À quoi ressemble un agencement absolument parfait pour me faire plaisir? Réunissez ensemble un petit boitier vert néon, un titre accrocheur et une indication qui saura sans le moindre doute attirer mon attention: des créateurs de Coraline. Voilà, Chris Butler et Sam Fell ont visé juste. Paranorman s’est mérité mes applaudissements de gamine qui ne grandit pas.
C’est dans la ville de Blithe Hollow, inspirée à la fois du très sombre Sleepy Hollow (Tim Burton) et de la célèbre Salem, que vit le jeune Norman Babcock, lequel souffre d’un profond rejet, tant de la part de sa grande soeur que celle de ses compagnons d’école. La raison de cette malencontreuse situation tient en un fait très établi: Norman, bien malgré lui, cohabite, communique et partage son monde avec un nombre incalculable de fantômes. Personne ne croit le jeune garçon, outre son oncle un peu dingue et peu apprécié du reste de la famille, lui-même habité de ce don particulier. C’est d’ailleurs ce dernier qui informera Norman des réalisations qu’il doit effectuer: empêcher cette très peu désirée situation où des zombies qui n’attendent qu’à sortir de leur tombe pour effrayer les habitants de Blithe Hollow se vengeraient d’une certaine sorcière qui serait la raison de leur décès. Vous avez compris: c’est tiré par les cheveux, c’est effrayant, et c’est exactement le genre de truc dont vous allez raffoler.
Ceux qui ont visionné Coraline le savent déjà. L’expérience visuelle qui vous attend dans cet univers particulier est absolument phénoménale. L’animation des personnages, les décors, les mouvements, les couleurs et les émotions sont des plus savoureux, et ils sont le résultat parfait d’un travail acharné. C’est désarticulé mais c’est à la fois très fluide, c’est sombre mais c’est immensément brillant. La dualité compose l’espace visuel et crée ainsi un monde effroyablement unique.
Du côté du scénario, et bien malgré vous, vous n’aurez d’autre choix que de devenir un membre de cette aventure et suivre avec passion et inquiétude Norman, jeune homme aux convictions et croyances très solides. C’est un voyage au coeur des différences, et elles se font d’ailleurs dans ce cas précis des plus marquantes et morbides, ce qui oblige une très belle expérience cinématographique. Le tout est finement complété par une trame sonore qui se joint parfaitement au reste de l’univers sonore, le complétant avec génie.
Par ailleurs, et c’est là un cadeau destiné aux adeptes du cinéma d’horreur, nombreuses sont les allusions aux clichés les plus démentiels et reconnus des films à la base de ce style. De Frankenstein aux plus grands films de zombies, c’est le thème de la peur qui prédomine et prend sa place: la peur de soi, de l’autre, de l’inconnu et de la prise de position. Et le tout, ironiquement, est allégé par la peur des morts-vivants.
Les actions ne sont pas nombreuses mais sont techniquement magistrales et composent de manière ingénieuse ce récit assez improbable. L’ingéniosité de ce jeune Norman saura vous combler et vous offrir un peu de ce courage qu’il n’est offert qu’aux enfants d’avoir: celui où les apparences ne sont pas les seules à être déterminantes.
C’est savoureux, ingénieux, magnifique et rempli de créatures cadavériques. Laissez-vous tenter, c’est un peu comme fêter l’Halloween quand ce n’est pas permis. Et les cinéphiles d’aujourd’hui vivent dangereusement.
http://www.youtube.com/watch?v=OODm9Z4GSkA
Crédit Photo : Alliance Vivafilm
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