Depuis le 9 septembre 1986, date qui correspond à la diffusion du premier épisode de Lance et compte, la télévision québécoise tend à se surpasser, par l’entremise, entre autres, des différentes téléséries qu’elle nous propose chaque année. Avec Lance et compte arrive à la télévision l’œil cinématographique. Se succèdent au cours des années qui suivent un nombre incalculable de nouvelles créations d’ici et pour ici, qui cherchent toutes à laisser leur marque, trouver leur style : marquer l’histoire. L’une de ces séries, laquelle est actuellement en vogue, semble elle aussi chercher ce petit quelque chose qui saura la démarquer de ses prédécesseurs. Cet objet télévisuel se nomme Mémoires vives et est diffusé sur les ondes d’Ici Radio-Canada Télé.
Les images servant de prémisse à Mémoires vives, diffusées largement avant la première saison, nous présentaient un suspense intéressant, mettant en vedette la disparition d’une jeune fille, Laurie, survenue il y a de cela 30 ans. Il était sous-entendu que des nouvelles victimes commençaient également à disparaitre, le kidnappeur ayant décidé de récidiver. Le tout sur un ton un peu sombre, pour un résultat des plus punchés.
Malheureusement, après quelques épisodes seulement, cette ambiance s’est rapidement vue relayée au second plan, permettant plutôt à des thèmes jusqu’alors secondaires de prendre toute la place. La disparition de la jeune Laurie s’est vue remplacée par les histoires de cœur de son père. Interprété par Gilles Renaud, le docteur Berthier se veut un homme dans la soixantaine avancée, mais faisant fondre tous les cœurs, même ceux d’à peine 25 ans. Ses conquêtes s’enchainent, se complexifient, et il se révèle de son entourage un nombre incalculable de secrets toujours un peu plus tirés par les cheveux que les précédents. À la fin de la première saison ressurgit le cas de Laurie, question de clore le tout sur quelques détails du thème principal, englobé par un immense fleuve de romances et de secrets encore non-élucidés.
Il est plutôt dommage de sentir un scénario à la base si puissant devenir quelque chose de mou et de cliché. C’est malheureusement le cas de cette série. L’aspect plus sombre, policier, a été remplacé par de l’eau de rose qui sent tellement fort qu’elle pue vite au nez. Ceux qui aiment les drames sentimentaux seront malgré tout bien servis. Le tout se fait bien ficelé, même si à des kilomètres de l’idée originale.
Qui dit scénario tiré par les cheveux dit performances qui doivent savoir rendre le tout crédible. Il faut attribuer ceci à Mémoires vives : les acteurs qui donnent vie à cette série savent le faire avec brio. Les personnages sont d’une belle complexité, et le spectateur connait chacune de leurs facettes bien rapidement. Même au cours de la deuxième saison, laquelle joue actuellement, chacun reste fidèle à ce qu’il est et ce qu’il a vécu jusqu’alors.
Mémoires vives risque de ne pas faire trop de bruit dans le monde de la télévision. Ma boule de cristal lui prédit encore quelques saisons à venir et de bonnes cotes d’écoute, mais sans plus. C’est dommage, puisque si assumée, l’idée de cette série aurait pu faire beaucoup de bruit, dénoncer et marquer, elle aussi, le monde de la télévision. Le facile l’emporte une fois de plus sur l’originalité. C’est ça, à mon avis, le plus grand drame de ce projet télévisuel.
La série est diffusée depuis le 8 janvier 2013 sur les ondes d’Ici Radio-Canada Télé.
Crédit Photos: Google Images
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