En 2011, l’actrice et réalisatrice française Valérie Donzelli s’est fait remarquer par la critique grâce à son film La guerre est déclarée. Cette année, elle remet ça avec Main dans la main, une dramédie romantique particulière qui combine d’une manière inusitée danse et magie.
Valérie Lemercier (Palais Royal!) incarne Hélène Marchal, une célibataire indépendante dans la quarantaine qui dirige l’école de danse de l’Opéra Garnier. Joachim Fox (Jérémie Elkaim, Polisse), jeune miroitier nonchalant passionnée de danse, répare une fenêtre dans l’un des locaux de mademoiselle Marchal. Un regard. Un baiser. C’est le coup de foudre total ; ils deviennent inséparables. Détrompez-vous immédiatement ; ceci n’est pas l’adaptation cinématographique de la chanson Sk8ter boy d’Avril Lavigne ou une reconstitution française d’un Step Up. Bien sûr, une complicité amoureuse nait entre les deux protagonistes, mais la majeure différence réside dans le fait que Joachim et Hélène sont inséparables littéralement. Ils copient les gestes de l’autre constamment. Si l’un se brosse les dents, l’autre doit faire pareil instantanément. Ces actions posées en dépit de leur volonté donnent lieu à des situations loquaces et embarrassantes.
Lorsque deux êtres tombent amoureux, ils entretiennent un désir physique et viscéral de tout partager et tout faire ensemble. Devenir qu’une seule et même personne. Que le tandem Donzelli-Elkaim prenne cette allégation au pied de la lettre pour bâtir un scénario est, sur papier, une idée géniale. Dans les faits, la concrétisation l’est un peu moins. La maladroite introduction du ‘’sort’’ infligeant Joaquim et Hélène ne permet pas au spectateur de comprendre l’origine de cette supposée malédiction et son véritable but dans le bon fonctionnement de la progression du récit. La prémisse du script, bien que propice à des moments attendrissants absolument charmants et rigolos, déborde de contradictions que même une panoplie de répliques savoureuses et porteuses de réflexions ne parvient à faire oublier. Le choix narratif (les protagonistes narrent à tour de rôle l’histoire de l’autre) s’avère tout aussi nébuleux et crée un sentiment d’antipathie envers les personnages.
Malgré un petit côté kitch non-subtil qui oblige au spectateur de conserver une triste distance affective avec Joachim et Hélène, la scène où ils consument leur amour à l’aide de didascalies (Je lui embrasse le cou. Elle m’embrasse le cou.) souligne l’indéniable talent de réalisatrice de Valérie Donzelli. Les plans, la direction photo et les décisions artistiques audacieuses servent le sujet du film au lieu de le dénaturaliser avec des fioritures anodines.
L ’histoire est centrée sur le balbutiement d’une relation amoureuse prenant racine dans le passionnant ludique, tumultueux et douloureux monde de la danse (et son mélange de genres). Par chance, Donzelli et Elkaim évitent d’être complaisants avec ce thème ; ils offrent plutôt un vibrant et sincère hommage aux vertus de défoulement que procure la danse. En ce sens, chapeau à Valérie Lemercier et Jérémie Elkaim pour être aussi magnifiquement synchronisés chorégraphiquement parlant.
Les efficaces performances des acteurs, autant principaux que secondaires, permettent parfois d’insuffler un peu de rythme à des scènes chancelantes et ennuyeuses. Dans la peau de Véro, la pétillante sœur de Joaquim, Valérie Donzelli exécute un parfaite dosage d’humour bon enfant et d’honnêteté émouvante. Il en va de même pour Béatrice de Stael, l’interprète de Constance de La Porte, camarade de travail et meilleure amie d’Hélène. La belle gueule de Jérémie Elkaim est attachante et empathique. Ceci étant dit, c’est Valérie Lemercier qui vole la vedette. Davantage reconnue pour ses rôles comiques de femmes frustrées, elle impose ici un côté plus sobre, sombre et sérieux qui la rend étrangement resplendissante. Un contexte plus dramatique aurait probablement permis à sa performance d’attirer l’attention des médias. Espérons que ce n’est que partie remise… La chimie entre Lemercier et Elkaim est crédible, authentique et sensible. Si le film avait été volontairement et résolument mélodramatique, ils auraient assurément fait des flammèches!
Quoique certains choix soient boiteux et discutables, notamment au niveau de la narration, on ne peut que louanger le désir de Valérie Donzelli et Jérémie Elkaim d’essayer des choses et de ne pas se conformer à des clichés inoffensifs et fructueux. S’ils continuent sur cette lancée, leurs prochaines collaborations risquent de devenir de plus en plus mémorables et remarquées. Main dans la main était à quelques failles près de l’être…
Ce film est disponible en DVD et Blu-Ray depuis le 12 novembre 2013.
Crédit Photos : Google Images
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