre les scènes, c’est une réussite sur le plan technique. La scène de poursuite sur l’autoroute et celle de l’écrasement d’un gigantesque Boeing 747 dans un hangar sauront vous marquer…parce que ce sont de vraies cascades (aucune image par ordinateur).
Un film à la Nolan veut aussi dire des scènes d’action plus grandes que nature, et celles-ci sont particulièrement remarquables. Notamment, il y a une scène de combat au corps à corps inversée à l’aéroport d’Oslo qui a été maîtrisée à la perfection par John David Washington, qui démontre une agilité physique.Robert Pattinson est charismatique et convaincant, même chose pour Élizabeth Debicki, sur qui repose le volet émotionnel du film (aussi mince soit-il). Kenneth Branagh, de son côté, est un peu particulier dans les souliers de l’antogoniste. Il y a une divergence de ton entre ses hausses d’humeur qui donnent froid au dos et ces nombreuses répliques marmonnées à peine compréhensibles. C’est d’ailleurs un phénomène récurrent, un grand nombre des répliques sont guères conpréhensibles et souvent ensevelies sous une bande sonnore imposante (signée par Ludwig Göransson et non pas Hans Zimmer cette fois). «On comprend rien», me disait mon ami assis à deux sièges de moi, il avait raison…
Ceci étant dit, comme le laissait présager la première vague de critiques, TENET a plusieurs failles, plus spécifiquement sur le plan narratif. Autant se le dire, même si théoriquement intéressant, ce récit est TROP complexe! Nolan ne nous laisse vraiment pas la tâche facile quand tous les personnages marmonent si rapidement lorsque vient le temps d’expliquer le concept de l’inversion. À la toute fin, comme Nolan aimait le faire dans Inception, vous commencerez à faire des liens entre les scènes et à mieux comprendre. Le montage est parfoit décousu et trop rapide, ce qui nous laisse rarement le temps de respirer. Si TENET serait une montagne russe, ça serait définitivement l’EDNOR ou le Vampire à La Ronde.
Son dernier film, Dunkirk, a justement donné davantage de place à l’action et au suspense qu’à l’histoire ou à l’identité des personnages. C’est aussi le cas ici. À l’exception du personnage de Kat (Elizabeth Debicki) et peut-être Sator, tous les autres n’ont guère d’historique et ils sont automatiquement intégrés dans l’action. C’est un peu dommage, car on ne peut pas s’attacher à eux autant que l’on voudrait.
Je comprend tout à fait pourquoi certains critiques ont détruit ce film suivant la projection de presse. Ceci est loin d’être le meilleur film de Nolan, puisque la majorité de ses oeuvres précédentes racontent de bien meilleures histoire. Le récit de TENET est immensément compliqué pour être pleinement apprécié et très peu de traits de charactère sont doonés aux personnages. Ceci étant dit, il faut donner à César ce qui revient à César, Christopher Nolan est un maître suprême du cinéma d’action, donc le film n’en reste pas moins grandiose.
Soyez sans craintes, ce n’est pas mauvais du tout, mais je vous recommande d’être pleinement éveillés et de porter attention à tous les petits détails lors de votre expérience. Vous serez confus après un premier visionnement, c’est normal. Donnez-vous la chance de le voir une seconde fois et lancer des recherches Internet pour bien vous expliquer la finale.
*PS – j’ai laissé une capsule vidéo des coulisses, ou «behind the scenes», du film pour vous donner une meilleure idée de l’ampleur des cascades et des effets visuels. C’est fascinant de voir Nolan travailler uniquement avec des effets «réels» et non du CGI.
En salles dès le 28 août 2020
Crédit photos: Rotten Tomatoes
Nous sommes de retour dans les cinémas, les blockbusters sont à nos portes, pourquoi ne pas se réjouir un peu et ouvrir votre bouteille de Veuve Clicquot achetée pour vos vacances dans le Sud?