Ça s’appelle Fantastic Beasts and Where to Find Them, il mérite de le rappeler. Comment développer une œuvre cinématographique autour de ce qui était essentiellement un vrai-faux livre recueillant différentes espèces animales apparaissant dans une série bien plus intéressante (narrativement et thématiquement)? Justement, on fait le tour du sujet; après 2h10, le récit est loin d’être bien avancé et les protagonistes sont toujours aussi stériles.
Et pourtant, une lueur d’espoir: voilà un monde foisonnant qu’il est encore possible d’exploiter. D’autant que Rowling a toujours su commenter l’ordre des choses actuel à travers son monde fantastique, et ce, avec brio. C’est d’ailleurs dans ces moments que ce spin-off aux aventures du « garçon qui a survécu » en vient parfois même à les outrepasser.
Pensant y pouvoir dénicher une créature fantastique à répertorier dans son ouvrage Les Animaux fantastiques, le sorcier Newt Scamander se rend à New-York, à l’hiver 1926. Lorsque plusieurs des bêtes vivant à l’intérieur de la mallette du magizoologiste s’échappent, celui-ci devra s’allier aux sorcières Tina et Queenie Goldstein ainsi qu’au no-maj Jacob Kowalski, afin d’éviter que la panique s’installe dans les rues, le Congrès Magique des États-Unis d’Amérique voyant déjà en les pratiques de Scamander un acte de fanatisme envers le terroriste Gellert Grindelwald.
C’est donc le bestiaire de Scamander qui est l’élément charnière de ce premier chapitre sur cinq. Sauf que, si le souci du détail dans les effets spéciaux impressionne autant que nous charment les créatures titulaires (un « Niffler » – sorte de mélange entre une taupe et un ornithorynque – vole aussi bien la vedette que tout ce qui a de la valeur et a le malheur de se retrouver sur son chemin), celui-ci en vient à rendre les personnages humains accessoires à cette histoire, qui finit par se répéter. Ce qui est triste, lorsque l’on voit la finesse du jeu de Redmayne, donnant parfois l’impression que son Newt Scamander est affligé d’un trouble d’autisme; introverti, lorsque confronté à ses semblables, il apparait pourtant euphorique, en compagnie de ses animaux.
Par contre, force est d’admettre que ce sont Colin Farrell et Ezra Miller qui tirent leur épingle du jeu, tous deux se retrouvant avec ce qui pourrait bien faire partie du plus sombre matériel signé Rowling, dans le cadre de cette franchise. Certes, on demeure dans le divertissement familial, mais voilà une auteure intelligente qui voit ses spectateurs de la même façon; beaucoup est dévoilé à travers les non-dits et, lorsque l’anguille sous roche est dévoilée, le résultat ne manquera pas de terrifier les plus jeunes et rappellera aux désormais moins jeunes pourquoi l’ampleur du phénomène Potter était justifiée.
Il est donc d’hommage de se retrouver devant un récit désincarné opérant particulièrement sur la nostalgie. Toutes les trames n’ont pas le même intérêt, et ce, parce qu’elles sont habitées par des personnages ne trouvant pas tous leur pertinence. En attendant le prochain…
Crédit photos: Warner Bros. Pictures