Après un hiatus de 3 ans, le réalisateur Robert Zemeckis revient en force en offrant de nouveau un divertissement commercial aux qualités esthétiques indéniables. Tourné à Montréal (vous reconnaitrez sans doute plusieurs visages québécois!), The Walk remplit les promesses livrées à son public cible (la famille) dans les bandes-annonces télévisuelles, avec les avantages et les désagréments que cela implique.
Aussi improbable et dingue que cela puisse paraitre, l’histoire relatée dans The Walk est bel et bien un fait vécu. Éternel rêveur, le funambule français Philippe Petit (Joseph Gordon-Levitt) amuse petits et grands avec ses spectacles dans les rues achalandées de Paris. Ce passionné se soucie peu de ses altercations avec la police. La seule chose qui lui importe est de trouver un endroit où accrocher sa corde. Lorsqu’il voit dans un magazine les tours jumelles du World Trade Center, Petit sait qu’il doit marcher dans le vide qui les sépare. Avec l’aide de sa copine chanteuse (Charlotte Le Bon), de son ami photographe ( Clément Sibony) et de d’autres complices, Philippe entame des allers-retours entre New York et Paris afin de tout mettre en œuvre pour réaliser son dangereux et controversé objectif.
Confortablement installé sur le balcon entourant la torche de la Statue de la Liberté, Petit commente passionnément et avec générosité le processus complet ayant mené au célèbre événement. Ce procédé narratif mêlant la traditionnelle voix hors champ confère à l’œuvre un ton enfantin risquant de freiner des adultes pensant consommer un produit plus historique que didactique. Par contre, l’histoire relatée inspire grandement à poursuivre nos rêves avec détermination et ne jamais laisser les obstacles entraver nos efforts. Ça semble cliché, voire kitsch, mais l’accomplissement de Philippe Petit paraissait si insurmontable qu’il suscite l’admiration et nous entraîne à nous dépasser à notre tour.
Zemeckis parsème son scénario de répliques rigolotes permettant de mieux endurer les lacunes inévitablement causées par la limite première d’une histoire vraie: le manque de surprise. Personne n’aurait encensé l’exploit de l’acrobate (encore moins d’en faire l’objet d’un film!) s’il s’était effondré brutalement sur le sol. Il aurait plutôt été ridiculisé et traité d’écervelé. Donc, en sachant d’emblée que le personnage principal réussira son pari, l’intérêt de certaines scènes s’essoufflent rapidement. Quelques éléments de la préparation du coup auraient gagné à être resserrés ou carrément supprimés. L’accumulation de longueurs atténue la fébrilité d’assister à la fameuse performance artistique, là où l’attrait du film réside au fond.
Heureusement, la scène finale dépasse largement les attentes. Zemeckis le réalisateur propose une mise en scène inventive et totalement spectaculaire. Les effets visuels saisissent tellement que le spectateur a l’impression de littéralement devenir Philippe Petit. On ressent la brume, le vent, la présence poétique des nuages, le vertige et la concentration inébranlable de l’acrobate. Le décor est si réel qu’on ne peut s’empêcher de crier, de frissonner et de s’inquiéter, même si on connaît l’issue de la scène. D’ailleurs, l’expérience en 3D IMAX ne se compare aucunement avec celle vécue sur un écran de cinéma standard. Les personnes atteintes d’acrophobie devraient par contre s’abstenir et patienter jusqu’à la sortie en DVD du film.
Dans l’ensemble, les interprètes incarnant les personnages secondaires s’avèrent très justes, mais Joseph Gordon-Levitt les éclipse tous. L’acteur américain accouche ici de sa meilleure prestation en carrière. Il maîtrise à la perfection l’accent parisien et le manque de fluidité tout à fait normal lorsqu’il communique dans la langue de Shakespeare. Gordon-Levitt fait preuve d’une intensité remarquable. Il s’investit corps et âme dans son rôle, laissant l’audience complètement abasourdie et sous le charme.
Puisque Petit déclame du début à la fin son amour et profond attachement à la ville de New York (et particulièrement au WTC, bien évidemment), il aurait été intéressant de connaître ses sentiments face à la tragédie du 11 septembre 2001, sans que ceci verse obligatoirement dans le sensationnalisme.
The Walk mérite des nominations dans les catégories d’effets spéciaux et dans celle de la meilleure interprétation masculine lors de la saison des galas et en décrochera fort probablement.
Le film bénéficiera d’une sortie en salle globale dès le 9 octobre 2015. Pour l’instant, il est uniquement à l’affiche sur les écrans IMAX de la plupart des Cinémas Guzzo du Québec ainsi qu’au Cineplex Forum situé à Montréal.
Crédits Photos : Sony Pictures