L’actrice et scénariste grecque Nia Vardalos a attendu plus de 14 ans avant de faire renaitre au grand écran la famille qui l’a rendue célèbre : l’irrésistible et envahissant clan Portokalos. Évidemment, ce long hiatus séparant l’oeuvre original et le deuxième opus soulève de nombreuses interrogations dont l’inévitable: pourquoi ne pas avoir battu le fer pendant qu’il était extrêmement brûlant? Le public a largement eu le temps d’oublier le rocambolesque quotidien de Toula (Nia Vardalos) et son entourage. Donc, la nouvelle proposition s’avère-t-elle digne d’intérêt? Oui pour les délicieux comédiens, non pour la paresse scénaristique.
My Big Fat Greek Wedding 2 débute plus ou moins 17 ans après la fin du premier opus. L’instabilité économique étant ce qu’elle est, Toula, toujours mariée à Ian (John Corbett), a dû troquer son emploi dans une agence de voyages pour un poste dans le restaurant familial, Dancing Zorba’s. Celle qui, autrefois, cherchait tant à s’émanciper de ses racines adopte maintenant la mentalité qui l’oppressait tant : négliger son rôle d’épouse pour mieux étouffer son adolescente Paris (Elena Kampouris) qui, elle, songe à entreprendre ses études collégiales à New York. Comme si pimenter son couple et convaincre sa fille de demeurer à Chicago n’étaient pas suffisants, elle doit également gérer les multiples conflits engendrés par les préparatifs du second marriage de ses parents (Lainie Kazan et Michael Constantine).
L’intrigue entourant le renouvellement des vœux entre Maria et Gus semble immensément forcée, comme si la suite nécessitait absolument un événement nuptial pour justifier l’usage du titre de la franchise. Or, d’un point de vue narratif, le mariage n’est aucunement crédible. Par contre, lorsqu’il agit comme prétexte pour aborder les thèmes de la routine d’un couple et des problèmes reliés à l’attachement maternel, il donne lieu à d’efficaces réflexions. Par contre, même si le film explore habilement des sujets auxquels tous s’identifient, il souffre d’un cruel manque d’innovation, sa modernité se résumant qu’à quelques gags éculés sur FaceTime. Certes, le slogan de l’affiche l’annonce d’emblée : People change. Greeks don’t (Les gens changent, à l’exception des Grecs.). D’accord, les protagonistes n’évoluent pas mais l’emballage dans lequel ils stagnent aurait dû.
Les blagues, prévisibles à souhait, tombent souvent à plat. Une chance que certains bijoux et clins d’œil – dont le fameux pouvoir guérisseur du Windex- germent des mauvaises herbes! Par contre, c’est bien loin d’être assez pour aspirer au titre de la comédie de l’année… La réalisation morne de Kirk Jones n’aide aucunement. Contrairement aux personnages qu’il met en scène, le cinéaste derrière Nounou McPhee n’affiche pas une personnalité étincelante et colorée. Malgré un humour facile et des revirements qui frisent le ridicule, Le Mariage De L’Année 2 possède étonnamment un rythme agréable. Bien sûr, la rafraichissante distribution y est pour quelque chose. Même embourbée dans des clichés, Andrea Martin expose un remarquable abandon. Avec son regard immensément expressif, Bess Meisler vole la vedette dans un rôle muet. L’attachante Nia Vardalos continue son opération charme alors que, à ses côtés, John Corbett et Elena Kampouris doivent défendre des partitions plutôt fades et conventionnelles.
Enfin, malgré des imperfections, la suite du film indépendant le plus lucratif de l’histoire (plus de 370 millions de dollars engendrés à travers le monde) fait sourire à plusieurs reprises grâce à des interprétations enthousiastes. De plus, My Big Fat Greek Wedding 2 constitue une agréable alternative pour les cinéphiles qui ne sont pas friands de l’univers dans lequel règnent Batman et Superman.
Ce film est à l’affiche depuis le 25 mars 2016.
Crédits Photos : Universal Pictures