Nombreuses sont les oeuvres québécoises ayant abordé la crise d’Octobre et le conflit entourant le FLQ, ayant douloureusement marqué la société du début des années 70. On pensera entre autres à Octobre de Falardeau, Les Ordres de Brault, ou plus récemment La Maison du Pêcheur de Chartrand. C’est donc sans grande surprise que Luc Picard, que l’on sait concerné par le fait français et la culture québécoise en général, nous présente à son tour son point de vue sur ce conflit historique. Mais alors qu’on s’attend à revoir un film dur sur les injustices de 70, voilà que Picard nous offre un conte tout à fait rafraîchissant, une variation sur un thème déjà connu, qui fait le plus grand bien.
C’est à Nicole Bélanger qu’on doit l’écriture des Rois Mongols. Le film, adapté de son livre éponyme, nous situe au cœur du nid familial de Manon, 12 ans, qui est sur le point d’éclater : son père étant gravement malade et les revenus se faisant rares, la mère de Manon envisage de plus en plus d’envoyer ses enfants en famille d’accueil. C’est bien entendu hors de question pour la fillette, qui sera prête à tout pour rester au bercail.
En parallèle avec les membres du FLQ, qui procèdent à l’enlèvement du ministre Pierre Laporte, Manon formente elle aussi un plan de révolution : aidée par son frère et ses cousins, elle prendra en otage une vieille dame anglophone jusqu’à ce que la situation familiale soit réglée. Souhaitons maintenant que les revendications de Manon connaissent une meilleure fin que l’histoire du FLQ telle qu’on la connaît.
Les Rois Mongols, c’est donc un conte bien sympathique, où le spectateur sera invité à décrocher l’espace de quelques heures. Bien entendu, l’intrigue n’est pas des plus réalistes, et quelques invraisemblances au scénario font grincer des dents. Mais comme le tout est présenté du point de vue d’un groupe d’enfants qui vivent un conflit adulte, l’exagération de certaines scènes est finalement très rafraîchissante.
Il serait difficile de parler du film sans aborder les jeunes acteurs, qui volent carrément la vedette : Milya Corbeil-Gauvreau (Manon) est très posée, mature, et présente un jeu surprenant, et il est impossible de passer sous silence le naturel d’Anthony Bouchard (qui a vite été repêché pour la série Olivier). Les comédiens parviennent à donner un ton très sympathique à un contexte généralement abordé de manière plus dure, ce qui nous transporte avec beaucoup de légèreté jusqu’à la fin du film.
Au final, Les Rois Mongols est une réussite : il parvient à livrer des émotions honnêtes avec un scénario original, bien que tiré par les cheveux. Le Québec des années 70 y est bien représenté (enfin, j’imagine, comme je n’y étais pas), et on ressortira du cinéma avec le sourire satisfait d’un spectateur diverti.
Sortie au Québec: 22 septembre 2017
Heureux mélange entre un Conte pour tous et Léolo, Les Rois Mongols ne réinvente pas la roue, mais nous offre un point de vue renouvelé sur la Crise d'Octobre.