Depuis quelques temps, je prends un plaisir fou à découvrir le cinéma de nos cousins, ces fameux français. Plusieurs oeuvres cinématographiques dirigées de leurs plumes ont su me déplaire, et d’autres, me ravir à un point presque inimaginable. Récemment, l’une de leurs oeuvres a su m’étamper un immense sourire sur le visage. Elle porte pour nom un titre très simple, mais qui représente beaucoup: Le Prénom.
Ce film, basé sur une pièce de théâtre de Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière, est une comédie charmante et délicate, juste assez drôle et bourrée de surprises. L’action se déroule dans l’appartement de Pierre et Élisabeth, un couple qui invite à souper quelques amis, question de se retrouver le temps d’une soirée. Vincent, le frère de cette dernière, réussit à semer le chaos dès son arrivée, en annonçant à ses amis de toujours le prénom qu’il souhaite donner à son fils. Ça choque, provoque et irrité: exactement l’effet recherché. À partir de cet instant, tout dérape. Le souper paisible se transforme en un temps de vérité, et ce, pour chacun. Les rages entretenues tout au long des années passées sont révélées au grand jour, tout comme les frustrations et les secrets inavoués. Chacun des invités se retrouve pointé du doigt par les convives qui l’entourent. Les êtres qui franchirent un peu plus tôt le pas de la porte de cet appartement en ressortent complètement changés, victimes du regard des autres. Un sujet audacieux et fort bien exploité vient servir ce long métrage simple mais d’une grande générosité.
Puisque le texte est directement sorti du théâtre, c’est en temps réel que se déroule le film, ainsi qu’en huis clos, confiné au salon d’Elisabeth et à sa cuisine. C’est là un magnifique défi que se sont donné les réalisateurs, lesquels sont à la base de cette histoire, puisque l’ayant précédemment écrite. Le spectateur n’a d’autre choix, tout au long du film, que de se sentir partie intégrante de la soirée. Il est avec les personnages sur le canapé, les écoute se chamailler sans jamais intervenir mais est constamment à l’affut, victime d’un scénario bien rythmé et rigolo. À un certain point, par contre, il est une impression de lourdeur qui s’impose. Le temps semble figé et voilà que tout le film semble être affecté de ce petit moment de relâchement. Malgré tout, l’action est bien vite reprise et ce, dans toutes ses couleurs, pour permettre au long métrage de se terminer en beauté et sur un magnifique fou rire.
Les personnages, quant à eux, sont magnifiquement bien composés. Chacun possède ses particularités, ses défauts. L’un est égoïste et l’autre radin. L’un fait des grimaces et l’autre porte du orange. Les êtres se trouvant au coeur de ce salon devenant bien vite les sujets principaux de l’oeuvre, passés sous la loupe et sous toutes les coutures, c’est de fond en comble qu’ils sont présentés au spectateur, lequel n’a d’autre choix que de s’attacher à eux. Les performances sont également à la hauteur des êtres qu’ils évoquent, rendant le tout presque irrésistible. Le travail acharné de l’écriture scénaristique fait ici ses preuves, composant un film savoureux et fort bien travaillé, à l’ambiance agréable et au rythme sympathique.
Le Prénom, c’est ce genre de petit bijou qui risque de ne jamais faire beaucoup de bruit. On en entend vaguement parler, ici et là, mais on ne s’y intéresse pas tout à fait. Pourtant, aller à la rencontre de cette oeuvre reste un magnifique cadeau qu’il est possible de se faire et je crois qu’il faut savoir en profiter à son plein potentiel. C’est délicat, aimé et bien pensé. C’est un film qui oblige à rester humble, à être soi-même et à profiter du temps présent. Peut-être est-ce parce que ce film se déroule bel et bien en temps réel? Ou peut-être est-ce tout simplement parce qu’il donne envie de se rassembler entre amis, entre vrais amis et être qui nous sommes réellement? Ça reste à voir… et à savourer à pleines dents!
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