Après seulement une année de répit, le réalisateur Jeff Nichols nous arrive avec sa toute nouvelle œuvre, Mud – Sur les rives du Mississippi. Une histoire éclatante de vérité qui, malgré quelques petits accrochages scénaristiques, répond aux attentes en terme d’ambiance, de recherche et de qualité visuelle. Un grand film à voir.
Jeff Nichols, qui avait trouvé sa voie dans la réalisation très humaine de sa dernière œuvre, Take Shelter, précise encore plus son art en réalisant un an plus tard Mud – Sur les rives du Mississippi. Ne vous laissez pas berner par l’allure de Robinson Crusoé des temps modernes se cachant derrière les traits de Matthew McConaughey sur l’affiche du film : le personnage de Mud est tout sauf mauvais, le fusil qu’il arbore fièrement afin de faire mousser les ventes n’étant qu’accessoire dans cette fable presque irréelle de Jeff Nichols.
L’œuvre, comme le nom l’indique, se situe donc en bordure du Mississippi. Les habitants de cette région, survivant de peine et de misère grâce à la pêche et à l’art de frapper n’importe qui sans raison (cette caractéristique rejoignant étrangement la majorité des enfants du film), ont tout de même une vie plutôt paisible.
C’est donc avec une immense surprise que les jeunes Ellis (Tye Sheridan, connu pour son rôle dans l’excellent Tree of life) et Neckbone, lors d’une escapade interdite dans les îles et les marais du Mississippi, découvriront une habitation plus que modeste juchée entre deux arbres. C’est là que demeure le mystérieux Mud (interprété avec finesse par Matthew McConaughey), un homme dont on ne connaît rien sinon qu’il fuit la société, seul avec son fusil.
Même si des enfants normaux prendraient les jambes à leur cou à devant une telle découverte (surtout si on considère l’odeur probablement accumulée par Mud au cours des années d’exil, mais c’est une autre histoire), les deux protagonistes de Mud – Sur les rives du Mississippi s’en font plutôt un ami. Un ami mystérieux, mais aussi secret, car Mud est connu de certains habitants du petit village… en bien comme en mal.
Plus le film avancera, plus le spectateur découvrira les aspects de la personnalité de Mud; sa grande générosité bien camouflée derrière sa stature imposante, son côté romantique (à sa manière!), son gout très raffiné pour les haricots en conserve. Les enfants, de fil en aiguille, s’investiront d’une sorte de mission pour venir en aide à leur nouvel ami. C’est que Mud, dans ses jours meilleurs, s’est entiché de la jeune Juniper (Reese Witherspoon pas au sommet de sa forme), et seuls les deux enfants peuvent l’aider à reconquérir cette vieille passion.
Les personnages de Mud – Sur les rives du Mississippi ont donc beaucoup à nous offrir, tant au niveau dramatique qu’au niveau humain. Même si Mud est joué à merveille et est très intéressant, c’est plutôt les jeunes enfants qui volent la vedette, de par leur insouciance et leur réalisme. La curiosité malsaine qui animera ce duo tout au long du film nous rappelle la frénésie que nous ressentions lorsque nous découvrions un nouveau jouet. À l’exception que le jouet représenté dans Mud est une sorte d’homme de Neandertal avec un fusil. Légère nuance, tout de même. Les personnages adultes, quant à eux, ne sont pas du tout attachants, ni même réalistes, tant ils gravitent autour de l’univers presque féérique des enfants. On a particulièrement de la difficulté à croire aux méchants principaux du film, qui ne sont que méchants, et pas du tout attachants.
Mis à part ce petit bémol, Mud – Sur les rives du Mississippi est un film tout à fait réussi. Le scénario est excellent, l’évolution des personnages est entièrement fluide, à l’exception, encore une fois, des ennemis principaux. Ceux-ci ont comme trait de personnalité le plus profonde leurs biceps et leurs armes à feu, qui ne servent pratiquement à rien, à l’exception d’une scène à la Rambo venant à la toute fin du film.
Le point fort de Mud est sans aucun doute son grand réalisme. Même si le film est tourné d’une manière fort conventionnelle sans grande prouesse à la réalisation, l’écriture des dialogues (assurée par Jeff Nichols) est très fluide et passe très bien le test. La documentation du scénariste est aussi très impressionnante. Le spectateur s’enlisera dans les marécages du Mississippi aussi facilement que les serpents dans la boue Louisianaise. Serpents qui, d’ailleurs, font frissonner chaque fois qu’ils apparaissent à l’écran, même si au final, ils n’agiront pas très souvent dans le scénario principal.
Bref, Mud – Sur les rives du Mississippi est un film que j’aurais adoré trainer dans la boue (ne serait-ce que pour l’astucieux jeu de mots), mais qui, malgré quelques personnages moins attachants et un scénario un brin trop prévisible, se veut aussi entrainant que des sables mouvants.
http://www.youtube.com/watch?v=Jh1IZBrcQkY
Crédit Photo : Les Films Seville
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