Confiante de son succès plus que considérable et persuadée de faire concurrence à un certain Star Wars, la franchise Pitch Perfect instaure son dernier volet, le troisième, dans les salles trois jours avant Noël. Oui, le film rejoindra sans contredit son public cible mais cet adieu comprend trop de fausses notes pour terminer l’aventure des chères Bella en beauté. Aca-désolée, mais il s’agit de la vérité.
La scénariste Kay Cannon semble avoir été en complète panne sèche, mélangeant sans finesse comédie vulgaire, romance et…scènes d’action à la James Bond. Vous avez bien lu. La vie d’adulte de nos chanteuses a cappella préférées après l’université ne jouit pas d’un traitement profond et réaliste très longtemps. Le premier acte brosse trop rapidement le désenchantement des filles en ce qui concerne leurs emplois minables. Les glorieux jours des compétitions leur manquent. Elles ont besoin d’un dernier tour de piste pour être mieux en paix avec l’avenir.
Or, cette ultime opportunité s’avère un peu tirée par les cheveux. Les Bella de Barden affrontent deux groupes musicaux dans l’espoir de divertir des troupes et faire la première partie du célèbre DJ Khaled. Pendant ce temps, Gail et John (Elizabeth Banks et John Michael Higgins), l’improbable duo de commentateurs, suivent les filles dans le but de tourner un documentaire du style Que sont-elles devenues?. Parallèlement, le père de Fat Amy, Fergus (John Lithgow), apparaît de nulle part pour offrir à sa fille un nouveau départ teinté de mauvaises intentions aucunement pertinentes ou intéressantes. Toutes ces intrigues s’imbriquent douloureusement sans harmonie, laissant les cinéphiles dans l’attente de blagues savoureuses et numéros chantés surprenants.
Malheureusement, dans ce 93 minutes parsemé de longueurs, ces deux éléments n’atteignent jamais leur plein potentiel. Le choix des chansons, bien qu’elles soient pour la plupart populaires, ne permet pas au genre a cappella de se démarquer des numéros des films précédents. L’humour réserve quelques répliques efficaces mais pas autant que dans les autres opus. Les nouveaux personnages sont trop éparpillés et secondaires pour être marquants ou significatifs. La longue publicité accordée à DJ Khaled n’aide en rien également. Le public a constamment l’impression que les artisans sont venus au bout de leurs idées, ce qui atténue le sentiment de divertissement.
En dernière partie, l’aspect nostalgique fonctionne plutôt bien malgré des messages assez contradictoires. La finale s’assure de démontrer non seulement l’importance des amitiés sincères même si leur lustre brille moins avec les années mais aussi qu’il est essentiel de mener à terme ses rêves tout en se sachant supporté. Or, la manière d’illustrer ces points sème la confusion. C’est pourquoi la conclusion musicale, bien que superbement exécutée, laisse un goût amer en bouche.
Dans les circonstances, la distribution se débrouille admirablement, surtout qu’elle n’a pas beaucoup de matière à défendre. Seule Anna Kendrick a la chance d’explorer des émotions plus complexes. Rebel Wilson continuer d’interpréter sa Fat Amy/Patricia avec autant de vivacité, mais l’attrait n’est plus le même. Le personnage fait du surplace dans des situations volontairement exagérées pour tenter de déclencher les rires.
Bref, Pitch Perfect 3 démontre que la trilogie a fait le tour de tout ce qu’elle avait à raconter, et que l’appât du gain devrait véritablement s’arrêter ici. En souvenir des moments hilarants et touchants que les personnages nous ont autrefois légués.
Ce film est à l’affiche depuis le 22 décembre 2017.
Crédits Photos : Universal Pictures