Dans l’univers télévisé québécois, il n’y a pas que les cotes d’écoute qui compte. On a souvent tendance à ne considérer que cette explication lorsqu’une série télévisée tarde à revenir sur nos écrans, ou encore, ne revient pas du tout. Pourtant, il y a beaucoup d’autres facteurs qui influencent la poursuite ou non d’une série télévisée. L’an passé, la série prometteuse 19-2 a diffusé sa première saison sur les ondes de Radio-Canada. Un malentendu au sein de la production a failli coûter la suite de la série policière. Après quelques changements au sein de l’équipe de production, 19-2 revient finalement avec une deuxième saison dès le 28 janvier 2013.
La série est une idée originale de Claude Legault et de Réal Bossé. On est plutôt loin de la légèreté et de l’humour autrefois connue avec Dans une galaxie près de chez vous. Présentée en 1997, les deux artistes y tenaient également des rôles principaux. Cette fois-ci, les deux personnages empruntent le costume du policier, effectuant leur travail au cœur de Montréal. Au fil de la saison, le spectateur est amené à suivre le rôle des policiers. Du contrôle de vitesse au conflit impliquant des gangs de rue, on assiste à des interventions de tout genre. On apprend également à connaître les personnages. Les policiers sont des humains comme tout le monde. Y’en a des croches, y’en a des droits, mais tout le monde traine son propre fardeau.
Claude Legault incarne Ben Chartier, un ancien patrouilleur de la Sureté du Québec. L’équipe de l’unité le surnomme le chevreuil. Quant à Réal Bossé, il incarne Nick Berrof. Séparé, en plus d’avoir sur la conscience un événement tragique survenu à son collègue Harvey, il est de plus en plus dûr pour lui de garder la tête froide. Surtout que sa femme est la sergente détective de l’unité, Isabelle. Cette dernière est interprétée par Julie Perreault.
La distribution est donc riche. En plus d’avoir les chéris du Québec au sein de l’équipe, la série fait découvrir au public d’excellentes recrues. Benz Antoine, Véronique Beaudet et Catherine Bérubé sont des visages peu connus, mais méritent d’emblée leur place parmi la distribution de l’émission. Il ne suffit pas d’enfiler le costume d’un policier pour bien jouer son rôle. Tous les comédiens affichent une crédibilité importante et c’est ce qui compose une des clés de 19-2. Il faut également souligner l’excellente performance de Réal Bossé. Il incarne assurément un rôle différent de ce qu’on a vu précédemment. J’ai pour ma part été étonné de le voir dans un tel personnage, mais surtout, j’ai été ébranlée par sa grande maitrise du rôle de Berrof. On peut lui donner un certain crédit puisqu’il a participé à l’écriture, mais il reste qu’il mérite amplement cette mention spéciale.
Pour ce qui est de la réalisation, Podz fait honneur à sa réputation. Il réussit à apporter un aspect un peu plus contemplatif à une série se déroulant dans le milieu policier. Quand même. Pour ceux qui ont vu cet automne la série Tu m’aimes-tu?, on reconnaît l’aspect alloué aux pensées des personnages. Même si 19-2 ne possède pas le concept de la photographie, on traite en profondeur des illusions, des souvenirs et des peurs qui habitent les protagonistes. On construit alors du même coup un certain suspense, puisque de nombreuses informations personnelles ne sont pas toujours délivrées au moment où elles se sont réellement passées.
Il est certain que la série ne plaira pas à tout le monde. Ceux qui s’attendent à du CSI seront déçus et ceux qui aiment le sensationnalisme de Yamaska resteront sur leur faim. Pourtant, ce que j’ai le plus aimé de la série c’est qu’on mélange l’action à l’émotion. Surtout, les évènements qui composent chaque épisode s’approche du réalisme. Le spectateur n’est pas surchargé par des évènements improbables, ni des revirements dramatiques sans fin. Un équilibre est présent et donne à l’émission une touche particulière.
Par ailleurs, on ne peut passer sous silence le travail de la direction artistique. Les lieux sont très bien exploités, surtout dans les poursuites. Ils participent grandement au réalisme et à la crédibilité de la série, car ils ne présentent jamais des sorties impossibles pour le criminel ou le policier. De plus, les scènes criminelles sont très bien exécutées. On a toujours de la facilité à croire à ce qui nous est présenté et la réalisation nous épargne les détails les plus morbides. Le cœur de certains se serrera lors de passages particuliers, mais jamais on ne tombe dans l’horreur et le sanglant gratuit.
Bref, j’ai adoré cette première saison de 19-2. Je suis quelque peu déçue du nombre d’épisodes : on en présente seulement dix. D’ailleurs, le même chiffre est annoncé pour la deuxième saison. Cette série télévisée présente les clés du succès : de très bons acteurs, une excellente réalisation, un bon scénario et un équilibre entre l’action et l’émotion. Les amateurs d’action et de sensationnalisme, vous êtes cependant avertis : vous risquez de rester sur votre faim. La fin de la première saison laisse toutefois deviner un lot important d’action pour la suite. Pour ceux qui n’ont pas vu la série et également pour ceux qui désirent la revoir, Radio-Canada rediffuse la première saison à coup de deux épisodes d’ci le 28 janvier 2013. Les épisodes seront également disponibles au fur et à mesure sur tou.tv.
Une très belle découverte à faire !
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