Transposer un jeu vidéo sur grand écran, je n’en doute pas, n’est probablement pas la chose la plus facile au monde. Lorsque l’on veut adapter une expérience vidéoludique d’environ 12h pour le cinéma, nécessairement, des coupures sont obligatoires. Que ce soit dans la trame narrative, dans le développement des personnages ou encore dans la réalisation des scènes d’action, des sacrifices doivent être faits. Cependant, lorsqu’il est question d’une adaptation de Need for Speed, franchise créée dans les années 90 par Electronic Arts où le seul but du jeu est d’échapper aux flics lors de rapides poursuites à bord de bolides de course, il me semble qu’on bénéficie d’une plus grande liberté scénaristique… Non?
Suite au décès de son père, Tobey Marshall a décidé de s’occuper de l’atelier de mécanique familial. Pilote, il prend souvent part à des courses illégales sur les routes de sa ville natale. Lorsque Dino, une vieille connaissance, refait surface et propose à Tobey une course à trois, cette dernière tourne mal et condamne le jeune homme à deux ans en prison. Après avoir purgé sa peine, Tobey est déterminé à prendre sa revanche…
L’aspect le plus décevant de Need for Speed : son scénario ultra-cliché, conventionnel et fade à souhait. Le hic avec la plupart des adaptations de jeux vidéos au cinéma est que ceux-ci possèdent très souvent une mythologie assez large qu’il est presque impossible de traduire sur pellicule sans choquer les fans de la première heure. Cependant, s’il avait bénéficié de scénaristes plus compétents, Scott Waugh aurait pu nous offrir un film d’action aux enjeux dramatiques bien réels et forts efficaces (eh oui, c’est possible). Qui sait, Need for Speed aurait peut-être été le Rush de 2014… D’autant plus que le film emprunte des raccourcis tellement évidents, ce qui cause d’incroyables incohérences scénaristiques. D’accord, c’est un film de course, mais rien ne nous empêche de s’arrêter un peu afin d’expliquer quelques détails. Toutefois, ça, c’est bien moins amusant que de faire flipper des chars.
N’empêche que, très franchement, les performances offertes par les comédiens sont loin d’être médiocres. Chacun donne tout ce qu’il a. Quiconque a vu ne serait-ce qu’un seul épisode de Breaking Bad sait à quel point Aaron Paul est un acteur de talent et, ici, il s’acquitte de sa tâche d’incarner le héros rebelle de façon tout à fait adéquate. Celui-ci partage également une très bonne chimie avec la charmante Imogen Poots dont le personnage est probablement le plus tridimensionnel de tout le film. Dominic Cooper, quant à lui, incarne une peste des plus détestables dans le rôle de Dino Brewster. Étrangement, on a l’impression que Paul aurait beaucoup mieux fonctionné dans le rôle de l’antagoniste; son look et sa voix grave lui offrant une présence intimidante. Les personnages secondaires s’avèrent inutiles, puisqu’ils ne font qu’apporter une dose d’humour risible.
Malgré tout, si on regarde Need for Speed, c’est pour voir de la ferraille exploser et on est royalement servi. Ancien cascadeur, Scott Waugh a décidé que les divers cataractes seraient effectuées à l’aide de véritables voitures. Ainsi, les effets visuels réalisés à l’ordinateur se font très discrets, ce qui fonctionne pour le mieux. Ainsi, le réalisateur offre à ses scènes de course un certain sentiment de danger. Oui, on sait que le protagoniste triomphera ultimement du méchant à la fin, mais n’en demeure pas moins que les divers carambolages s’avèrent foutrement brutaux et à la limite de l’effrayant.
Pourtant, Need for Speed n’arrive jamais à s’élever au rang de « bon » film. Encore une fois, c’est le scénario chaotique et répétitif qui vient gâcher l’ensemble qui, jusqu’à maintenant, demeurait correct sans plus.
Crédits Photos: Walt Disney Pictures