Depuis plus d’une décennie, les films d’animation ont la cote et occupent une part plus que considérable dans le paysage cinématographique populaire et critique. La technologie en constante évolution permet aux créateurs d’élaborer des dessins frisant le réel de manière troublante et sidérante. Bien des studios se livrent des guerres sans merci. La qualité du contenant et du contenu des films de Pixar est souvent considérée supérieure à celle offerte par les studios de Disney, bien entendu lorsque les deux ne collaborent pas. Or, en cette période de Fêtes, on peut facilement démentir ce préjugé. Disney frappe fort avec son nouvel opus solo, La reine des neiges. Ce film possède l’intemporalité, l’intelligence, l’humour bon enfant ainsi que le charme élégant et jouissif des Belle et la bête et La petite sirène de ce monde.
La princesse Elsa (voix d’Idina Menzel), sœur aîné d’Anna (voix de Kristen Bell), est née avec un dangereux pouvoir presque impossible à gérer : elle peut créer des édifices de glace et transformer tout ce qu’elle touche en glace, y compris les humains. Celle que Régis Labeaume devrait engager pour son Palais de glace (scusez-la!) vit en marge de la société, au grand dam d’Anna qui n’a jamais été informée de la vérité. Cependant, tout change le jour où Elsa doit gouverner son pays. Elle n’arrive pas à contrôler ses pouvoirs et s’enfuit. Anna part à sa recherche accompagnée de Kristoff (voix de Jonathan Groff), un marchand de glace (de la vraie glace, pas de la…enfin vous comprenez!) et d’un sympathique bonhomme de neige du nom d’Olaf (voix de Josh Gad).
Convenu? Pas tout à fait. Oui, la prémisse ressemble beaucoup à un synopsis classique d’un film d’animation. Pourtant, les scénaristes esquivent les clichés et les chemins enneigées maintes fois empruntés. Ils réussissent même à produire un revirement de situation innattendu. Bien sûr, il ne faut pas oublier que ce long métrage s’adresse d’abord et avant tout à des frimousses : la fin est belle, heureuse et prévisible. Cela n’empêche pas au spectateur d’embarquer à pied joint dans l’aventure. Les raisons sont simples : l’esthétique, les chansons et les attachants personnages.
Visuellement, Frozen impressionne et déstabilise. Les couleurs sont vives, les textures riches et les détails minutieux. Il est impossible de rester de glace (ha!ha!) en contemplant les aurores boréales, les ruissellements de la rivière et la brillance de la neige. Le 3D aidant, ces éléments vont véritablement au-delà de leur nature numérique.
Les compositions originales accrochent des sourires à profusion. Les parents qui n’en peuvent plus des Hakuna Matata et Sous l’océan seront rassurés car le nombre des chansons est dosé à la perfection. Sans être des vers d’oreille, les refrains sont rassembleurs et joyeux. Les paroles s’avèrent recherchées et explorent habilement et subtilement les psychologies des protagonistes. En ce sens, il est important de souligner les talents vocaux de Véronique Claveau et Anais Delva qui campent les sœurs.
Finalement, les personnages. Le noyau de tout œuvre destinée aux enfants. Chacun des personnages sont bien construits, échappent sensiblement aux stéréotypes et contribuent au bon avancement du récit. Ils sont tous importants et intéressants. Aucun ne fait de l’ombre à un autre. Ceci étant dit, Elsa et Olaf risquent de marquer davantage l’imaginaire. Le bonhomme de neige dissymétrique apporte raisonnablement humour et allégresse. Le fait que ce soit Marc Labrèche qui lui donne le don de la parole (chose rafraichissante : Olaf est le seul personnage non humain capable de s’exprimer avec des mots) n’est certes pas étranger à son succès. Le prolifique comédien trouve toujours le ton juste dans les intonations et les fins de répliques adorables.
En bout de ligne, Frozen est non seulement le meilleur film d’animation de l’année 2013 mais également le meilleur divertissement familial de l’année. Les adultes ressortiront de la projection satisfaits. Ils auront entendu leurs enfants rire, s’émerveiller et chanter. Eux-aussi auront été plongé dans l’histoire car celle-ci n’infantilise et ne moralise pas. Maintenant, il ne reste qu’à espérer que Disney troque plus régulièrement des petites avions contre des glaçons…
Crédit Photos : Walt Disney Studios
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