Musique, révolte et religion. Trois éléments qui, bien qu’ils nous rappellent instinctivement de lointaines comédies comme Sister Act, sont davantage d’actualité dans le cinéma québécois puisqu’ils formeront la thématique du nouveau long-métrage de Léa Pool, La passion d’Augustine.
La réalisatrice, que l’on connaît récemment grâce à des films comme La dernière fugue ou Maman est chez le coiffeur, nous offre ici un grand morceau de notre histoire. Car derrière l’intrigue où l’on suivra Simone Beaulieu, devenue Mère Augustine (interprétée par une majestueuse Céline Bonnier) durant sa lutte pour instaurer l’accès à l’art et à la création dans son petit couvent, c’est toute l’histoire de l’éducation au Québec qui sera abordée. Celle-ci, marquée par le joug de la religion depuis trop longtemps, atteindra de nouveaux sommets grâce à une ouverture d’esprit bien sentie de la part de plusieurs personnalités importantes, représentées ici par Augustine.
Malgré les efforts constants de Sœur Augustine afin de préserver la musique classique à l’intérieur de son couvent, un obstacle de taille l’attend : Le gouvernement du Québec qui, en instaurant un système d’éducation publique au milieu des années 60, mettra en jeu l’avenir de ce couvent privé. La lutte des religieuses et des jeunes pensionnaires pour conserver leur école, mais aussi leur droit à la créativité et à l’art, est le sujet principal du film.
L’intrigue historique issue du travail de scénariste de Marie Vien et Léa Pool est portée par une grande palettes de comédiennes de renom, tels que Céline Bonnier, Valérie Blais (dans son rôle de comic relief qui ne la sort pas de sa zone de confort) et Pierrette Robitaille, pour n’en nommer que quelques unes. À ce sens, rien à redire. La distribution est très bien orchestrée, et chacun des artistes, dirigés par Mme. Danielle Fichaud qui interprète elle-même l’une des sœurs, donnent une vie à ce couvent d’un autre siècle. Mention honorable à l’ensemble des jeunes actrices interprétant le chœur du couvent, particulièrement à Lysandre Ménard, qui fait la démonstration de ses talents de comédienne ainsi que de musicienne. Un visage et un nom à retenir.
La direction photo, signée Daniel Jobin (il avait déjà travaillé avec Léa Pool pour Maman est chez le coiffeur), est sublime. Ce Québec d’un autre temps est rendu avec grâce dans un environnement lumineux et jovial qui, à l’image de l’intrigue, est teinté d’espoir et de bons sentiments. Au final, c’est un peu ce qu’est La passion d’Augustine : Un constat plutôt positif sur l’acharnement d’une femme passionnée de musique et de la transmission de l’art. On aurait pu souhaiter que Pool ose davantage dans son dernier long-métrage. L’ensemble paraît au final très léché et clinique. On ne change pas une formule gagnante, mais on risque de s’y habituer un peu vite. À ce niveau, La passion d’Augustine n’innove malheureusement pas.
On notera cependant le travail magistral de François Dompierre, compositeur et directeur musical, qui a, pour le besoin du film, retravaillé plusieurs oeuvres de Bach et Chopin, pour n’en citer que quelques uns. Un travail qui contribue grandement à l’esprit du film.
Somme toute, même si le film ne recèle aucune surprise majeure, il s’agit tout de même d’une excursion réussie dans l’une des époques les plus importantes de l’éducation au Québec. La passion d’Augustine, c’est la beauté de la musique classique, et l’ambiance qui nous est offerte dans le nouveau film de Léa Pool correspond en tout points à une symphonie de Bach : Des accords que l’on connaît, qui ne nous surprennent pas, mais qui nous fascinent par leur beauté.
Sortie en salles au Québec le 20 mars 2015
Crédits images: Les films Séville
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