La Guerre des tuques ne fut pas un de ces films à bercer mon enfance. Certes, la fameuse « La guerre, la guerre, c’est pas une raison pour se faire mal! » et ce cher Daniel Blanchette de Victoriaville ne me sont pas inconnus, mais c’est avec un regard purement critique et aucunement nostalgique que j’ai découvert cette nouvelle mouture 3D de ce Conte pour tous signé André Melançon.
C’est donc avec quelques difficultés que je me vois forcé d’aborder cette co-réalisation de François Brisson et Jean-François Pouliot. « Rock Demers ne voulait pas qu’il y ait un remake en prises de vues réelles de la Guerre des tuques. », a récemment affirmé l’un des réalisateurs en entrevue. « Il disait: “Il est fait ce film-là, je ne veux pas qu’on l’efface et qu’on recommence”. » Et pourtant…
Rares seront les cinéphiles de mon avis prônant qu’il existe encore de ces remakes et reboots qui savent rendre hommage à ces œuvres les ayant inspirés tout en étant en mesure de se détacher du triste « le nouveau, là… ». La suite, l’antépisode ou encore la mise en abyme sont des voies qu’il mérite d’emprunter. Parce que cela a pour effet d’offrir une œuvre meilleure que la moyenne qui, sans pour autant se différencier de l’original, offre quelques petits tours de passe-passe assez savoureux (matez-vous The Town that Dreaded Sundown de Gomez-Rejon et vous comprendrez).
La Guerre des tuques 3D n’en profite pas. Si l’esthétique et certains éléments narratifs sont modernisés, il n’en est pas de même pour les personnages, l’histoire… Bref, on se retrouve essentiellement avec le même film. Un film correct, sans prétention et dont le plus grand facteur de vente est probablement le mot « nostalgie ». Si on sent un amour bien senti de la part de ses artisans pour La Guerre des tuques premier du nom, ceux-ci ne se sont finalement contentés que de reproduire l’oeuvre de Melançon, plutôt qu’en devenir un à leur tour.
À ça s’imbriquent des produits dérivés en quantité industrielle qui viendront (presque) confirmer ce questionnement qui me trottait dans la tête à ma sortie du Quartier Latin mardi dernier: véritable appétit créatif et artistique ou simple désir mercantile. Déjà, renouveler les classiques de notre culture cinématographique ne date pas d’hier…
Crédits photos: Les Films Séville