Si je vous dis les mots gardienne et parapluie noir, une image d’un personnage mythique bien précis se forme dans votre tête. Avant la personnification de Julie Andrews, il y eut une Mary Poppins littéraire qui enchanta des milliers d’enfants à travers le monde. Parmi ceux-ci se trouvaient la frimousse du non moins célèbre Walt Disney, désireux de faire plaisir à ses filles. Les dessous périlleux ayant mené au chef d’œuvre familiale que vous connaissez aujourd’hui sont relatés dans Saving Mr.Banks, un film inégal et longuet qui permet néanmoins à l’incroyable actrice britannique Emma Thompson d’offrir l’une des meilleures performances de sa déjà grandiose carrière.
1961. Il y a déjà plus de 18 ans que Walt Disney (Tom Hanks) souhaite acquérir les droits de la franchise Mary Poppins imaginée par P.L Travers (Emma Thompson). La principale intéressée refuse catégoriquement toutes les offres de M. Disney, sous prétexte que celui-ci ajoutera futiles fioritures brillantes et ridicules chansonnettes à l’univers plus sobre de ses romans. Lors d’une ultime tentative, Disney convainc Travers de participer à la production du film. La prolifique auteure fournira les droits si et seulement si les préparatifs du projet lui plairont. Les artisans derrière Mary Poppins découvriront assez rapidement que P.L Travers n’est pas aussi facile à amadouer qu’une ribambelle d’enfants franchissant les tourniquets de Disneyland…
La reconstitution des années soixante est fort réussie. Le parallèle entre la création d’un film à cette époque et celle d’aujourd’hui fascine. Par contre, cet aspect est mal exploité. Certes, les scènes où l’on voit P.L Travers s’obstiner avec les scénaristes sur le choix de la couleur de la maison des Banks ou l’infantilisation de certaines paroles de chanson sont nombreuses et créent d’agréables revirements comiques mais quelques éléments pertinents sur la conception d’un long métrage ne sont pas au rendez-vous. Par exemple, on n’assiste à aucune répétition avec les acteurs. Les scénaristes ont préféré se concentrer sur le passé de Travers et les raisons expliquant son manque d’enthousiasme, d’abandon et de confiance. Nous avons donc droit à multiples retours en arrière qui, même s’ils s’avèrent touchants et charmants, rompent le rythme du récit. L’impression de visionner deux films en un est quelque peu dérangeante. On s’attache au sort de la famille Travers et nous voilà replongé dans le bureau de Walt Disney. Ce constant va-et-vient déroute et est mal exécuté. Ceci étant dit, le film demeure hautement divertissant et intéressant.
Tous les acteurs principaux et secondaires parviennent à tirer admirablement leur épingle du jeu. La candeur de Paul Giamatti et Jason Schwartzman font sourire. Tom Hanks incarne un Walt Disney plus que crédible et correspondant en tout point à l’image que l’on se fait de cet homme. En campant le rôle du père alcoolique de Pamela Travers, Colin Farrell épate et démontre encore une fois que son potentiel dépasse largement les rôles de bad boys. Par contre, Emma Thompson leur fait de l’ombre. Même si son personnage est antipathique aux abords, elle ne tombe jamais dans la facilité. Elle personnifie à merveille une femme brisée qui a pour seul arme sa franchise. Son jeu tout en retenue et en silences saisit et nous tire des larmes. Grâce à la magique performance de Thompson, vous n’avez pas fini d’entendre parler de Saving Mr.Banks!
Ce film est à l’affiche depuis le 20 décembre 2013.
Crédit Photos : Walt Disney Pictures Canada
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