Luc Besson avait de grands projets pour la saison estivale 2014 : prendre d’assaut le marché hollywoodien. Audacieux ce cher français, lui qui ne semblait plus savoir comment s’y prendre pour (re)conquérir le public. Inutile de se faire des cachettes, ce n’est pas avec 3 Days to Kill que le cinéaste aura réussi à faire honneur à sa réputation et redorer son image… qui s’est déjà mieux portée! Il semblerait pourtant que Besson n’avait pas dit son dernier mot. En effet, ce dernier a miraculeusement réussi à se tailler une place de choix au sein du box-office américain avec Lucy, son tout dernier long-métrage. Le nouveau blockbuster a déjà rentabilisé ses coûts de production avec plus 45 millions de recettes. Évidemment, de bonnes recettes ne sont pas toujours gage d’excellence dans le monde luxueux d’Hollywood.
Avec ce tout nouveau missile cinématographique, Besson offre au public un mélange explosif de suspense, d’action et de science-fiction. La charmante Scarlett Johansson y incarne le personnage principal, Lucy, qui se voit prise au piège par la mafia coréenne. La jeune femme devient bien malgré elle un vulgaire outil de transport d’une toute nouvelle drogue synthétique. L’opération tourne rapidement au cauchemar alors que la substance, dissimulée à l’intérieur de son abdomen, s’infiltre dans le reste de son corps. Lucy frôle ainsi la mort pour finalement bénéficier de toutes nouvelles capacités cérébrales. L’humain n’utiliserait que 10% de ces dernières… mais qu’adviendrait-il s’il parvenait à utiliser pleinement ce que le cerveau est en mesure d’accomplir?
Certes, la thématique de l’évolution des cellules et de l’individu est savamment introduite en première partie du film. Un petit montage entrecoupé d’images, une approche distincte, un peu incohérente, mais tout de même intéressante jusque là. De la science-fiction basée sur un concept fondamental et qui éveille chez le spectateur un questionnement, pourquoi pas? Le réalisateur offre en prime des scènes de combat à l’asiatique, une sublime Américaine qui anéantit tous les petits Coréens qui croisent son passage… et Morgan Freeman. Merveilleux ! C’est un peu plus tard que le cocktail se gâche alors que Besson semble être en transe. Littéralement. La conclusion, plutôt prématurée, est tout simplement déconnectée du reste du récit et affaiblit Lucy, qui connaissait pourtant un bon départ.
Heureusement, Lucy ne se compose pas seulement d’un récit sévèrement douteux. Elle a tout de même quelques qualités ! Le réalisateur s’est intelligemment doté de Scarlett Johansson, qui offre une très bonne performance, malgré l’attitude robotique commandée par le rôle. Elle participe élégamment au divertissement offert par le long-métrage français. Il faut le reconnaître, c’est tout un divertissement qui est livré au spectateur, mais encore faut-il adhérer au propos et à l’univers inusité de Besson. Entre l’attaque au couteau oh combien originale (!) et le voyage quasi intergalactique de Lucy, il semble y avoir eu un léger court-circuit. Trop d’idées, trop de styles empruntées alors qu’un seul aurait gagné à être employé et raffiné. Loin d’être désagréable avec ses maigres 90 minutes, Lucy est malheureusement un tantinet (traduction : grossièrement) décousu. Assurément, Luc Besson marque ici quelques points, mais devra remporter plus d’une manche pour reconquérir le public !
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