Flashwood est le premier long-métrage de Jean-Carl Boucher, notamment connu pour ses rôles dans 1981, 1987 et 1991 de Ricardo Trogi et dans la série jeunesse Tactik. Il met en scène un groupe de jeunes, Luc (Pier-Luc Funk), Hugo (Antoine Desrochers), Ti-Max (Maxime Desjardins-Tremblay), Louis (Simon Pigeon) et Chris (Laurent-Christophe de Ruelle) qui parcoure l’adolescence en se questionnant sur leur futur, leur sexualité et leurs relations emprisonner dans leur banlieue tranquille. Disons que pour son premier long-métrage, Boucher s’est lancé dans une épreuve d’endurance en tournant son film sur une période de 7 ans. Cela ajoute un côté nostalgique à voir ce à quoi ressemblaient les actrices et acteurs à travers le temps. Il était clair qu’on n’allait pas réinventer la roue du coming-of-age/teen movie en nous présentant un projet entre amis avec une palette de jeunes comédiens et comédiennes que l’on a vus abondamment. On ne réussit tout de même pas à rendre l’histoire globale originale, si ce n’est que pour le personnage en fauteuil roulant, Ti-Max (Maxime Desjardins-Tremblay) qui apporte une piste intéressante sur l’adolescence et la sexualité chez les personnes à mobilité réduite. On tombe rapidement dans les clichés, les scènes tombent à plat et sombrent pratiquement toujours dans l’incertain et l’éparpillement. On ne sait jamais trop qui sont les personnages secondaires parce qu’on laisse planer le doute sur leur relation avec les autres, par exemple entre Ti-Max et la femme qui prend soin de lui. Ça rend les relations peu profondes et donc moyennement intéressantes.
Le coming-of-age est un genre qui me plaît énormément, parce qu’il met souvent en scène des personnages en quête d’identité et d’affirmation de soi. Ce genre met de l’avant les découvertes, les remises en question et les grands questionnements existentiels. Je pense à C.R.A.Z.Y (Jean-Marc Vallée), The Perks of Being a Wallflower (Stephen Chbosky), Boyhood (Richard Linklater), Mad Dog Labine (Jonathan Beaulieu Cyr & Renaud Lessard) et Jeune Juliette (Anne Émond) qui présentent des personnages colorés qui évoluent à travers une richesse scénaristique. Tout ces films présentent le passage à l’âge adulte de manière créative et unique avec un récit complexe, mais clair. Ces éléments ne sont pas aussi présents dans ce film. Le fait que Flashwood ait été tourné pendant 7 ans n’amène pas réellement d’originalité au scénario, étant donné que le film reste en surface sur plein de sujets (sexualité, identité, amour, relations, etc.) On n’a pas ici d’élément singulier, unique, qui permet à ce film de sortir de la masse de films du genre. Le nombre impressionnant de personnages et les quelque 90 minutes du film n’aident probablement pas.
Flashwood s’inscrit dans une ambiance parfois technopop avec notamment des extraits audio de Charlotte Cardin et Les Louanges. Comme à plusieurs moments dans le film, on sent que c’est un peu forcé pour faire beau et branché. Cependant, il reste très minimaliste dans la palette de couleur et dans la réalisation. C’est probablement l’aspect que j’ai trouvé le plus brillant. Boucher semble avoir un oeil sensible et artistique, car il réussit à créer de belles scènes sur le plan visuel. Il laisse les personnages développer leur jeu en ne cherchant pas à fuir vers la prochaine scène. Le ton contemplatif autant dans l’image, que dans le rythme et dans le dialogue est pour moi une des réussites du film. Cela laisse la chance à certaines scènes de devenir poignantes. Après un certain temps, le manque de caractère et d’audace dans le scénario rendent la contemplation moins agréable. En somme, Flashwood est un film qui démontre beaucoup de potentiel, mais qui manque de singularité.
Sortie en salle : 7 août 2020
Crédit Photos : Entract Films
Malgré une prémisse intéressante et l'oeil artistique aiguisé de Jean-Carl Boucher, le manque d'originalité et de richesse scénaristique laissent le film devenir quelque peu banal et inintéressant.