De 2010 à 2015, la série britannique de PBS Downton Abbey a enchanté les foules à travers le monde avec son sens des traditions et son fabuleux look d’antan de début du siècle. Avec House of Cards, c’était presque devenu la référence pour beaucoup de gens à l’université lorsque j’étais encore aux études. C’est une grande famille avec qui nous avons eu la chance de rire, pleurer et grandir pendant près de six ans, du moins ce fut le cas pour moi et les miens. Après une petite pause de trois ans, les producteurs de la série ont décidé de dire un dernier au revoir à leurs fans par une adaptation cinématographique de deux heures qui pourrait offrir une belle fin méritée à tous ses personnages. Pari réussi ou perdu? Disons que s’en tenir à la bonne vieille formule est toujours un choix gagnant.
Avertissement – pour tous les cinéphiles n’ayant pas suivi les six saisons de la série télévisée (maintenant disponibles sur Netflix) avant de voir le film, vous serez sans doute perdus. Ce film est littéralement dédié aux adeptes qui ont suivi les péripéties des membres de la famille Crawley depuis le début.
Nous sommes en 1927, deux ans avant le célèbre crash économique. La dernière fois que nous avons suivi l’histoire de la famille Crawley et de leurs domestiques à Downton Abbey, c’était il y a quelques années et tout le monde semblait très heureux, avec le bonheur à portée de main. Le patriarche de la famille, Lord Robert Crawley, connu sous le nom de Lord Grantham (Hugh Bonneville), et son épouse Cora (Élizabeth McGovern) reçoivent une lettre officielle de Buckingham Palace annonçant la venue du roi et de la reine d’Angleterre à Downton le temps d’une nuit. Bien vite, tout le manoir se préparera pour un gigantesque branle-bas de combat, chacun assumant leur rôle pour faire de la visite royale un réel succès qui marquera l’histoire. Autant du côté des domestiques que du côté de la famille, les intentions et leurs ambitions personnelles ne sont pas toujours très claires. Par la même occasion, la famille Crawley apprend qu’une cousine distante et détentrice de l’héritage de la famille (Imelda Staunton, la méchante professeure Ombrage dans Harry Potter) accompagnera la reine, leur donnant une occasion de garantir leur futur et de continuer à gérer Downwton Abbey.
Bien sûr, tous nos personnages sont au rendez-vous, incluant aussi la préférée de tous: la grand-mère Lady Violet Crawley (l’excellente et poignante Maggie Smith).
Manifestement, le scénariste Julian Fellowes a fait de la «jeunesse» et de la «succession» les thématiques officielles du film, voyant qu’il y a clairement un rapport de force de la nouvelle génération des Crawley sur la précédente, ce qui est aussi le cas pour les domestiques. Nous passons beaucoup plus de temps d’écran en compagnie des personnages de Marie (Michelle Dockery), Edith (Laura Carmichael) et Tom (Allen Leech), prenant en main leurs responsabilités envers Downton Abbey pour prolonger la tradition familiale, ce qui est une bonne chose. Du côté des domestiques de Downton, nous passons beaucoup de temps avec Daisy (Sophie McShera) et Thomas (Robert James-Collier), le dernier chapitre est d’ailleurs particulièrement touchant, les plus jeunes montant les échelons dans leur profession. En d’autres mots, à l’exception de la grand-mère fort divertissante et du major d’homme Charlie Carson, la première génération, donc les parents et les plus âgés, a moins de temps d’écran et un arc personnel plutôt faible. Ayant passé autant de temps après d’eux lors des six saisons de Downton Abbey, c’est une chose compréhensible.
Comme ce fut le cas tout au long de la série, nous apprécierons toujours autant les costumes et les décors de l’époque, redonnant toute la gloire méritée à la prairie anglaise et aux traditions de nos ancêtres lors des soirées dansantes. La cinématographie est colorée et magnifique, rendant leur tout fort attrayant pour les non-habitués. Que dire aussi du scénario épuré et léché, nous rendant presque analphabètes considérant notre nouvelle interprétation familière de la langue anglaise.
Toutefois, comme c’est souvent le cas dans l’adaptation d’une série télévisée au cinéma, le rythme et la structure du récit sont plus lents et moins dynamiques, comme si nous regardions un plus long épisode à la télé. Ceci pourrait en agacer quelques-uns, mais l’ensemble est une oeuvre bien ficelée.
Somme toute, Downtown Abbey est une merveilleuse petite touche finale à une série qui sut nous marquer et nous réconcilier avec les traditions et les bonnes manières de nos ancêtres. Bien loin d’un chef d’oeuvre, le film fait pourtant bien ce qu’il est: une longue version d’un épisode qui a su offrir tout ce dont les fans ont aimé de leur série.
En salles depuis le 20 septembre.
Crédit photo: Rotten Tomatoes, IMDB
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