S’il y a un réalisateur qui est connu pour sa versatilité peut-être exploitée à outrance, c’est bien Guillermo del Toro. En effet, l’homme derrière Hellboy et le récent Pacific Rim a aussi donné son nom comme producteur à plusieurs films qui ne passeront pas à l’histoire tels que Mama ou Kung Fu Panda 2. Cependant, le film qui a fait la renommée de Guillermo del Toro est une œuvre unique, sa plus grande fierté. Un récit entre le conte et la réalité. Le labyrinthe de Pan.
Le long métrage espagnol unique en son genre se situe donc durant la Seconde guerre mondiale, en pleine Espagne fasciste. Le spectateur est invité à suivre Ofelia, une fillette de 11 ans dont la mère se fiance contre son gré avec un officier de l’armée. La jeune fille, poussée malgré elle dans le monde cruel de la chasse aux juifs, se réfugiera dans ses livres de contes.
Cependant, peu après son arrivée dans le moulin qui abrite l’armée, Ofelia fera la rencontre, dans un mystérieux labyrinthe, d’un faune qui lui confiera une grande révélation : Ofelia est en fait la réincarnation d’une princesse et, pour retrouver son statut, elle doit réussir trois épreuves toutes plus difficiles les unes que les autres.
L’aspect féérique et magique du Labyrinthe de Pan n’est pas un hasard. La structure narrative de l’intrigue est en effet élaborée sur le même squelette que celui d’un conte pour enfants : un héros désobéissant qui se laissera guider par son instinct pour réussir des épreuves qui, au final, feront évoluer son âme. Rien de bien nouveau ici. Pourtant, le film a un côté onirique et fantastique qui se mélange merveilleusement bien avec la cruauté du thème principal, soit l’horreur de la guerre.
En effet, les segments plus magiques du conte d’Ofelia sont entrecoupés par les évènements tragiques de la réalité. Mieux encore, avec un peu d’analyse, il sera aisé de voir plusieurs ressemblances entre les personnages imaginaires et ceux du monde réel. Et bien qu’aucun des deux mondes n’entrera réellement en corrélation avec l’autre, toute la dynamique du film est essentiellement basée sur le refuge qu’Ofelia trouvera dans le monde mythologique.
Il serait une grave erreur de croire que Le labyrinthe de Pan est un film pour enfants. Bien sur, la thématique plus magique peut rebuter certains adultes croyant avoir passé ce stade de leur vie, mais détrompez-vous. L’ambiance féérique se veut un accès à un monde beaucoup plus malsain qu’il n’en a l’air. Prenons d’ailleurs exemple sur le Pale man, monstre présent pour à peine 5 minutes à l’écran, mais dont les yeux incrustés dans la paume des mains sont maintenant une icône du cinéma. Une scène qui donne d’ailleurs bon nombre de frissons.
Malgré une réalisation très bien menée et une distribution très intéressante, la grande force du Labyrinthe de Pan est dans sa direction artistique. En effet, le contraste entre la sobriété du monde réel et la fantaisie du conte, ne serait-ce que grâce à la luminosité et aux effets visuels, est énorme. Sans être un chef d’œuvre technique, les segments oniriques sont très prenants et l’ambiance est juste assez accentuée par le bruitage pour être crédible sans être exagérée. Le spectateur aura parfois l’impression d’assister à deux oeuvres différentes, et c’est un peu le but du film.
Mais, est-ce que le monde magique d’Ofelia existe réellement? Ou bien n’est-ce finalement qu’une échappatoire, une sortie du monde réel inventée de toutes pièces par la fillette afin de se sauver de la cruauté de la guerre? Si elle veut le savoir, Ofelia devra faire ses propres choix et suivre son instinct, telle une héroïne de conte des frères Grimm.
Quant à vous, vous n’avez qu’à passer deux heures bien investies devant un écran de télé. Pour le plus grand succès de Guillermo del Toro, le jeu en vaut la chandelle.
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