En 2014, le premier film des Tortues Ninja avait eu un succès immense malgré les critiques très assassines. Probablement empreint d’une magique nostalgie, le public semblait oublier alors toute la hargne qu’il avait eue en voyant dans la bande-annonce le look très rébarbatif des tortues et le nom de l’infâme Michael Bay et de Megan Fox. Pour être certain d’attirer une deuxième fois les vieux enfants de la première heure, on a décidé d’apporter l’artillerie lourde pour la suite : Rocksteady, Bebop, Krang et nul autre que Casey Jones. (non, ce n’est pas les membres d’un groupe de hip-hop) Encore une fois, malgré les nombreux défauts du premier film, j’attendais Out of the Shadows avec un bō et un fanal.
Dans le film de Jonathan Liebesman, on avait voulu faire de Leo, Donny, Mickey et Raph des superhéros colorés dans un univers plus sombre, moderne et complexe. Ceux qui ont vu les dessins animés et les premiers films savaient à quel point le contraste était maladroit. Doté d’une histoire complètement invraisemblable et d’un arsenal de personnages probablement créé sur l’opium, l’univers des tortues ninja ne collait pas vraiment à l’approche « Dark Knight« . Cette fois-ci, même si l’on semble presque oublier que des adultes iront voir ce film, le nouveau réalisateur Dave Green assume complètement le côté très enfantin et absurde de ses personnages.
Probablement copié directement d’un épisode du dessin animé de 1987, le scénario de Out of the Shadows ne pourrait être plus immature. Après son évasion de prison, Shredder associe ses forces à celles d’un savant fou, Baxter Stockman et de ses deux hommes de main nouvellement transformés, Bebop et Rocksteady. Un plan diaboliquement simple est alors lancé; régner sur le monde entier. Pour se faire, Shredder et son clan de la savate (ils sont enfin devenus des ninjas) devront retrouver à travers New York les pièces d’un téléporteur et ainsi téléporter le méchant Krang (qui est, comment dire, « dégueulassement » réussi). Pendant ce temps-là, même routine : les tortues ninja forment une famille, Raph se fâche, la famille se sépare, April est trop curieuse, Casey Jones s’en mêle, rien ne va plus et la famille des tortues se pardonnent juste à temps pour le combat final.
Cette trame narrative n’est bien sûr pas sans défaut. Les raccourcis scénaristiques sont ici maitres (les clés USB magiques, les GPS magiques, les talents scientifiques de Donatello magiques, la notoriété magique d’une vedette, une ninja surentrainée battu par un journaliste et un caméraman magiques, et j’en passe). Les personnages sont caricaturaux à souhait, les personnages humains sont affreusement monolithiques (le scientifique qui croit devenir historiquement célèbre en détruisant la terre…) et les méchants ne sont que méchants. Également, les enjeux plus « humains », quand il y en a, sont à peine effleurés. Le titre Out of the Shadows le mentionne, les tortues ninja tentent de sortir de l’ombre pour ainsi vivre en liberté dans New York et combattre le crime. Malheureusement, ce n’est là que pour excuser des revirements où les tortues ne peuvent pas sortir au grand jour pour sauver April et ainsi finir le film après seulement 30 minutes. Bizarrement, c’est dans un scénario aussi simple que confus qu’on reconnait et qu’on aime retrouver nos tortues préférées.
Le titre Out of the Shadows est aussi à double sens par rapport au premier film où April et son caméraman Vern prenaient beaucoup trop de place. Maintenant, les tortues sont plus importantes que jamais et ils n’ont plus besoin de présentation (même si on tente de les présenter pas une, mais deux fois pour les enfants qui n’auraient pas encore compris). L’humour fidèle aux quatre adolescents est donc omniprésent et très efficace, quoiqu’extrêmement juvénile. Les plus vieux ne seront pas totalement en reste, quelques références à la culture populaire ponctuent le film, dont une hilarante à Will Arnett dans Arrested Development et à Vin Diesel. D’ailleurs, les scènes d’action se permettent d’imiter plusieurs films des dernières années; une poursuite automobile à la Fast and Furious, des combats explosifs à la Transformers et un combat final qui n’est pas sans rappeler la fin du premier Avengers. Les combats sont donc extrêmement variés et impressionnants, les effets spéciaux sont nettement supérieurs au premier film (notamment au niveau de l’animation des tortues) et la réalisation cartoonesque et colorée permet de donner fière allure à ces héros d’antan et d’épater les plus jeunes et l’enfant qui est resté en nous.
Comme dans tous les films des Transformers, les monstres plus grands que nature font énormément d’ombres sur les acteurs et surtout sur leur performance. Megan Fox au talent et à la beauté plastique semble toute foi un peu plus à l’aise pour jouer devant de nombreux personnages en CGI et très à l’aise pour le changement de costume, Will Arnett réussit à être hilarant malgré son très petit temps d’antenne à l’aide de son personnage de vedette instantanément prétentieuse et les acteurs derrière les voix des tortues ninjas et autres personnages animés font tous un travail remarquable et plus qu’adéquat. Par contre, on ne peut pas vraiment dire la même chose des autres acteurs; Stephen Amell, connu principalement pour campé Oliver Queen dans Arrow, a le physique parfait pour jouer Casey Jones, mais il le surjoue tellement qu’on a l’impression qu’il ne prend pas vraiment le rôle au sérieux, Tyler Perry, d’un ridicule exacerbant, ne fait pas vraiment mouche en Baxter Stockman (les plus vieux la comprendront) et Laura Linney avait possiblement besoin d’un peu d’argent pour accepter un rôle aussi anodin.
Un peu comme l’avait fait The Secret of Ooze, Les Tortues Ninja : La Sortie de l’ombre est une suite totalement assumée, beaucoup plus amusante et adéquatement ridicule. S’il s’adresse probablement trop aux enfants, le film saisit exactement les personnages et univers créés par Kevin Eastman et Peter Laird. Pas nécessairement un bon film, mais un digne cartoon TMNT de deux heures ou tout simplement un Michael Bay pour enfants.
Sortie en salle : 3 juin 2016
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Malgré un humour extrêmement juvénile et un scénario aussi simple qu’un épisode du dessin animé, les effets spéciaux cartoonesques et les scènes d’actions exaltantes et variées divertiront les plus jeunes et même quelques plus grands enfants.