Il y a des acteurs qui deviennent populaires pour on ne sait quelle raison. Ils ne sont pas particulièrement talentueux, ni charismatiques. Mais, allez savoir pourquoi, ces acteurs se retrouvent très souvent en tête d’affiche. C’est d’ailleurs le cas de Dwayne Johnson, que l’on a vu dernièrement dans Voyage au centre de la Terre. Cependant, il arrive que même des acteurs de cet acabit puissent nous surprendre. Un éclair de lucidité, de génie, qui donne au final un très bon film. C’est le cas de L’infiltrateur.
Le dernier film de Ric Roman Waugh (plus connu pour ses cascades que pour ses quelques réalisations) se veut inspiré d’évènements vécus. Mais attention, ici. Il est très important de faire la différence entre un film inspiré de faits réels et un film dont les faits sont vérifiés. Je m’explique : le premier genre de film, dont L’infiltrateur fait partie, ne se vante pas de décrire une histoire vraie. Donc, les spectateurs ne doivent pas tout prendre au pied de la lettre lorsqu’ils visionneront le long métrage.
L’intrigue en elle-même est assez intéressante : Lorsque son fils se fait arrêter pour possession et distribution d’une grande quantité de drogue, John Mattews (Dwayne Johnson, alias The Rock) tente d’obtenir sa liberté. Par contre, le seul moyen de sortir son fils des verrous est que celui-ci dénonce un important trafiquant de drogue. Devant le silence de son fils, qui refuse d’être une taupe, John se donnera pour objectif d’infiltrer un cartel de drogue afin d’identifier son leader. De cette manière, il pourra obtenir la liberté de son fils.
L’intrigue semble bien absurde, mais je vous assure qu’elle est bien crédible dans l’univers du film. En effet, John Mattews est propriétaire d’une entreprise de livraison, et il proposera au cartel d’acheminer leur drogue à différents endroits dans le pays. Il possèdera alors un pouvoir suffisant pour grimper les échelons et, éventuellement, atteindre son objectif. Bien entendu, tout ne se passera pas comme prévu…
Malgré son intrigue qui pourrait laisser place à une grande violence, L’infiltrateur est un film très sobre et dépourvu d’action. En effet, à l’exception des vingt dernières minutes (qui sont d’ailleurs très décevantes par-rapport à l’ensemble du film), pratiquement aucune balle n’est tirée et aucun coup n’est donné. Par contre, pas d’inquiétude. Les évènements s’enchainent tout de même très bien, et si les protagonistes n’utilisent pas beaucoup de poudre à canon, ils ont tout de même leurs méthodes pour donner quelques sueurs froides aux spectateurs.
La beauté du film ne réside donc pas dans la quantité de violence et de batailles que se livrent les protagonistes. En effet, tout le charme de L’infiltrateur se situe dans la qualité de sa distribution. Dwayne Johnson, dont la présence inquiète (avec raison!), est très surprenant. Mais ici, c’est Jon Bernthal (The Walking Dead) qui vole la vedette. Son rôle, bien que très difficile à interpréter à cause des scènes chargées d’émotion auxquelles il prend part, est joué à merveille, ce qui fait de lui le personnage le plus intéressant du film. C’est aussi celui qui est le plus développé, car, admettons-le, les autres protagonistes sont plutôt banals et sans intérêt. On oubliera vite le criminel assoiffé de violence, la mère épleurée et l’avocate sans scrupule (même si Susan Sarandon l’interprète à merveille). Par contre, le personnage joué par Bernthal est fort intéressant. Je n’en dis pas davantage.
L’infiltrateur gagne beaucoup de points grâce au réalisme de son scénario. Les fans de la série The Wire (Sur Écoute) auront d’ailleurs la chance de retrouver le même style d’intrigue, en plus de revoir l’excellent Michael Kenneth Williams dans un rôle similaire à celui du célèbre Omar. C’est donc un délice de revoir l’acteur, fusil en main, diriger un important réseau de drogue. Laissez-moi vous dire qu’il n’a pas perdu la main.
Outre son excellente distribution, L’infiltrateur est un excellent divertissement. La réalisation, la direction photo et le montage n’ont rien à se reprocher, sinon leur côté très académique. Le scénario semble réglé à la minute près, selon les conventions Hollywoodiennes, ce qui est très dommage, car quelques surprises auraient été très appréciées. On se retrouve plutôt avec une intrigue somme toute très prévisible et quelques scènes qui nous font hausser un sourcil (la seule scène d’action, à la toute fin du film, semble avoir été ajoutée afin d’attirer un plus grand public).
Malgré ces quelques défauts, L’infiltrateur reste un très bon film. N’allez pas le voir si vous désirez voir des fusillades, de l’action et des cascades spectaculaires : Die Hard 5, malgré son mauvais accueil critique, est sans doute meilleur dans le genre. Mais pour un divertissement conventionnel mais pas mauvais, pour un jeu d’acteur très satisfaisant et pour deux heures de bon temps, L’infiltrateur est un très bon choix.
Après tout, lorsque Dwayne Johnson semble avoir une formation d’acteur, il faut bien en profiter. Non?
Crédit photo : Alliance Vivafilm
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