Pompéi, ville romaine, est aujourd’hui célèbre pour la terrible tragédie l’ayant frappée en l’an 79 après J.C, alors que le volcan Vésuve est entré en irruption, ensevelissant la ville sous plusieurs mètres de sédiments volcaniques et immortalisant pour toujours les gens décédés lors de l’événement. Des visages terrifiés et des corps contorsionnés révèlent en émotion la terreur provoquée par cette catastrophe inattendue. Un homme serré contre son chien, des enfants terrifiés : autant de morts appréhendées et vécues dans l’effroi donnent à l’endroit l’ambiance d’une ville fantôme. Au cœur de cette douleur, se trouve un couple. Ils s’embrassent, se tiennent fort l’un contre l’autre. Qui étaient-ils, ces deux amoureux éternels? L’histoire ne peut répondre à cette question. Par contre, touché par la tendresse de cette statue de cendres, le réalisateur Paul W.S Anderson tente de répondre à cette question, au cœur de son nouveau long métrage au titre court mais efficace : Pompéi.
Milo, un esclave utilisé à titre de gladiateur entre Londres et Rome, se retrouve un jour devant l’obligation de tenir des combats dans la ville de Pompéi, pour le plaisir de ses habitants en quête de batailles sanglantes. De quelques coups d’œil bien lancés, il tombe sous le charme de Cassia, fille du maire de la cité romaine, promise à un influent sénateur de Rome. Alors que le volcan, en secret, commence à gronder, une histoire se tisse entre les différents personnages, pour donner place à un récit sur la famille, l’amour et l’amitié, tant de valeurs qui permettent d’affronter ensemble la peur d’une mort imminente.
Les amoureux des Tudors et des Borgia seront ravis : le film adopte le même genre d’esthétique et d’intensité, offrant un récit auquel il est difficile de résister. Bien que le tout tienne en une fiction, il est senti qu’un grand respect de l’histoire a su prendre sa place dans le processus de création de ce long métrage, ressenti entre autres par les magnifiques reconstitutions présentées par des plans en vue aérienne qui savent se faire savoureux. L’entièreté de l’œuvre est vraisemblable et intrigante, offrant une œuvre qui saura plaire aux fans d’action et aux accros d’histoire.
Malheureusement, les personnages ne sont pas exceptionnels. On sent l’inspiration des célèbres Roméo et Juliette, nous retrouvant plongés dans une histoire aux amours impossibles et tragiques. Autant Milo et Cassia, interprétés par Kit Harington et Emily Browning, que les personnages qui les entourent, sont d’une simplicité un peu décevante. Malgré tout, Pompéi n’en souffre pas trop: le tout reste réaliste et s’éloigne considérablement des films à l’eau de rose, ce qui se veut rassurant. Le regard porté sur l’action se fait neutre et se concentre tant sur les relations développées par les personnages que par la tragédie qu’ils s’apprêtent à vivre. Définitivement, tout a été dosé savamment par une équipe soucieuse de rendre hommage à cette ville à l’histoire on ne peut plus touchante.
Plus le film avance et plus la lumière change. Des cendres commencent doucement à envahir l’écran et tranquillement, on sent le ciel devenir plus orangé. En fait, le volcan de Vésuve se veut un personnage à lui seul : on ouvre le film sur lui, alors qu’il commence doucement à gronder, et on le termine sur son rugissement mortel. Le spectateur sait avant les personnages ce qui se trame dans le ventre de la bête, et cette tension est ressentie tout au long du film, créant un suspense assez impressionnant. Le 3D, par ailleurs, est manié avec assez de justesse pour rendre tangible l’irruption volcanique mais à la fois assez délicat pour ne pas embêter le spectateur. C’est un bel ajout qui permet aux uns de se sentir impliqués dans ce récit et aux autres de ne pas être agressés par l’utilisation de cette technologie, qui rend plutôt vivant et présent l’immense volcan qui surplombe la petite Pompéi.
Enfin, s’il est une chose à dire sur ce film, c’est qu’il surprend. La trame s’éloigne des clichés dans lesquels il aurait été facile de tomber, malgré quelques faux pas bien sentis, mais le tout reste intelligent et intriguant. La réalité de la tragédie n’est pas adoucie, au contraire, se faisant même assez difficile à supporter. Au travers des flammes et des cendres nait une histoire qu’il fait bon connaitre, une victoire du bien contre le mal. Car même si le feu a su avoir raison sur beaucoup, il n’a pas réussi à briser la preuve ultime de la vie, ce baiser partagé qui traverse les âges et qui ne s’est toujours pas terminé.
Le film sera partout en salles au Québec le 21 février 2014
Crédit Photos: Les Films Séville
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