Depuis les cinq dernières années, les films d’animation de Disney tendent à délaisser les trames narratives traditionnelles pour présenter des intrigues qui brisent le mur des conventions. Ainsi, les princesses n’attendent plus patiemment le prince charmant pour définir leur existence et changer le monde. Les héroïnes démontrent une force de caractère inspirante. Le nouveau venu Moana surfe avec aise sur cette voie, proposant une histoire touchante truffée d’humour, de charme et de chansons accrocheuses.
Librement basé sur la légende de Maui, un demi-dieu couvert de tatouages qui attrape îles et soleil, le film suit le destin de l’adolescente Moana (Auli’i Cravahlo) qui, depuis son tout jeune âge, sent que l’océan lui parle et la supplie de voguer sur ses eaux sans savoir pourquoi. Or, elle ne peut s’aventurer plus loin que le récif car son père, le chef de leur peuple, tient à la protéger des dangers. Alors que les paniers de poissons ne se remplissent plus et que les noix de coco moisissent, Tala, la grand-mère de Moana, lui raconte que la déesse de la nature, Ta Fiti , a vu son coeur (une pierre verte) être volée par Maui (Dwayne Johnson). Depuis ce temps, une peste envahit les îles une à une. Pour conjurer le sort, Moana désobéit à son père et navigue au-delà du récif. Elle part à la recherche de Maui afin que ce dernier répare ses erreurs auprès de Ta Fiti.
Le célèbre studio, qui signe ici son cinquante-sixième film animé, pousse les critiques à louanger encore et encore les qualités visuelles de leurs productions. Vanter les mérites esthétiques d’une technologie virtuelle devient redondant mais inévitable tellement Moana surpasse les attentes à ce chapitre. Les couleurs éblouissent. Les textures, spécialement l’exactitude de l’eau et les cheveux, impressionnent. À chaque film, les dessins se rapprochent plus en plus près de la réalité, ça en fait presque peur!
L’absence de romance réjouit. Les traits physiques plus proportionnels et réalistes de Moana s’avèrent également rafraichissants. Ceci dit, le scénario n’échappe pas à certains clichés et à une finale prévisible. La plupart des blagues reposent essentiellement sur un humour slapstick rapidement lassant. L’animal de compagnie de Moana, le craintif et écervelé poulet Heihei, fait une chute et piaille à pratiquement chacune de ses interventions. C’est drôle pour les enfants, mais les adultes auraient mérité des répliques et des référents plus mordants.
Évidemment, comme dans tout bon film de Disney qui se respecte, la trame narrative renferme des valeurs. Cette fois-ci, Ron Clements et Jared Bush soulignent l’importance de rester soi-même, de ne pas se définir uniquement par les actions posées et par le regard des autres. Des messages primordiaux, certes, mais ils ne percutent pas autant que la fable sur la tolérance dépeinte dans Zootopia. Dans les rôles principaux, Auli’i Cravahlo et Dwayne Johnson effectuent des performances fort admirables. Cravahlo pétille de bonheur et nuance habilement les émotions que vit son personnage. De son côté. Johnson s’avère magnétique et hilarant. On peut dire que l’ancien lutteur fait honneur à son nom de scène en affichant un talent pour le jeu extrêmement solide (comme le roc !).
Plusieurs chansons se fraient un chemin étonnament pertinent dans l’oeuvre. Véritables vers d’oreille, elles donnent envie de taper du pied et de se lever d’un bon de notre siège pour danser. Elles proposent toutes des mélodies différentes. Celle qui risque de créer le plus de vagues est sans contredit How far I’ll go, interprétée par Cravahlo dans le film et par la jeune sensation canadienne Alessia Cara au générique de fin. Gageons que la pièce connaitra un succès aussi fulgurant que la fameuse Let it go, et pas seulement parce qu’elles se terminent par le même mot!
Ce film est à l’affiche depuis le 23 novembre 2016.
Crédits Photos : Disney Pictures