Ceux et celles qui ont lu ce chef-d’œuvre de Yann Martel comprendront mon engouement face à la sortie du film Life of Pi réalisé par Ang Lee. Pourtant, le récit n’est pas un qui s’adapte facilement au grand écran. On n’a qu’à penser à un huit clos de plusieurs semaines sur une petite barque entre un tigre féroce et un jeune garçon pour se rendre compte de la difficulté de la tâche. Heureusement, la technologie étant comme on la connait, le projet fut adapté. Le résultat s’avère un film envoutant, enrichissant et visuellement époustouflant.
Lors de la représentation, la salle était bondée, remplie en majorité par des enfants. Le public cible, selon moi, n’est pas ce groupe d’âge. Pourtant, durant toute la projection, aucun son, si ce n’est que quelques bruits d’émerveillement provenaient de l’audience. L’histoire de cet Indien nommé Pi est une histoire d’aventure certes, mais surtout poétique et métaphorique. On suit le périple de Pi Patel, raconté par celui-ci à l’âge adulte, alors que tout s’est déjà passé. On passe alors de son enfance passée en majorité dans le zoo de son père, les églises de différentes religions et les piscines de l’Inde. D’ailleurs, le générique de début, nous montrant les animaux de cedit zoo est magnifique et provoque l’émerveillement à tout coup.
L’élément phare du récit survient lorsque sa famille est forcée à déménager en bateau jusqu’aux États-Unis… avec tous leurs animaux. Malheureusement, une tempête fera sombrer le navire, ses occupants ainsi que la plupart des animaux. Comme seul survivant : Pi Patel, un zèbre, un orang-outan nommé Orangeade, une hyène et un tigre. Une des beautés du film (peut-être pas pour les enfants) est qu’il n’est pas magique à la Walt Disney. Les animaux ne partagent pas le bateau dans l’harmonie, et comme dans la jungle, c’est la loi du plus fort. Sans rien dévoiler, disons seulement que certains passeront un sacré quart d’heure. À cet instant, Pi et le tigre devront apprendre à habiter ensemble pour survivre dans cette mer agitée et infestée de requins.
La magie du film réside autant dans les images colorées que dans l’ascension unique dans la psychologie et la philosophie du personnage. On en ressort presque aussi grandi que cet Indien débrouillard. Les effets spéciaux et l’animation par ordinateur sont tout simplement magistraux. Un vrai tigre pour le tournage aurait été sans doute impossible. On ne peut qu’être impressionné par l’équipe qui a modélisé le tigre et tous les autres animaux. Chacun des mouvements, réactions, émotions du tigre nous font complètement oubliés qu’il s’agit d’animation créée par synthèse. C’est la qualité de l’animation et les plans colorés qui attirent l’attention des plus jeunes. Bien sûr, quelques plans feront sursauter les enfants (et les plus vieux), mais le 3D ravira tout le monde. Contrairement à beaucoup de films où l’on ajoute cette nouvelle technologie à titre plus lucratif qu’artistique, Life of Pi sait profité pleinement et cela ajoute beaucoup à l’immersion.
Ang Lee a pris le risque de prendre un jeune acteur encore méconnu pour jouer le rôle du héros. Choix judicieux, car Suraj Sharma colle parfaitement au personnage imaginé par Yann Martel. Son visage inconnu ajoute énormément au réalisme du film, même s’il est fondamentalement surréaliste. Une des forces du film que l’on retrouvait beaucoup moins dans le livre est l’aspect « indien ». De page en page, on perdait ce côté oriental dans les environnements et surtout dans le personnage. Le long-métrage est donc plus ancré dans sa réalité.
Ceux qui auront lu le livre seront réjouis; L’Histoire de Pi fait partie des plus fidèles adaptations cinématographiques qui m’ait été permis de voir. Le réalisateur réussit à recréer cet univers avec beaucoup de respect tout en ajoutant une fantaisie. Il enlève malheureusement cette ambigüité à la toute fin, qui dans le livre permettait de nous toucher davantage en nous donnant le choix de croire à cette histoire ou pas.
2012 aura été une année garnie en chef d’œuvre cinématographique et Life of Pi fait bel et bien partie de cette liste. L’émerveillement et la joie ressentie après la représentation valent à eux seuls, la nécessité de voir ce petit bijou sur le plus grand écran possible. Espérons qu’il recevra quelques statuettes et qu’il aura un succès monstre au box-office. Pour ses tableaux poétiques, sa musique envoutante et son félin attachant, il le mérite amplement.
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