« One nation, Underwood »
Ce n’est certainement pas votre premier rodéo avec cette série, je me trompe ? Vous avez une montagne d’amis sur Facebook qui ont pris en photo leur télévision pour dire au monde en entier qu’ils écoutaient House of Cards ? Parfait, j’en ai encore plus pour vous! Pour une cinquième année consécutive, les producteurs de Netflix nous donnent rendez-vous pour la cinquième saison de l’une de ses plus grandes séries à succès. La première saison où le scénariste Beau Willimon, l’homme derrière ce récit politique ingénieux, n’est pas au gouvernail, nous sentons définitivement un changement au niveau du ton. Sans être la meilleure ou la pire des saisons, la saison 5 pousse les complots de Frank et Claire Underwood à un niveau supérieur, ce qui semble nous surprendre de moins en moins. Recette à succès toujours en continuité ou une « sauce » trop étirée ? Bref, la saison 5 nous donne du bon comme du mauvais. C’est avec grand plaisir, les yeux pochés après une longue semaine de « binge watching », que je vous livre cette critique sans « spoilers ». Dans un contexte politique drôlement similaire aux États-Unis (ah…tiens donc, un personnage douteux à la Maison Blanche), l’intérêt envers House of Cards en 2017 est encore plus grand.
Nous sommes seulement quelques jours après les événements de la saison 4; l’administration du machiavélique Francis « Frank » Underwood (Kevin Spacey, toujours excellent et brillant dans son rôle de carrière) est attaquée. Suite à la publication d’un article du Washington Herald révélant certains indices prouvant que l’administration Underwood est corrompue, le président souhaite faire signer une déclaration de guerre contre ICO (le groupe terroriste fictif de la série, rappelant l’État Islamique) par la Chambre des Représentants dans une scène d’ouverture mémorable ! Le dernier épisode de la saison 4 nous présente Frank et Claire assistant à l’assassinat d’un citoyen américain par des fanatiques de ICO, en tentant justement de propager la peur et le ressentiment de besoin pour un gouvernement fort. En générant ce climat d’incertitude au sein de la population, Frank souhaite que toute nouvelle concernant son gouvernement tombe à plat, du moins avant les élections. Claire (Robin Wright, toujours aussi séduisante et glaciale), est toujours en lise pour devenir la prochaine vice-présidente si le duo remporte les élections contre le gouverneur républicain Will Conway (Joel Kinnaman, un personnage qui résonne beaucoup avec les milléniaux) et sa femme Hannah (Dominique McElligott). Les élections sont donc presque terminées et il est certain que Frank et Claire ont plus d’un tour dans leur sac pour tenter de rester dans la Maison Blanche. C’est donc dans une atmosphère de crise, de frustration citoyenne et de campagne électorale que l’histoire reprend. Les personnages habituels sont bien sûr de retour: Doug Stamper, LeAnn Harvey, Seth Grayson, Tom Yates, etc. Deux nouvelles figures très mystérieuses feront leur entrée dans le monde de Frank et Claire: Mark Usher (Campbell Scott) et Jane Davis (Patricia Clarkson, particulièrement étrange et contrastée), ce qui nous gardera en appétit jusqu’à la toute fin sur leurs intentions. Bref, toujours une solide équipe de comédiens et de personnages, tous aussi différents et complexes.
