À 38 ans, Luke Scott suit les traces de son père Ridley (The Martian, Gladiator) en réalisant Morgan, un premier long-métrage mêlant science-fiction et horreur qui, malgré quelques failles scénaristiques, laisse entrevoir un potentiel prometteur.
Souhaitant visiblement s’inscrire dans le renouveau du genre brillamment mis en place par Ex Machina, Morgan présente une intelligence artificielle du nom de Morgan (terrifiante Anya Taylor-Joy). Vivant isolée en forêt en compagnie des scientifiques qui l’a créé et qui veillent à son développement comportemental, Morgan, du haut de ses 5 ans dans un corps d’adolescente, apprivoise maladroitement toutes ses capacités physiques et cérébrales. Un jour où elle ne parvient à contrôler son identité émotionnelle, Morgan poignarde un membre de sa »famille ». Pour éviter de futurs dérapages, la compagnie qui finance les recherches envoie sur les lieux Lee Weathers (saisissante Rooney Mara), une experte en gestion de crise. Maintenant barricadée, Morgan doit empêcher Lee d’exécuter les ordres reçus: l’éliminer.
Surplombé d’images léchées aux teintes sombres et d’une musique branchée, l’oeuvre prend agréablement son temps pour instaurer un climat froid et inquiétant qui colle parfaitement à la nature du film. De plus en plus intrigant de minute en minute grâce à une installation équilibrée des divers motifs des personnages, la trame narrative soulève des thématiques fascinantes mais leur réserve un traitement purement superficiel. Omis une finale habilement surprenante, l’histoire s’embourbe dans une logique d’usage franchement irritante : l’entité ,dont l’étendue des pouvoirs phénoménaux demeure insoupçonnée, DOIT impérativement se transformer en une machine à tuer pour symboliser son imprévisibilité et ses limites. Correspondant à l’ABC des films d’horreur en trois actes, le film s’attarde longuement et inutilement sur l’attachement affectif ressenti à l’égard de Morgan (considérée comme une fille aux yeux de ses opérateurs, et comme une expérience de laboratoire pour Lee) au lieu d’aborder avec audace les dangers et découvertes révolutionnaires reliés aux avancements de la technologie moderne. La scène d’intervention entre Morgan et le Dr.Shapiro (malheureusement interchangeable Paul Giamatti) explore des avenues moins clichées, mais c’est loin d’être suffisant.
Ceci dit, sur le plan de l’exécution, Luke Scott prouve qu’il a bien fait ses devoirs auprès du maître. Le potentiel du cinéaste réside principalement dans sa capacité à rendre les affrontements sanglants à la fois captivants et aussi mécaniques que le propos du film. La beauté impeccable dans lequel prennent vie les combats confère à l’ensemble une ambiance lugubre invitante bien rehaussée par l’intensité des mélodies orchestrées par Robert Ziegler .
Certes pas assez inventif considérant les sujets qu’il propose, Morgan réussit néanmoins à divertir, spécialement pour son esthétique ultra-moderne et le jeu savamment calculé de Kate Mara et Anya Taylor-Joy.
Le film est à l’affiche dans sa version originale anglaise depuis le 2 septembre 2016.
Crédits Photos : 20th Century FOX