Ralph Brise l’Internet

Le nombre de suites réellement aussi excellentes que leur prédécesseur chez Disney se veut malheureusement aussi rare que le nombre de commentaires constructifs sous une vidéo du jeu Fallout 76. Avec des films comme Cars 2, Cendrillon II et III, Bambi II, ou Pocahontas II, est-ce que la suite de Wreck-It Ralph, ce nouveau film des studios Disney, était vouée à l’échec?

Depuis que Ralph a accepté son rôle de méchant avec bonhomie et que Vanellope soit devenue la princesse de son jeu de course Sugar Rush, nos charmants personnages jouables et enjoués s’entendent maintenant comme beurre d’arachide et bacon. Lorsque le volant de l’arcade de Sugar Rush casse après un accident provoqué par Ralph, les deux nouveaux amis devront se rendre vers l’autoroute de l’information qu’on appelle désormais les internets pour y acheter un nouveau volant et ainsi sauver le jeu d’une mort imminente. Évidemment, rien n’est réellement gratuit à travers la toile et les tentations y seront aussi nombreuses qu’alléchantes. Particulièrement pour Vanellope, constamment à la recherche de nouveaux défis qui cherche de plus en plus à sortir de sa programmation routinière. Malheureusement, à travers les possibilités infinies d’internet, il y est facile de se perdre et encore plus dangereux d’y perdre une amie.

Bien qu’il utilise les codes et péripéties de tous films d’animation des studios Disney, le récit de Ralph brise l’Internet se veut étonnamment rafraîchissant en suivant dans cette suite les aventures de Ralph et Vanellope à la manière d’un road movie des plus divertissant. En enlevant notamment tout vilain classique de son histoire et en utilisant comme moteur du récit ses personnages et leurs émotions, le film réussit habilement à éviter les pièges classiques des suites redondantes et prévisibles et à développer une évolution naturelle et vraiment touchante de l’amitié entre Ralph et Vanellope. À première vue, Ralph Brise l’Internet propose une simple et charmante histoire sur l’amitié, sur la jalousie et le respect de l’autre, mais il y est particulièrement impressionnant de pouvoir y interpréter plusieurs niveaux et de voir le film traité de sujets aussi sérieux tout en demeurant aussi convivial pour toute la famille. À travers leur relation, Ralph et Vanellope apprendront souvent à leurs dépends comment maintenir une amitié saine qui n’est pas constamment centré vers soi et comment le regard des autres peut nous affecter aussi négativement que positivement. Les références, blagues et scènes d’action y sont évidemment abondantes, mais il est d’autant plus satisfaisant et charmant de voir Disney livrer encore une fois une histoire aussi universelle, subtilement complexe et créative.

À son annonce, Ralph Brise l’Internet avait tout l’air d’une autre ‘’ gimmick’’ cinématographique, à la Emoji Movie, qui voulait explorer les méandres du web pour attirer le plus de jeunes possibles. D’autant plus qu’il est pratiquement impossible d’offrir une œuvre moindrement intemporelle ou qui n’est pas immédiatement désuète en faisant autant référence au monde foisonnant et changeant qu’est internet, la suite de Wreck-It Ralph était presque déjà promise à l’échec. Or, après avoir travailler sur le premier film, puis sur l’excellent Zootopia, on peut facilement voir que le talent immense du réalisateur Rich Moore pour construire des univers riches et créatifs et surtout pertinents dans ses métaphores du le monde réel a une fois de plus porter fruit. Certaines références demeurent évidemment moins efficaces et déjà archaïques et la vision valorisante et magnifiée que le film fait de certaines pratiques de l’internet s’avère parfois discutable pour un public aussi jeune, mais il demeure impossible de ne pas prendre un plaisir fou à découvrir cet univers dévoilé à travers ses secrets et détails, sa caricature des applications, jeux et tendances sur internet. Malgré la quantité faramineuse de détails et de références, on ne perd heureusement jamais de vue le véritable enjeu du film. Même l’utilisation du site OhMyDisney, qui aurait pu être qu’un vulgaire placement de produits superficiel, se mélange au récit de manière absolument organique et créative. Marvel, Star Wars et presque toutes les propriétés de Disney y passent pratiquement, mais le meilleur moment du film survient lors de cette scène magistralement satirique où toutes les princesses Disney tentent d’aider Vanellope dans sa relation avec Ralph. À travers sa critique du caractère sexiste des princesses, ce numéro musical ironique absolument éblouissant et hilarant et leur présence tout au long du film, il serait décevant et vraiment surprenant de ne pas retrouver toutes ces princesses prochainement dans un film à la Avengers.

Dans sa version française doublée au Québec, certaines répliques et blagues souffrent malheureusement de leur traduction. Alors que plusieurs avaient salué le grand talent de John C. Reilly qui donne sa voix au personnage de Ralph en version originale, le manque d’expérience de Philippe Laprise pouvait fréquemment se faire sentir dans le premier opus, surtout en comparaison de ses collègues chevronnés. Bien que son cv ne se soit pas particulièrement enrichi depuis, on sent l’humoriste manifestement plus à l’aise dans Ralph Brise l’internet. De façon beaucoup plus authentique et crédible, il est même impressionnant d’entendre à quel point son doublage s’avère excellent autant lors des scènes plus humoristiques que celles plus touchantes. Évidemment, ses collègues Catherine Brunet (Vanellope), Benoît Brière (JeSaisTout) et Alice Pascual (Shank) brillent tous pour leur immense talent à disparaitre et à se faire oublier à travers leurs voix si singulières et colorées.

Le manque de références aux jeux vidéo rétro que le premier film avait si bien incorporer à son histoire pourrait bien sûr décevoir quelques personnes, mais Ralph Brise l’Internet réussit contre toute attente à surpasser son prédécesseur par son histoire particulièrement riche et émouvante, son mélange à toute épreuve d’action et d’humour et par son regard étonnamment inventif et sincère de nos pratiques sur Internet. En attendant la tonne de remakes plus ou moins inspirés qu’a annoncé Disney dans les années à venir, il est difficile de trouver plus divertissant et créatif.

Au cinéma depuis le 21 novembre 2018

Crédit photos : Walt Disney Québec

!!!BONUS LEVEL!!! : Le résumé du film en meme

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