Étant un skieur assidu, j’étais bien curieux de voir ce film en salle pour commémorer nos hivers assez percutants. Cette comédie dramatique hivernale est en fait le «remake» américain de l’excellent film franco-suédois Force Majeure (2015). Réalisé par un duo, Nat Faxon et Jim Rash, voici le mauvais remake que nous n’avions jamais demandé, gaspillant possiblement le grand talent comique de Will Ferrell et Julia Louis-Dreyfus pour une comédie dramatique plus ou moins bien cousue. Mettez vos bottes et enfilez vos skis, allons descendre les magnifiques pistes autrichiennes, mais tout en grinçant les dents tout au long de la descente.
Une petite famille américaine décide de s’offrir une vacance hivernale dans les montagnes autrichiennes pour descendre les magnifiques pistes enneigées. Pete (Will Ferrell, fidèle à lui-même) et Billie (Julia Louis-Dreyfus, plutôt bonne) tiennent aussi à profiter de cette vacance pour recharger leurs batteries et bien prendre soin de leur couple et de leurs deux fils (Julian Grey et Ammon Jacob Ford). Profitant des pistes de ski et du soleil, un léger accident de terrain impliquant une avalanche les prendra par surprise et forcera Pete à prendre une décision instinctive qui sera…disons…discutable. En réaction au geste de Pete, Billie et les enfants seront sous le choc et l’ambiance familiale deviendra bien vite tendue. Plusieurs petites mises en situation, parfois loufoques et parfois dramatiques, testeront le couple ainsi que leurs aspirations à titre de parents.
Quelques amis, des collègues de travail, des touristes et des coachs de ski viendront s’incruster dans le petit nid familial, ce qui viendra bien sûr compliquer les choses. Oh…et ne manquez pas le caméo de Tormund, le grand roux de Game of Thrones qui est aussi une star du film original.
J’avais des espoirs pour ce remake, je croyais que le charisme de Ferrell et Dreyfus serait suffisant pour nous captiver, mais c’est malheureusement plutôt raté. Même si ce film contient plusieurs des mêmes scènes issues du film original, ce sont les nouvelles scènes abordant un ton comique qui rendent le montage final décousu et décevant. Le ton n’est pas égal tout au long du film, et nous sortons bien vite du «mood» dramatique de l’histoire qui nous avait autant conquis dans le film suédois.
Toutefois, il faut reconnaître le talent de Julia Louis-Dreyfus (l’excellente protagoniste de la série télé Veep), qui donne somme toute une performance plutôt impressionnante. Juste par elle-même, elle transporte le fardeaux dramatique et émotionnel du film sur ses épaules quand le reste mijote trop vers la comédie ou le «feel good movie». L’une des scènes d’introspection du couple est particulièrement réussie, où les émotions de Julia crèvent l’écran. Will Ferrell fait ce qu’il peut, mais disons qu’il n’est pas tout à fait reconnu pour son talent à titre d’acteur dramatique, rendant son père de famille plutôt stoïque. Le gros boulet de ce film, qui nous tombe sur les nerfs à un point tel, c’est malheureusement le pitoyable personnage de Miranda Otta (elle jouait Eowyn dans la franchise The Lord of the Rings, vous vous souvenez?), sous les traits d’une hôtesse allemande coquine qui ne fait que parler de sexualité. Aussitôt qu’elle apparaît, le film bascule d’un drame à une comédie adolescente et absurde. C’est incroyable de constater qu’un seul personnage peut faire dérailler un film à ce point, mais c’est réellement le cas ici.
Mise à part pour la mère de famille, la cinématographie est plutôt impressionante, nous offrant des paysages enneignés magnifiques et des prises de vue en mode «travelling» en suivant les membres de la famille descendre les pistes ensemble. Vous pouvez facilement détecter certains mauvais arrières-plans crées par CGI, ce qui n’était pas du tout utile.
Bien malheureusement, si le remake Downhill et l’original Force Majeure sont deux skieurs côte à côte descendant les pentes de ski du Mont-Tremblant à vive allure, l’oeuvre originale arrivera très certainement en premier au bas de remonte-pente. Continuant sur cette même allégorie, le film suédois a su capter notre attention en 2015 par son élégance, sa mécanique, le bon rythme de ses virages et une mise à carre impeccable. Downhill, de son côté, serait le skieur débutant en chasse-neige (la célèbre pointe de pizza) avec ses deux batons dans les airs. Les réalisateurs américains n’étant sans doute pas mal intentionnés, ils ont injecté une trop grande couche de malaise et d’humour, ruinant ainsi le propos dramatique et humain du film. C’est bien dommage, mais nous skierons l’an prochain, idéalement mieux et plus rapidement!
En salles dès maintenant.
Crédit photos: Rotten Tomatoes
Une slushie en hiver peut être ironique et drôle, mais c'est une opportunité manquée de boire une boisson chaude et réconfortante comme un chocolat chaud ou encore un Whisky Canadien. En fin de compte, boire une slush au chalet au retour d'une journée de ski est une blague ironique, comme ce film.
