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Jackie

Par Marie-Claude Lessard · Le 17/01/2017

Oui, Natalie Portman livre sans contredit l’une des meilleurs performances de l’année dans Jackie, et même si la lutte dans la catégorie de la meilleure actrice s’annonce assez serrée (notamment à cause d’Emma Stone (La La Land) et Isabelle Huppert (Elle), l’actrice possède de fortes chances de mettre la main sur un second Oscar. Non, le sidérant portrait de Portman dans le rôle-titre ne s’avère pas le seul élément digne de mention du film. La caméra nerveuse et intimiste de Pablo Larrain propose une expérience oppressante absolument captivante qui expose les dessous d’une tragédie avec un réalisme et une pureté rares.

S’éloignant de la biographie traditionnelle qui retrace la naissance et la mort d’une icône, Jackie se concentre sur l’assassinat du président John F.Kennedy et ses répercussions sur sa femme Jacqueline. Une semaine après la mort de son époux, Jackie accorde une entrevue à un journaliste campé avec une belle retenue par Billy Crudup. Entrecoupé de retours en arrière reconstituant le drame, l’annonce du décès aux enfants et les préparatifs protocolaires des funérailles, l’entretien comporte autant de moments complaisants que de questions audacieuses qui démontrent toute la force de caractère de Jackie. Derrière ses traits angéliques et délicats, la feu première dame dévoile une détermination admirable et une étonnante lucidité face au monde politique.
 
Jamais le scénario ne verse dans le sensationnalisme , que ce soit lorsque Jackie tient la tête ensanglantée de son mari ou qu’elle négocie avec Lyndon B.Johnson, le président temporaire de mauvaise foi (John Carroll Lynch). En aucun temps le film cherche à présenter sa protagoniste de manière convenue ou de se conformer aux idées préconçues que le public se fait d’elle. Larrain s’attarde à filmer un événement inhumain avec classe et vérité. Il pousse les spectateurs à une constante introspection et à développer leurs sens de l’empathie.
Comment ne pas rester traumatisé à vie par cet assassinat? Comment chasser ces horribles images de crâne défoncé de la tête? Comment survivre au deuil d’un enfant suivi de celui de sa douce moitié en dedans d’une courte période? Comment accepter qu’une circonstance hors de notre contrôle détermine que notre contribution gouvernementale prenne soudainement fin sans la moindre de chance de prouver qu’on aurait pu exercer des changements majeurs? Pour tenter de comprendre, ou ne serait-ce que d’accepter, les dures épreuves qui la submergent, Jackie consulte régulièrement un prêtre (John Hurt) qui, sans offrir de réponses concrètes ou un réconfort artificiel, trouble à la fois Mme Kennedy et le public par des réflexions songées demandant une grande humilité. Une vision si peu utopique de la foi de la part d’un homme de religion déconcerte avec fraîcheur.
Plusieurs scènes bouleversent mais celle relatant les premières minutes succédant au meurtre s’avère la plus mémorable à bien des égards. À bord d’un avion privé, Jackie, vêtue de son légendaire tailleur rose tâché de sang, doit composer avec le choc post-traumatique, la vague de condoléances automatiques, la nomination de Johnson et un sentiment que certains membres au pouvoir ne la considèrent déjà plus importante. Ce moment déchirant illustre à merveille le ton et l’essence du film. Au niveau de la réalisation, Pablo Larrain injecte à ses saisissants gros plans sur le visage de Jackie une texture rétro donnant l’impression que l’oeuvre a bel et bien été tournée en 1963. Sur le plan de la musique, la compositrice Mica Levi  propose une répétition presque insupportable de sons ahurissants et étourdissants qui menace à tout instant d’affliger les spectateurs d’un immense mal de tête tant elle oppresse en les plongeant de force dans une position  de voyeur à la fois fascinante et teintée de malaises. Se mêle à cela des sanglots effroyables qui interrompent toute circulation dans les veines. Natalie Portman lâche un cri étouffé en une respiration affaiblie par les larmes qui témoigne tout le contrôle dans la détresse de l’icône.
L’actrice oscarisée véhicule du début à la fin des émotions vraies, qu’elle joue Jackie en représentation lors de la visite télévisée à la Maison-Blanche ou quand elle enchaine à une vitesse spectaculaire cigarettes et verres d’alcool en enfilant diverses robes de soirée. Elle n’imite pas Jackie ; elle incarne les réactions qu’une femme ressent dans de telles circonstances. Outre lors des segments symbolisant le tour guidé des appartements de la résidence présidentielle, Portman ne reproduit guère la gestuelle maniérée et la voix de petite fille associées au personnage. Ce contraste met brillamment en valeur tout le talent et l’intelligence de l’interprète de Nina dans Black Swan, Chaque larme furtive, chaque regard fuyant et chaque lueur de fureur dans les yeux marquent l’imaginaire par leur vérité. Un véritable tour de force, quoi!
En explorant sous un angle nouveau une tragédie connue de tous, l’oeuvre montre une facette inspirante d’une dame forte et simple propulsée malgré elle dans un rôle puissant drôlement ingrat. La réalisation hermétique, le montage frénétique, la trame sonore lugubre et la performance magistrale de Miss Portman permettent aux spectateurs de se glisser dans la tête de Jackie Kennedy, ce qui résulte en une expérience profondément prenante qui reste gravée dans la mémoire des semaines après le visionnement.
**Les images qui ponctuent cette critique sont en noir et blanc, mais le film ne l’est pas.

Ce film est à l’affiche depuis le 21 décembre 2016.

Crédits Photos : Fox Searchlight Pictures

Jackie
Marie-Claude Lessard
17/01/2017
8/10
8 Note finale
Vendredi soir - Très bon film

Réalisation
8
Scénarisation
7.5
Distribution
9

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Marie-Claude Lessard

Marie-Claude est une grande amoureuse du septième art, dont l'affection se traduit dans chacune de ses critiques. Elle considère tout autant les blockbusters que les films à petits budgets et ne porte aucun, sinon peu, de préjugés envers une oeuvre cinématographique.Laissez-vous guider par ses instincts qui dénichent toujours de petits bijoux !

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