Lorsqu’on lit la prémisse de I Origins, nos attentes sont élevées (et avec raison). En effet, le résumé du film donne à celui-ci une allure de science-fiction digne d’un Inception qui parviendra peut-être à nous laisser bouche-bée devant tant d’ingéniosité. Malheureusement, ce qui semblait au départ être une oeuvre réfléchie et aussi unique que l’iris humain se révélera finalement être digne d’un mauvais scénario d’un romantisme des plus hollywoodiens.
I Origins m’a attiré au départ avec sa situation de base: Un duo de chercheurs (Ian ( Michael Pitt) et Karen (Brit Marling)) se spécialisant dans les études liées à l’oeil font une découverte qui révolutionnera le monde de la science. Ils parviennent effectivement à recréer un globe oculaire à partir de rien, inventant en quelque sorte un sens pour les espèces animales n’étant pas dotées de la vue. Mais c’est un tout autre drame qui se tiendra lorsque, tout de suite après cette découverte scientifique révolutionnaire, la mystérieuse et quasi-onirique petite amie de Ian perdra tragiquement la vie. Poussé par son intérêt scientifique et son amour pour la défunte, le chercheur utilisera la technologie ainsi que les connaissances qu’il a acquises afin de retrouver sa trace… Car sortir avec une femme spirituelle aura quelque peu brisé les barrières scientifiques de Ian, et il s’est mis dans la tête que la réincarnation existe et que la morte est revenue sous l’apparence de quelqu’un d’autre, quelque part sur la planète.
Une idée un peu folle, me direz-vous? Je suis bien d’accord. Pourtant, tout porte à croire le contraire, puisqu’une multitudes de signes (certains l’appelleront le destin, d’autres un scénario malhabile) incitent Ian à partir la recherche de son amour perdu au-travers du globe. Au menu: Deus ex machina à la tonne, musique soporifique accentuant tant les émotions qu’au final, on ne les vivra pratiquement pas, montage neutre et aussi ennuyant que les recherches des deux scientifiques. Dommage, car pour donner une chance au coureur, le film avait en sa possession tous les éléments pour être un bon feel good movie. Malheureusement, le grave manque d’humanité dans la réalisation et l’enchaînement des évènements nous empêchent de croire (et donc de s’attacher) aux personnages que l’on se voit forcés à suivre tout au long de l’histoire.
I Origins n’est tout de même pas un film complètement raté. Grande déception, oui, car le style visuel et la réalisation (du moins, au début du film) laissaient pratiquement entrevoir un nouveau Mr. Nobody. La même sensibilité au niveau de l’image, Michael Pitt possédant un jeu similaire à Leto… Malheureusement, tout ceci n’était que du tape-à-l’oeil (pour reprendre la thématique principale du film), puisque ce dernier repose finalement sur une intrigue qui pourrait se résumer en une phrase… Et encore.
La première moitié du film est tout de même intéressante. L’enchaînement et la multiplicité des scènes montrant les recherches scientifiques nous laissent dans l’attente d’une découverte magistrale qui sera l’élément déclencheur du film. Malheureusement, tout le contexte intellectuel qui aurait pu être la source d’une oeuvre novatrice et unique ne se veut qu’une toile de fond pour une histoire d’amour que nous avons déjà vue mille fois… À la seule différence que l’on ne s’attendait pas à être pris pour des imbéciles, contrairement à une comédie romantique où l’on sait à quoi s’attendre.
Au final, I Origins n’est pas nécessairement un mauvais film… On dirait seulement que le public cible a justement mal été ciblé… L’oeuvre attirera les amateurs de drames indépendants à la Tree of Life ou Mr.Nobody alors qu’elle devrait plutôt être adressée au grand public adeptes des recettes réchauffées directement venues des studios Hollywoodiens (sans le budget faramineux de ceux-ci).
Mais bon, si vous ne me croyez pas, voyez-le de vos propres yeux.