Depuis ses premiers balbutiements en 1974 avec Black Christmas, le slasher est un genre qui ne cesse de se réinventer, tout en conservant les mêmes codes et règlements. Par exemple, ce type de film doit traiter d’un tueur, préférablement masqué, qui massacre une bande d’adolescents rebelles. À la fin du film, on rencontre généralement la final girl, bien souvent la plus pure du groupe. Celle-ci réussit habituellement à coincer notre vilain masqué, et c’est la fin. Nous avons un slasher. Mais qu’arrive-t-il lorsqu’on tente de donner une nouvelle vie au genre? En modifiant la forme, certaines règles changent elles aussi, donnant vie à quelque chose de neuf. C’est ce qui a été voulu avec la série Scream. Une belle idée, malheureusement exécutée avec peu de finesse.
L’intrigue de la série télé Scream n’est pas sans rappeler celle du film original de Wes Craven : Une bande d’adolescents, tous stéréotypés au possible, voient leur existence perturbée par l’apparition d’un tueur masqué les exterminant tous un à un à l’arme blanche. Tout le monde y est: la fille parfaite, la nymphomane, le beau sportif, la journaliste beaucoup trop impliquée dans l’affaire… Bien vite, ils comprendront que l’assassin est en réalité l’un d’entre eux, et la boucherie se transformera lentement en chasse à l’homme.

Un joli casting de jolis acteurs américains… Pouvez-vous identifier les stéréotypes?
Plusieurs facettes intéressantes du film original ont été bien reproduites dans la série (pas étonnant, puisque Craven lui-même était aux commandes de la production). Par exemple, l’aspect cynique et parodique du slasher se retrouve bien dans la série, principalement avec le personnage bien habituel du geek qui connaît tout, qui sait tout, et qui ne peut être contredit dans tout ce qui a trait à l’horreur. Les réflexions de ce personnage à propos du cinéma d’horreur, qui étaient bien senties dans le film de Wes Craven, sont toujours bien à propos dans la série, alors qu’il traite dans le premier épisode de la possibilité de transformer un slasher en série sur Netflix. Du méta, en veux-tu, en voilà. Malheureusement, dès le début du deuxième épisode, toutes nos espérances seront anéanties.
Est-ce que le passage du film à la série est une idée efficace? Toujours selon notre personnage du geek de l’horreur (ma source numéro un de références pour ce texte), l’intérêt de transformer un massacre d’adolescents d’une heure trente en… un massacre d’adolescents de dix heures… est que le spectateur pourra s’attacher aux personnages. Ainsi, ils pourront d’autant plus tenter de découvrir l’identité du tueur, et lorsqu’un membre de la bande meurt, le choc émotif sera bien plus fort. Cette supposition n’est pas fausse, puisque le nombre plutôt restreint de personnages (et donc de scènes de meurtre) nous pousse à s’y intéresser davantage. C’est donc avec de hautes attentes que nous quittons le premier épisode, prêts à revivre Game of Thrones, version slasher.

Le masque de Frissons, version 2015. Plus aérodynamique, non?
… Et dire que pourtant, tout laissait présager du bon temps! Des personnages forts et crédibles (le personnage d’Audrey, campée par la prometteuse Bex Taylor-Klaus, est le plus mémorable), des stéréotypes juste assez assumés pour qu’ils passent le test, des meurtres bien gore… Qu’est-ce qui a bien pu se passer entre le premier et le dixième épisode? Plus la série avance, plus les dialogues semblent bâclés, les situations invraisemblables, voire même risibles. C’est vrai que chaque personne a une facette sombre, mais lorsque tous les membres d’un même groupe ont flirté, de près ou de loin, avec le meurtre, on va peut-être un peu trop loin? Ce qui débutait en oeuvre de qualité pour les fans du genre se métamorphose de plus en plus en un monstre de clichés à la MTV.
Bien que le premier et le dernier épisode de la série soient plutôt réussis, tant au niveau de la réalisation que de la scénarisation (en assumant qu’une série rendant hommage à Scream soit un peu tirée par les cheveux, tant que ça reste fidèle au style), le corps-même de l’œuvre, constitué de 8 épisodes lourds et pénibles, est difficile à pardonner.
Au final, bien que l’idée de réaliser une série télé basée sur l’un des slasher les plus connus n’est pas nécessairement mauvaise en soi, que l’ambiance du film original soit respectée et que les acteurs semblent bien investis dans leur rôle, force nous est d’admettre que la majorité des épisodes auraient mérité plus de travail… Ou d’être carrément coupés.
Note aux producteurs : faire une seconde saison avec 5 épisodes au lieu de 10 coûterait forcément moins cher… en terme de financement et de temps investi par le pauvre spectateur.
https://www.youtube.com/watch?v=qP-dU21LXMw