«I’m back motherf**cker»! Disons que c’est toujours une réplique assassine que l’on s’attend à entendre de la part de ce bon vieux Samuel L. Jackson. Depuis plus de 20 ans maintenant, suivant son coup de circuit dans Pulp Fiction en 1994, ce grand acteur est devenu lui-même un véritable culte à titre d’interprète caméléon qui réussi à se faufiler dans tous les types de films imaginables. Suivant un premier remake en l’an 2000 de ce film culte des années 70, où un enquêteur stylé du nom de John Shaft arpente les rues de Harlem à la recherche de problèmes, le réalisateur Tim Story a décidé de faire revivre ce personnage qui manquait cruellement d’amour depuis la dernière décennie. Par contre, ce n’est pas exactement la même recette qui sera employée ici…ayant choisi l’approche humoristique plutôt que dramatique. Un genre cinématographique qui colle tout de même très bien à Jackson!
Bien que l’histoire soit définitivement l’attrait le moins grand de ce film, voici un petit aperçu. Un jeune analyste du FBI du nom de JJ (Jessie T. Usher) apprend que son meilleur ami, un vétéran des forces armées américaines, est retrouvé mort d’une overdose dans les rues de Harlem à New York. Croyant au coup monté, JJ décide de suivre son flair et de lancer une enquête, n’écoutant pas les conseils de ses collègues. Voyant que la manière «civilisée» de questionner les criminels et les pires malfrats de la ville ne mène à rien, il décide donc de consulter son père….John Shaft lui-même (Samuel L. Jackson, définitivement le plus grand attrait du film). Anciennement agent de police pour le NYPD, Shaft est maintenant un investigateur privé. Voyant son fils que très peu souvent depuis sa naissance, Shaft décide de l’aider à résoudre l’enquête, tout en profitant de l’occasion pour lui donner quelques conseils de vie d’homme à homme. Sachant très bien que l’instinct «cowboy» de Shaft est plus grand que nature, son dédain des règles et des choses bien faites causera une série de mises en situation cocasses et forcera le père et son fils à improviser pour résoudre l’enquête.
Plusieurs seconds rôles font également partie de la distribution, notamment la mère hyperactive de JJ (Regina Hall), son amie et potentiel intérêt amoureux (Alexandra Shipp) ainsi que le meilleur de tous: le grand-père du jeune homme à la retraite, John Shaft Senior (Richard Roundtree, qui reprend son rôle John Shaft après plus de 30 ans). Nous devons attendre un certain temps avant ce caméo, mais il est ô combien amusant de le voir de retour à l’action!
N’ayant pas vu le premier remake de l’an 2000 ni la série originale, disons que je pars littéralement de zéro. Par contre, c’est un tout nouveau narratif, donc tous les premiers venus dans le monde de Shaft sont les bienvenus. À première vue une comédie policière, c’est assez difficile de savoir si ce film tient à être pris au sérieux ou non. Personnellement, je dirais que non. Cependant, l’enquête policière menée par Shaft et son fils JJ semble beaucoup trop compliquée pour être une comédie, alors on perd bien vite notre intérêt envers l’histoire. Il suffit de quelques gags assassins de la part de Jackson et BOOM, nous sautons complètement dans un registre comique. C’est malheureusement pour cette raison que ce nouveau remake de Shaft ne risque pas de devenir mémorable. En misant beaucoup trop sur les gags de son personnage principal pour capter notre attention, tout le reste ne devient que du bruit ambiant. Malgré le fait que la très grande majorité des gags de Jackson ainsi que ses nombreuses répliques avec JJ sont réussies, tout autre élément narratif ne nous intéresse pas. Bien sûr, Jackson est excellent et divertissant à souhait (comme toujours) et son fils l’est presque tout autant. Les autres acteurs font de leur mieux avec un scénario écrit sans réelle saveur pour eux. Le pire est destiné aux principaux antagonistes du film, qui n’ont que quelques répliques sans plus.
Par contre, le plus gros problème de ce film, surtout en 2019, est son scénario quasi misogyne issu d’une autre époque. À nombreuses reprises, les membres de la famille Shaft, surtout Jackson, lanceront des remarques de «mononcle» sur le statut de la femme ou encore sur la manière dont un homme doit traiter la gente féminine. Même si c’est toujours effectué avec «humour», disons que ça rend le spectateur mal à l’aise. C’est un coup manqué de la part du réalisateur, qui faisait comme si le récit était toujours campé dans les années 70.
Finalement, sachant qu’une comédie policière est synonyme de scènes de violence par la voie des armes à feu, certaines scènes d’action laissent parfois à désirer au niveau du montage et ne sont pas plus palpitantes que ça. Bref, pas totalement un flop, mais on espérait mieux pour faire revivre ce classique du monde du blaxploitation.
Amusant à plusieurs reprises, on ne s’ennuiera pas trop devant le nouveau remake de Shaft, mais on se sentira plutôt embêté devant un scénario aussi répressif et manquant cruellement de poigne au niveau de son récit. Le seul attrait véritable du film, soit les nombreux échanges entre Shaft et son fils sur la nature de l’homme, est suffisant pour ne pas totalement s’ennuyer. Tous les autres éléments restant à désirer, le nouveau Shaft ne sera jamais une grande comédie policière malheureusement. Ce film a été réalisé pour les spectateurs savourant l’humour douteux de Sam L. Jackson, et c’est tout ce que l’on peut retenir.
En salle dès le 14 juin 2019
Crédit photos: Rotten Tomatoes
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