Netflix frappe fort avec une nouvelle série riche autant pour son visuel attrayant que pour la performance hypnotisante d’Anya Taylor-Joy. Cette minisérie de 7 épisodes tournés vraisemblablement à la manière d’un long film frappe fort dans le monde de la série en 2020. Beth est une jeune orpheline suite à un tragique accident de voiture tuant sa mère. Elle est donc dirigée vers un orphelinat qui prendra la forme du berceau de ses envies, de ses tourments et de ses tournois! Après un examen ultra facile pour Beth, elle obtient la récompense d’aller nettoyer les brosses à tableau remplies de craie, ce qui deviendra le tremplin de la découverte de son don pour les échecs. Le concierge de la place, quelque peu misanthrope et peu bavard, vivant dans un sous-sol d’orphelinat, voit l’opportunité de sortir de son isolement lorsque la jeune Beth s’intéresse au jeu de table. Au-delà du jeu, Beth tente d’avaler sa peine et sa solitude avec des médicaments verts hallucinogènes ou… propices à la créativité! Les épisodes suivent et on laisse plutôt la place à la jeune, mais moi jeune Beth magistralement interprétée par Anya Taylor-Joy (Thoroughbreds, The Witch, Emma).
Queen’s Gambit a beaucoup à offrir. Non seulement les scènes sont très belles, mais elles sont magnifiquement filmées. La lumière est toujours au bon endroit et rend pratiquement chaque scène visuellement accrochante, sauf une scène affreuse avec le Zocalo de Mexico DF, qui est non seulement vraiment pas crédible, mais surtout étrange dans les couleurs. Les décors et les costumes sont tout autant appréciables, malgré l’abondance de motifs de papier peint. On réussit à créer un univers riche de sens et soigné jusqu’au moindre détail. Mais est-ce que Queen’s Gambit frappe aussi fort dans son contenu que dans son contenant? Heureusement, pratiquement autant. Plusieurs scènes sont magnifiquement écrites, jouées et réalisées. J’oserais même dire que le propos est très original. Malgré l’approfondissement de l’exutoire que sont les échecs, je crois tout de même que certaines sous-intrigues auraient pu être plus développées, soit son amitié avec Jolene, ses addictions, etc. La musique est aussi très bien choisie et ajoute non seulement au mystère, mais aussi à la beauté de cette série. Enfin je me demande seulement si c’est normal qu’un avion partant des États-Unis vers Moscou ait seulement 6 sièges de large?
Il serait regrettable de ne pas discuter à nouveau du grand talent d’actrice de Taylor-Joy. Elle offre une performance tout simplement renversante par ses nuances, mais aussi par son regard perçant et sa répartie. Malgré plusieurs rôles déjà à son actif, je crois que ce dernier sera probablement celui qui lui permettra de se faire connaître et de lui offrir certains des plus grands rôles des prochaines années.
Je dois avouer que la fin m’a laissé légèrement amer. Premièrement, la réaction de Borgov dans le dernier épisode m’a semblé étrange étant donné que l’on se situe en Russie dans les années 60-70 et qu’il fait face à une Américaine; c’est un peu beaucoup romancé. Cela n’enlève rien aux nombreuses qualités de cette série qui n’a pour l’instant pas de seconde saison prévue. Il ne faut jamais dire jamais, mais je crois que cette saison mérite d’être l’unique de l’histoire et d’être réécoutée de maintes fois.
Sources photos: NY Times, Vanity Fair, Boston Globe
Queen's Gambit vient de proclamer la nouvelle reine de Netflix: Anya Taylor-Joy. Elle offre une performance magistrale et donne vie à un personnage intéressant avec du caractère, de la répartie et des nuances: le tout à travers un scénario bien écrit et des plans magnifiques. Victoire!