Je fais un marché avec le diable, je ne peux malheureusement pas vous en dire trop, je ne dois pas gâcher le plaisir. Cependant, je peux vous dire ceci, la saison 5 est très bonne, sans être excellente. La raison est bien simple: qu’importe le complot ou le revirement de situation, rien ne peut vraiment nous surprendre. Inutile de vous apprendre que les Underwood vont comploter dans cette saison, mais, qu’importe l’ampleur de leur résolution, nous pensons avoir tout vu. Bien sûr, il y aura des rebondissements et vous serez surpris à de nombreuses reprises, mais disons que l’effet est moins grandiose que lors du commencement de la série. Nous sommes loins de la scène du métro à l’ouverture de la saison 2 (« un accident nous oblige à interrompre le service sur la ligne orange »..haha), même si le climat est beaucoup plus stressant et les conséquences bien plus grandes. En fait, il semble que rien au monde ne semble pouvoir arrêter la progression de Frank et Claire, ils savent déjouer toutes les embûches et tourner toute situation à leur avantage. Disons que tout le monde a goûté à leur médecine, il ne reste plus personne à manipuler. C’est pourquoi, malheureusement, la série manque de plus en plus de sérieux, nous rions plus que nous sommes surpris. Un de mes épisodes fétiches se passe dans la forêt (vous saurez dès que vous le verrez), où nous découvrons comment les plus grands décideurs de la société se réunissent pour prendre part aux négociations de l’économie américaine (en coulisse). Cet épisode peut s’avéer théâtral et à la limite surnaturel pour certains, mais il y a une partie de moi qui pense que ce genre de rassemblement existe bel et bien…et depuis longtemps. Nous n’avons qu’à penser à la Franc-Maçonnerie, la secte ultra puissante abordée dans le livre The Lost Symbol de Dan Brown (l’auteur derrière The DaVinci Code).
Même si le principal attrait de House of Cards est son histoire et ses personnages, nous retrouvons toujours une réalisation et une cinématographie de fine pointe. L’éclairage sombre et dramatique d’abord inauguré par David Fincher en 2013 est toujours présent et le réalisme de cet univers politique est toujours aussi inspirant. Oh…et que dire des apartés de Frank à l’audience, toujours aussi bons. Vous ais-je dit….Claire nous voit aussi!
Ceci étant dit, il y a quelque chose de drôlement intéressant dans cette série, plus particulièrement cette année: sa résonance avec la réalité d’aujourd’hui! Eh oui, Donald Trump est président. Ce qui veut dire que les magouilles, les mensonges et l’avarice contagieuse pour le pouvoir n’est pas que pure fiction, nous en sommes réellement spectateurs en ce moment. C’est presque hilarant de constater que certains dénouements forment un parallèle parfait avec la présidence de Trump. Ok….un tout petit indice: « impeachment ». Un drôle de concours de circonstances, mais House of Cards saison 5 est tellement absurde et imprévisible…comme le président.
Somme toute, je sais qu’il y a une grande tendance de classer les séries en ordre de préférence, alors je me prête au jeu. Je vous laisse donc sur cette note évaluative, mais ne laissez pas mon opinion influencer votre intérêt pour cette série. Visionnez-là dès maintenant sur Netflix pour votre dangereuse dose de la meilleure drogue télévisuelle qui soit: Frank et Claire Underwood.
1) Saison 2
2) Saison 1
3) Saison 4
4) Saison 5
5) Saison 3
Tel que mentionné précédemment, cette saison est bonne, mais n’est pas celle qui nous donne le plus de sueurs froides. Peut-être sommes nous rendus à un moment où House of Cards est passée à travers la plus grande part de sa ligne narrative. Est-ce la fin de la série ? Une série 6 est-elle en préparation ? Les deux options sont tout à fait envisageables. Ne rangez pas votre bouteille de Bourbon et vos côtes levées tout de suite, Frank et Claire pourraient être de retour…
Commentez au bas pour nous dire ce que vous en pensez, mais la finale de la série 5, quoi que très divertissante, nous laisse encore en appétit pour la suite des choses. Nous arrivons très prêts de trouver la réponse à une question cruciale, une question que nous avions en tête depuis le tout début de la série: deviendra-t-elle plus puissante que lui…? J’aimerais croire que oui!
Disponible sur Netflix depuis le 30 mai 2017
Crédit photos: IMDB, Netflix
Nous arrivons à un moment où les scénaristes de House of Cards ont "étiré l'élastique", la saison 5 est bonne, mais nous donne moins de sueurs froides que les précédentes saisons. Ça reste la même série et la même ambiance, mais il serait temps à penser à une conclusion au récit des Underwood.
