Dimanche dernier, Fantasia entamait sa dernière semaine complète de programmation. Alors que le festival aurait pu jeter tout son dévolu sur ses dernières journées en les bombardant d’œuvres très attendues, celui-ci s’est plutôt concentré à offrir à son public un catalogue riche, et ce, à chaque semaine. Et c’est encore le cas.
Démarrant la semaine en grand, Jason Krawczyk nous offre avec He Never Died le portrait d’un homme, cannibale renfermé, qui peine à se mêler à la masse. De ses tendances meurtrières découleront des troubles avec la pègre, un passé insoupçonné révélé et un amour impossible. Dès les premières minutes, He Never Died assume haut et fort son humour noir, ses excès de violence et son protagoniste hors du commun à l’interprétation sobre, mais efficace. Bien que la fin aurait mérité un traitement moins dans la démesure, le récit parvient sans cesse à se renouveler, et ce, sans jamais livrer de gags qui tombent à plat. Particulier, unique et carrément hilarant, ce film saura intriguer tous les adeptes en quête d’une bonne dose comédie sanglante.
Malheureusement, ma joie fut estompée par un objet nommé Some Kind of Hate. Racontant le sombre destin d’une bande de jeunes troublés et habités d’une haine incommensurable, ce film ne peut s’empêcher de tomber dans les clichés « automutilatoires » et quasi sadomasochistes – rapprochant l’œuvre d’un ridicule « Emo-Films », si une appellation dans le genre s’applique. Mélangeant très maladroitement le drame et l’horreur, Some Kind of Hate ne cesse de se rabaisser à des partis pris de mise en scène risibles et à un traitement surnaturel grotesque. Bref, une expérience involontairement cocasse que je désirais oublier dès mes premiers pas à l’extérieur du théâtre.
Toutefois, la journée se conclue de manière tout à fait glorieuse. Réalisé par le déjanté Sion Sono, Love & Peace est un véritable bordel de couleurs, d’idées farfelues et de « kitschitude » absolue. Presque impossible à décrire, le dernier bébé de Sono se résume à ces quelques mots : une Rockstar has-been, une tortue géante, un amour destructeur et le père noël… oui, le père noël. Mélangeant étrangement, mais harmonieusement la comédie romantique, le film de marionnette et le monster-movie, Love & Peace est un véritable spectacle improbable et totalement ridicule – dans le « bon sens du terme ». De manière inexplicable, le tout fonctionne à merveille et donne à Fantasia une œuvre à se remémorer pendant encore longtemps.
Étant l’un des documentaires phares du festival, The Visit capta mon attention dès l’annonce de la programmation. Se présentant comme une simulation en cas de contact extraterrestre, le film de Michael Madsen porte d’énormes promesses thématiques et conceptuelles, mais ne réussit jamais réellement à leur donner vie de manière particulièrement intéressante. Ne se renouvelant jamais dans son propos, The Visit est au final que répétition et absence de faits. Bien que certaines séquences soient intéressantes, le tout est en général assez ennuyant et d’un cyclisme agaçant. De plus, lors du visionnement, il m’était littéralement impossible de ne pas penser à Visitors, de Godfrey Reggio, autre documentaire sur la thématique de l’observation de l’être humain portant une facture visuelle très similaire – Madsen s’en étant évidemment, sinon trop, inspiré… Bref, une triste déception.
Évidemment, l’un des événements les plus attendus de cette 19e édition du festival était la venue de l’acteur Kevin Bacon et du cinéaste Jon Watts à l’occasion de la première Canadienne du thriller policier Cop Car. Une projection sold-out, une conférence de presse très secrète, un tapis rouge frénétique; tout y était pour une soirée de visionnement hors du commun. Et c’est exactement ce qui fut livré au public. Non seulement les invités prirent le temps de répondre aux multiples questions suivant la projection, l’œuvre elle-même était d’une aussi grande générosité artistique et représente une réussite indiscutable de la part ce cinéaste au futur rayonnant – un futur habité par un homme-araignée du nom de Spider Man. Racontant l’histoire de deux jeunes garçons ayant volé une voiture de police trouvée au beau milieu de nulle part et les élans meurtriers du propriétaire de celle-ci (Kevin Bacon), Cop Car est un récit haletant et extrêmement bien construit à travers sa simplicité. Avec une mise en scène efficace et discrète, Watts ne désire clairement pas épater la gallérie avec des effets de styles renversants. Il opte plutôt pour un traitement sobre et au profit du récit – une démarche rappelant les œuvres de Jeff Nichols (Mud, Take Shelter). De plus, le travail d’interprétation, autant celui des deux garçons que celui de M. Bacon, est tout à fait remarquable, percutant et indéniablement l’un des points forts de l’œuvre. Cop Car est une note importante dans la programmation et signe d’une fin de festival qui promet énormément.
À rappeler qu’il vous reste moins d’une semaine pour apprécier le cinéma de genre du monde entier à travers l’une des plus grandes fiertés festivalières montréalaises. Courez acheter vos billets pour un rendez-vous hors de l’ordinaire.
Crédits photos: Google Images & Michael Charron/TonCanapé
