Réglons d’abord une chose: Oculus n’est pas un film d’épouvante. Du moins, ça ne semble pas avoir été son intention initiale. Parce que l’œuvre de Mike Flanagan, de prime abord, est surtout une sorte de thriller psychologique où la forme est constamment manipulée, tordue et pliée, afin de jouer avec l’esprit et les attentes du spectateur. Un exercice fort intéressant auquel on lui a infligé quelques jump scares obligés et risibles ainsi que de sinistres images pas si lugubres que ça. Dans quel but, alors? Pour simplement attirer les mordus du genre? Hmmm…
Kaylie renoue avec Tim, son jeune frère, libéré après onze ans de détention dans un centre psychiatrique. Enfant, celui-ci avait été reconnu coupable du meurtre de leur père, survenu dans de mystérieuses circonstances. Kaylie, elle, a toujours cru à l’innocence de Tim. Elle convainc son frère de retourner sur les lieux du crime pour éclaircir les événements dramatiques qui s’y sont déroulés lorsqu’ils étaient enfants. Disposant d’un attirail d’appareils d’enregistrement dispersés dans la maison familiale, Kaylie veut prouver que le responsable de tous leurs malheurs est un miroir antique possédé. Malgré le scepticisme de Tim, des événements paranormaux commencent à se manifester et leur font revivre des moments douloureux.
Si la prémisse d’Oculus peut paraître tout droit sortie d’un épisode plat de Tales from the Crypt, elle est bien plus étonnante et bouleversante que ce qu’elle laisse d’abord paraître. L’œuvre alterne donc entre deux époques et, grâce à un montage sans couture, arrive de façon ingénieuse à expliquer certaines scènes qui auraient précédemment pu sembler étranges, afin que le tout devienne uniforme. Pas nécessairement une manipulation des codes du genre, mais tout simplement une fichu bonne relecture.
Mais force est d’admettre que cette histoire de miroir hanté (qui a d’ailleurs tout pour rejoindre le grimoire de The Evil Dead et la boite de Hellraiser au rang d’objets iconiques du cinéma horrifique) capable d’alterner la réalité ne fonctionnerait tout simplement pas si celle-ci n’était pas portée par des comédiens de talent. Heureusement, tous s’avèrent excellents et l’on prend un véritable plaisir à voir les comédiens remettre en question les étranges événements dont ils sont témoins, tout comme le spectateur, d’ailleurs. Les acteurs plus jeunes d’une onzaine d’années sont également très bons. Outre leur ressemblance physique à leur homologue, ceux-ci arrivent à parfaitement répliquer leur personnalité ainsi que leur style de jeu, rendant ainsi les transitions entre le passé et le présent encore plus réussies.
Cependant, certains éléments s’avèrent redondants, forcés et agaçants. Voir une famille plonger dans les abysses de la décadence est, en soi, une chose déjà assez effrayante. Les divers sursauts aux sons de violons criards lancés par le cinéaste nous apparaissent donc comme simplement inutiles et ne servant qu’à convaincre le cinéphile le plus « geek » du genre que le prix surélevé pour entrer dans le cinéma était parfaitement justifié. Les moments un peu plus gores, eux, fonctionnent beaucoup mieux, puisque, encore une fois, ils sont causés par des personnages inconscients des mutilations qu’ils s’infligent. Certains sont plus télégraphiés, mais d’autres, dont une morsure à pleines dents dans une ampoule incandescente, sont absolument hérissants.
Au final, Oculus est un film dont l’aspect psychologique est beaucoup plus efficace que son côté horrifique et qui, espérons-le, charmera ceux qui voient les films d’horreur comme de véritables farces cinématographiques.
Crédits Photos: VVS Films