Le cinéma populaire, servant essentiellement au divertissement pur et dur, a la cote depuis quelques temps. C’est d’ailleurs en partie à cause de la saga Twilight que plusieurs cinéphiles ont perdu le gout de cette catégorie de cinéma davantage populiste qui se fait aujourd’hui. C’est pourquoi l’arrivée d’un tout nouveau film tiré de l’imagination de Stephanie Meyer, Les âmes vagabondes, a de quoi faire peur. Aurons-nous droit à un autre triangle amoureux impossible entre trois créatures surnaturelles?
Je me permets de répondre tout de suite à la question que je viens de poser : Oui. L’intrigue de Les âmes vagabondes comporte sa part d’amour cliché et impossible entre une femme et deux demi-dieux presque parfaits qui feraient tout pour un baiser. Mais, vous, hommes les plus machos, ne partez pas tout de suite : l’intrigue amoureuse, dans la dernière réalisation d’Andrew Niccol, est beaucoup moins importante que dans la saga Twilight.
«Quoi? Tu veux dire que tu as aimé le film? Mon Dieu, Miguel, qui es-tu donc?»
Ne tire pas de conclusions trop hâtives : certes, l’intrigue de Les âmes vagabondes est bien plus intéressante qu’une guerre entre vampires et loup-garous. Malheureusement, celle-ci semble bâclée, est inintéressante et manque effroyablement d’originalité.
«Mais Miguel, cette intrigue, quelle est-elle donc?»
Oui, oui, je vais te raconter l’histoire du film. Mais tout d’abord, je voudrais te présenter à mes lecteurs : chers lecteurs, voici ma voix intérieure. Tout au long de la critique, elle coupera mon texte avec d’innombrables phrases dérangeantes et insupportables. Exactement comme dans Les âmes vagabondes. Car l’intrigue du film se situe dans un futur où une race extraterrestre a pris possession des corps des humains. Donc, la protagoniste, Melanie, a deux personnalités distinctes : la sienne et celle que l’extraterrestre (Wanda) occupe.
En clair, tout au long de Les âmes vagabondes, vous aurez le plaisir d’entendre la voix de Melanie qui, enfermée à l’intérieur de son propre corps, ne trouve rien de mieux à faire que de se plaindre. Charmant.
«Tu n’as toujours pas dit l’intrigue! Tu te prends pour qui?»
Du calme, voix intérieure, j’y arrive. L’histoire est donc celle de Melanie qui, prisonnière de son propre corps, veut savoir si sa famille est toujours en vie. Elle devra donc interagir avec l’extraterrestre qui contrôle son corps afin de développer une amitié avec celle-ci. Une fois que cette étape sera franchie, elle n’aura plus qu’à partir à la recherche de sa famille.
Mais ce projet n’est pas aussi simple qu’il en a l’air. En effet, aussitôt que Melanie (et Wanda) part vers l’inconnu, elle est poursuivie par une bonne partie de la communauté extraterrestre, déterminés à retrouver Wanda, qu’elle considère comme une traitresse. En gros, Melanie cherche sa famille, les extraterrestres cherchent Wanda, et cette dernière cherche… à embrasser le maximum de garçons. Car au cours de son périple, Melanie/Wanda rencontre plusieurs hommes (tous musclés et parfaits, évidemment). Et les spectateurs assisteront à autant de scènes d’embrassades inutiles qu’il y a d’acteurs masculins dans le film.
«Mais, Miguel, est-ce un film d’amour ou un film de science-fiction?»
Pour être clair, Les âmes vagabondes est autant un film de science-fiction que Twilight était un film fantastique. L’œuvre emprunte certes des éléments clés de la science-fiction, mais dire que le film appartient à ce genre serait bien exagéré. En effet, après moins de 45 minutes de visionnement, la famille de Melanie et retrouvée et l’intrigue tourne en ce dont je redoutais depuis le tout début.
«Quoi? Kristen Stewart?»
Non, par chance. Mais malheureusement, après à peine la moitié du film commencée, l’intrigue laisse place à un triangle amoureux. Et voilà l’histoire principale, qui avait beaucoup de potentiel, oubliée et bâclée pour prioriser des petits bisous. Je dois quand même admettre que l’intrigue amoureuse, même si elle est bien cliché, possède quelques caractéristiques fort intéressantes.
«Quoi, quoi? Je meurs d’envie de savoir!»
Je te comprends, petite voix. Cependant, je ne souhaite pas trop en dire, de peur de gâcher le plaisir de ceux qui lisent ceci. Je peux quand même mentionner qu’il s’agit d’une intrigue amoureuse entre deux hommes et deux femmes… qui en réalité, n’en sont qu’une. Voilà, j’ai tout dit. Cette petite variation intéressante aux histoires d’amour habituelles sauve carrément le film. Car en effet, si l’intrigue d’origine s’était étiolée pour laisser place à une banalité, le produit final aurait été raté. Ici, au moins, on se retrouve devant un relatif jamais vu.
«Et les extraterrestres, ils sont comment?»
Malheureusement, les extraterrestres sont tout sauf extraterrestres. Si vous vous attendez à une invasion terrestre en bonne et due forme, avec tout ce que cela comporte d’attaques armées et de violence, détrompez vous : ici, nous avons affaire à une race extraterrestre pacifique qui prône la non-violence. Et niveau visuel, rien de très gros, puisque les envahisseurs prennent possession du corps des humais. Ça brise un party.
«Alors, tu as aimé ou pas?»
Mon avis face à Les âmes vagabondes est bien mitigé. Certes, l’histoire est intéressante, ce qui est pour moi une grande surprise de la part de Stephanie Meyer. Les acteurs sont, pour la plupart, excellents. La bande son, même si elle est mal utilisée, est magnifique. La qualité visuelle est très belle, et certaines scènes ont énormément de potentiel. Mais malheureusement, les failles scénaristiques trop nombreuses, le pacifisme des extraterrestres et le bien trop grand nombre d’échanges de salive (On peut compter au moins une dizaine de très longs baisers avec une belle musique. En deux heures.) font de ce film une autre production populaire qui fera un gros chiffre au box office. Mais les cinéphiles seront déçus.
«S’ils avaient des attentes, bien entendu.»
Exact. Merci, voix.
Crédit photo : Les films Séville
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