S’il est difficile de définir le genre de L’échelle de Jacob (on oscille ici entre le drame de guerre ou romantique, le film d’horreur psychologique), on s’entendra pourtant sur son indéniable qualité. Voici une œuvre prouvant une fois de plus que le septième art est un médium qui permet de reproduire la folie sous tous ses angles.
Historiquement, l’Échelle de Jacob est l’escalier menant au paradis duquel le Jacob biblique rêve dans la Génèse. Un passage entre la vie et la mort symbolisé ici dans une œuvre d’Adrian Lyne.
L’échelle de Jacob met en vedette un jeune Tim Robbins qui, pour une heure trente, se met dans la peau de Jacob, un vétéran de la guerre du Vietnam. Comme tous les survivants du champ de bataille, Jacob semble tourmenté par les évènements et les actions qu’il a pu commettre… Sa vie, qu’il essaie par tous les moyens de rendre normale, est ponctuée de crises d’angoisse et de folie dans lesquelles il imagine que des entités le suivent. Des fantômes de la guerre, ou plutôt de la mort tragique de son fils, quelques années auparavant ? Choisissez votre obsession.
Toujours est-il qu’après avoir parlé de ses visions à son entourage, Jacob sera confronté à une réalité toute autre : L’ensemble des survivants de guerre ayant fait partie de son escouade sont sujets aux mêmes types de visions que lui. Coïncidence, ou synopsis d’un mauvais film d’horreur ? Car en plus de s’interroger sur la provenance de ses visions, les survivants se questionneront sur leur existence… Sont-ils fous, ou tout simplement morts?
Ce qui est certain, c’est qu’à défaut d’être facile à définir, L’échelle de Jacob se veut une œuvre complète, aboutie et longuement réfléchie par le réalisateur. Adrian Lyne (à qui l’on doit plusieurs classiques tels que Flashdance ou Fatal Attraction, par exemple) utilise les outils à sa disposition afin de recréer l’univers mental du protagoniste. Longs plans, conception sonore laissant place à une tension incroyable… Le spectateur se sentira enfermé dans l’esprit de Jacob. Il découvrira avec lui, pas à pas, la vérité concernant sa folie. À cet effet, la réalisation est exécutée de main de maître, et est soutenue par des acteurs talentueux et vrais.
Tim Robbins, qui cadre exactement avec le personnage qui lui a été assigné (même s’il aurait été crédible d’avoir un acteur un peu plus âgé pour le rôle), est accompagné par Elizabeth Pena, qui semble malheureusement avoir été choisie pour son (charmant !) corps. Malgré tout, elle parvient à impressionner avec ses talents. Dommage pourtant que le trois quarts des plans desquels elle fait partie présentent son anatomie. Beau à voir, mais ça divertit du sujet principal.
Oscillant entre le passé et l’avenir, jouant avec le concept-même de réalité ou de rêve (folie ?), L’échelle de Jacob est un film plutôt complexe qui méritera plusieurs écoutes afin d’en apprécier toute la finesse. Pourtant, on est loin d’un film labyrinthe qui perdra la moitié de ses spectateurs. L’intrigue est tout de même simple et crédible, et les nombreux symboles utilisés dans le scénario sont faciles à interpréter. Pas besoin d’un doctorat en cinéma pour comprendre le film. Mais notons tout de même la sensibilité et la minutie dont le réalisateur aura fait preuve tout au long de la production.
L’échelle de Jacob est un grand film, un voyage au cœur de la folie d’un homme qui semble pourtant bien ordinaire. À voir.
Sorti le 2 novembre 1990 en Amérique.
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