Il y a douze ans, mon père m’emmenait au cinéma. C’était une journée ennuyante et il était à court d’idées. Il y avait à l’affiche un autre de ces «maudits films d’animation» dont les studios nous gavaient à l’époque, et bien qu’il soit cinéphile depuis toujours, ça ne lui disait pas grand-chose. Pourtant, dès les premières secondes, alors qu’un monstre s’aventurait en catimini dans une chambre d’enfant, juste avant de trébucher et de provoquer notre fou rire instantané, nous savions que ce n’était pas un film parmi tant d’autres. Ça allait être un grand film. Ça allait être notre film. En sortant de la salle qui venait de nous présenter Monstres. Inc, mon père m’a regardée droit dans les yeux et m’a dit: «Quand le deuxième sort au cinéma, on y va ensemble! C’est le meilleur film de tous les temps!» Et il a tenu sa promesse.
L’Université des Monstres est la préquelle de Monstres. Inc. Ainsi, le film prend place, chronologiquement, avant son prédécesseur. C’est une première pour Pixar et c’était un défi de grande envergure pour ce studio, qui se voyait dans l’obligation de reprendre une histoire connue par coeur par son public et la renouveler de manière à plaire à des petits, des grands, et ceux qui ne veulent pas grandir. C’était risqué, mais ça en valait pleinement la peine.
Voici donc que nous retrouvons Mike Wasowski et Sully, deux fidèles coéquipiers, à une époque où ils n’étaient pas particulièrement chauds à l’idée d’être copains. Leur rivalité, à un certain point, leur fait perdre leur place dans leur programme universitaire, et leur seule façon de retrouver cette dernière est de participer aux Jeux de la Peur, lors desquels s’affrontent entre eux tous les monstres les plus effrayants du campus. À court d’équipe, ils se tournent donc vers les Oozma Kappa, une faculté composée des êtres les moins terrifiants qu’il existe. C’est à ce moment que naît une magnifique complicité entre les deux rivales, qui apprennent alors qu’il vaut mieux s’aider au nom de la peur que se battre pour la fierté!
Ce qui distingue L’Université des Monstres de tous les autres films de Pixar, c’est qu’il ne s’adresse pas à des enfants. Entendons-nous: évidemment que les petits apprécieront avec grand plaisir ce nouveau long métrage! Mais il s’adresse avant tout à la génération qui les précède. À la génération qui, il y a douze ans, se retrouvait elle aussi et au même moment que moi, dans une salle bondée qui n’en pouvait plus de rire devant tant de génie. C’est un film qui oblige un voyage en soi, une rencontre avec l’enfant que nous étions à l’époque. Pour deux heures, tous les gens qui se trouvaient dans la salle de cinéma n’étaient plus adultes. Ils étaient redevenus des gamins au coeur qui débattait trop fort pour rester de marbre. Il y a longtemps que ça ne m’était pas arrivé.
C’est un grand scénario. C’est un bel univers. C’est les monstres qu’on connaissait déjà mais sous un oeil nouveau. C’est le travail acharné d’un projet qui méritait sans le moindre doute un deuxième volet, et c’est réussit sous tous les angles. Pas la moindre chose à redire, sinon que Georges Saint-Pierre ne fera jamais carrière dans le doublage. Attendez de voir.
C’est le film de l’année, en ce qui me concerne. Pour une simple et bonne raison: il permet de retrouver cette folie d’enfant qui s’éteint avec le temps. Et c’est grâce à ces deux héros qui me suivent depuis déjà belle lurette.
Mike et Sully, on se revoit bientôt.
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