Peu de films parviennent à nous faire ressentir de la véritable compassion pour un être qui pourrait très bien être une personne horrible. C’est le cas de Hard Candy, de Brian Nelson. Dans ce huis-clos à forte tendance psychologique, la jeune Ellen Page partage l’écran avec un Patrick Wilson plus charismatique que jamais… malgré ce qu’on l’accusera d’être.
Hard Candy, comme son nom l’indique, est assez difficile à visionner. Le tout débute par une conversation Internet. Une fillette se fait séduire par un adulte dont les intentions ne sont pas très louables. Durant quelques dizaines de minutes, le public assiste, impuissant, aux différentes manipulations de Jeff (Patrick Wilson), un présumé pédophile qui réussira à amener la fillette (Ellen Page) jusqu’à son appartement, où sont exposées plusieurs photos d’enfants en simple appareil. Un décor moins urbain et moderne que l’on pourrait croire au départ en regardant l’apparence du propriétaire.
Mais lorsque les cartes sont tirées, lorsque la victime semble avoir été prise au piège, coup de théâtre : Jeff s’écroule sur le sol, et ne sort de son inconscience que lorsqu’il aura été attaché sur une chaise par la jeune fille, qui se met à parler. Beaucoup plus mature qu’elle semblait l’être, elle aura tout préparé dans le but de se venger de tous les pédophiles de la terre… Et c’est le pauvre Jeff qui écopera. Pauvre Jeff, me direz-vous ? Mais pensez-y… Et si Jeff, au final, n’était pas réellement un pédophile ? C’est ce qu’il tentera de prouver au-travers du film.
Film coup de poing, drame, on pourrait qualifier Hard Candy de plusieurs manières. Mais, fort heureusement, on reste loin d’une ambiance plus gore à la Décadence. Même si la torture (autant physique que psychologique) est omniprésente de la première à la dernière scène, le tout est réalisé par Brian Nelson avec beaucoup de finesse et de maturité (ce qui contraste énormément avec son prochain film, 30 jours de nuit).
Hard Candy se situe donc presque entièrement dans la maison de Jeff. Deux personnages, un lieu, tout cela pourrait rapidement devenir ennuyant, mais le talent des interprètes fait de ce huis clos une pièce de pur plaisir. Que l’on s’identifie à l’un ou à l’autre des personnages (car, oui, c’est étrangement possible de s’attacher à ce pédophile tant il semble sympathique), la lutte mentale entre l’agresseur et la victime (qui est qui dans cette histoire ?) est fascinante. Et le tout gagnera en intensité jusqu’à une finale qui, si elle est un peu prévisible, est réalisée avec génie.
Malgré la thématique très sombre du scénario, Hard Candy provoquera étrangement quelques éclats de rire. À l’aide d’un humour sombre et ironique qui utilisera souvent le contraste entre l’agresseur et sa victime (et le revirement de situation inattendu pour le pédophile), le public pourra éprouver une sorte de défoulement en voyant un criminel enfin payer pour ses actes… Si criminel il est, évidemment.
Car saurons-nous qui est la véritable victime, dans tout cela?
https://www.youtube.com/watch?v=a-C2H4ipxz0
Date de sortie au Québec: 28 avril 2006
Crédit Photo: Google Images