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Moonlight

Par Marie-Claude Lessard · Le 10/03/2017

Pour la plupart des gens, la première chose qui leur viendra à l’esprit en repensant à la quatre-vingt-neuvième cérémonie des Oscars qui a eu lieu le 26 février 2017 sera le problème d’enveloppe qui a mené à la victoire accidentelle de La La Land alors que Moonlight s’avérait le véritable vainqueur. Cette bourde monumentale commise par la compagnie Pricewaterhouse Coopers a malheureusement jeté de l’ombre sur le couronnement du film de Barry Jenkins qui, il ne faut surtout pas l’oublier, est passé dans l’histoire des Oscars en étant la première oeuvre mettant en scène un personnage principal de race noire homosexuel à être sacrée meilleur film. Tout aussi poétique et romantique que son titre, Moonlight mérite les multiples éloges qu’il a reçus au cours des derniers mois, et pas seulement à cause des réalités méconnues qu’il dépeint.

Ayant comme point de départ le projet scolaire à saveur autobiographique In Moonlight, Black Boys Look Blue du dramaturge Tarell Alvin McCraney, le scénario oscarisé  de Moonlight , écrit par Barry Jenkins et Tarell Alvin McCraney, se fait un point d’honneur d’aborder sans complaisance le quotidien dans un ghetto noir contrôlé principalement par la drogue. Séparé en trois chapitres intitulés Little, Chiron et Black, le long-métrage retrace l’enfance, l’adolescence et le passage à l’âge adulte de Chiron (respectivement interprété par Alex Hibbert, Ashton Sanders et Trevante Rhodes). Élevé par une mère toxicomane (Naomie Harris), Chiron se lie d’amitié avec Juan (Mahershala Ali), un revendeur de drogue, et sa femme Teresa (Janelle Monae) qui deviennent en quelque sorte sa véritable famille. Une série d’événements invite tristement le timide Chiron à venir à la conclusion qu’il n’a pas le choix de refouler son homosexualité et se conformer à son milieu où la masculinité rime uniquement avec virilité.

La traduction française du titre, Moonlight : L’histoire d’une vie, indique parfaitement l’idée maîtresse derrière l’oeuvre. Une vie de misère où les petites joies et les grandes peines du quotidien prennent des proportions spectaculaires. Une vie où la drogue et les bums avec des dents en or font la loi. Une vie dans laquelle Chiron, perdu et réservé, ne se reconnait pas. Apeuré par le jugement et la violence des autres, il refuse de se marginaliser, de revendiquer sa véritable identité. Confus par ses désirs homosexuels dont personne de son entourage (personnel et scolaire) n’aborde, il prétend appartenir à ce monde qui ne cherche aucunement à le rassurer ou l’accepter tel qu’il est.

Ce récit cruellement vrai pour toutes les races vivant sur Terre jouit d’un traitement étonnamment doux qui ne sublime toutefois pas la réalité. Mélangeant des teintes sombres et pastels, la direction de la photographie rehausse les simples mais déterminants moments de la vie comme une baignade ou la première relation amoureuse, surtout vus par l’entremise d’un enfant pauvre en quête d’affection. Les spectateurs ne peuvent faire autrement que de  sentir déstabilisés en recevant ces instants.

Moonlight bouleverse par sa vérité et sa poésie du quotidien. Il attaque sans censure la peur d’affirmer sa véritable nature, la toxicomanie, l’univers lourd des revendeurs et l’importance du sentiment d’appartenance familiale. Les personnages n’aspirent qu’à une parcelle de bonheur, et c’est exactement pourquoi on s’identifie et on s’attache à eux malgré les gestes immoraux qu’ils posent pour survivre au lieu de tenter, même si c’est plus ardu que de nourrir un ménage de six avec un seul salaire minimum, de vivre selon leurs convictions profondes. Seule Teresa, incarnée avec panache et sensibilité par Janelle Monae, parvient à s’accrocher à ses valeurs pour l’aider à traverses les épreuves.

De son côté, Juan essaie de se donner bonne conscience en devenant un père de substitution pour Chiron. D’ailleurs, ce rôle humainement imparfait a valu à son interprète, Mahershala Ali, un Oscar pour le meilleur acteur de soutien, le premier remporté par un acteur musulman. Les artistes personnifiant Chiron se tirent très bien d’affaire, réussissant à rendre palpable l’évolution psychologique (ou dévolution, c’est selon) du personnage. Dans la peau de la mère junkie, Naomie Harris évite le cabotinage dans sa manière de livrer les gestes et réactions reliés à cette addiction.

Jenkins exploite avec discernement le silence afin qu’il se métamorphose en un protagoniste essentiel. Habile directeur de comédiens, il immortalise sans artifices dans sa caméra des regards empreints de sincérité, d’empathie et d’amour qui frappent en plein cœur. Lors de judicieux instants, la magnifique trame sonore de Nicholas Britell rehausse le niveau de scènes qui seront sans doute visionnées dans des cours de cinéma , surtout le dialogue final entre Chiron et un ancien ami d’enfance. Cette conclusion illustre à merveille la force première de Moonlight : donner l’impression aux spectateurs qu’ils sont voyeurs, qu’ils ne font pas seulement assister à une fiction largement influencée par le documentaire, mais qu’ils y participent.

Ce film est disponible en DVD et Blu-Ray depuis le 28 février 2016

Crédits Photos : Google Images

Moonlight
Marie-Claude Lessard
10/03/2017
8/10
8 Note finale

Réalisation
7.5
Scénarisation
7.5
Distribution
8

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Marie-Claude Lessard

Marie-Claude est une grande amoureuse du septième art, dont l'affection se traduit dans chacune de ses critiques. Elle considère tout autant les blockbusters que les films à petits budgets et ne porte aucun, sinon peu, de préjugés envers une oeuvre cinématographique.Laissez-vous guider par ses instincts qui dénichent toujours de petits bijoux !

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