Avant-hier, le Festival Fantasia ouvrait officiellement ses portes à la presse du monde entier et au grand public avide d’étrangetés cinématographiques. Suite au dévoilement de la programmation, la diversité qui rayonnait des films n’a pas perdu de son éclat et brille on ne peut plus fort en ces premières journées riches en variété. Tout au long du festival, Ton Canapé s’engage à partager ses impressions sur le plus grand nombre de films possibles, et ce, à travers des articles récapitulatifs dans le genre. Évidemment, à notre plus grand malheur, il nous sera impossible de visionner et critiquer le catalogue dans son entièreté. Toutefois, attendez-vous tout de même à une bonne dose hebdomadaire d’œuvres survoltées qui n’attendent qu’à être apprécié.
Ouvrant solennellement le festival, Miss Hokusai, de Keiichi Hara, un véritable monument dans le paysage de l’animation japonaise, nous présente une authentique fable historique trempant fidèlement dans la culture japonaise. Le film nous propulse dans les années 1800 et nous fait découvrir la vie d’O-Ei, une peintre accomplie, et son père. Affirmant pleinement ses influences (Princesse Mononoke, Le Voyage de Chihiro… bref, la filmographie tout entière de Hayao Miyazaki ou du Studio Ghibli), le film de Hara est un véritable poème ambulant qui lance les festivités fantasienne avec panache, subtilité et sensibilité.
Parfois, certaines œuvres présentées à Fantasia ne correspondent pas totalement à la description typique des productions habituelles. C’est le cas du dernier film de Yann Gozlan, Un homme idéal. Mathieu Vasseur, un jeune auteur aspirant à la gloire, dérobe l’histoire d’un ex-militaire décédé et transforme celle-ci en roman à succès. De ce geste malhonnête découlera une série de mensonges meurtriers qui plongera le jeune homme dans une véritable spirale de paranoïa et de trahison. Ici, aucun monstre à l’horizon. Cependant, ce que nous offre Gozlan, c’est un suspense drôlement captivant.
L’œuvre du cinéaste est un véritable amalgame de plusieurs œuvres similaires et influences en tout genre. Empruntant au mystère de L’Écrivain Fantôme de Polanski et au thème du mensonge et de ses répercussions destructrices de L’Emploi du temps de Laurent Cantet, Un homme idéal présente un mystère intriguant et un thriller haletant qui, à quelques occasions, trouve une parcelle du cinéma d’Hitchcock – sans la maîtrise de ce dernier toutefois. Bien que la fin aurait mérité une métamorphose complète et que le classicisme général du projet ne bouleverse pas nos perceptions du cinéma, ce petit ovni de la sélection réussi fort bien à remplir sa mission – une mission qui se résume à une seule phrase très simple : captiver son public.
La deuxième journée s’acheva avec une œuvre d’horreur typique de Fantasia dénommée The Hallow. Nageant dans les eaux de la mythologie folklorique irlandaise, le film de Corin Hardy marque fortement par son univers riche, haut en couleur et surtout admirablement conceptualisé. Alors qu’un couple et leur bébé s’installent dans un chalet à la campagne, ces derniers se voient victimes d’intimidation de la part de la population locale et découvrent par la bouche de celle-ci un monde mystérieux et inquiétant qui dépasse tout ce qu’ils auraient pu imaginer. Malheureusement, l’histoire ne va pas plus loin que sa prémisse. Au lieu de développer des personnages intéressants, ou même d’approfondir cet univers plein de potentiel tirant ses racines du folklore irlandais, Hardy nous offre plutôt, le temps d’une quarantaine de minutes, Home Alone version monstre.
Bien que le manque de contenu significatif narratif empêche une certaine forme d’identification à l’endroit de la petite famille, le « contenant » du film, sa facture visuelle, en vaut amplement le détour. Rappelant fortement la démarche de Guillermo Del Toro dans Le Labyrinthe de Pan, la vision monstrueuse élaborée par Hardy est tout simplement magnifique : l’allure des créatures rodant dans la forêt, la direction photo très réussie, le travail épatant sur les couleurs, etc. Malgré avoir souhaité à plusieurs reprises durant le visionnement un fond légèrement plus substantiel, The Hallow est toutefois une belle réussite faisant rayonner l’Irlande à travers le paysage du cinéma de genre.
Après deux journées de cinéma empli de passion et de potentiel, Ton Canapé ne peut qu’être impatient face aux multiples projections à venir – projections tout aussi variées, sinon plus. La beauté de Fantasia réside, sans l’ombre d’un doute, dans l’idée qu’il est possible de voir réuni sous la même bannière un thriller policier français, un film d’horreur irlandais et un film d’animation japonais. « Diversité » est véritablement le mot qui s’applique le mieux à cette fierté festivalière montréalaise.
Crédits photos: Google Images & Michael Charron/TonCanapé