Que se produit-il quand la vie confronte l’homme à des épreuves qui semblent insurmontables? À quoi servent ces dernières et que peuvent-elles apporter de bon alors qu’elles ne sont qu’entièrement négatives? C’est ce que Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm ont mis de l’avant dans le long métrage qu’ils ont intitulé La Guerre est Déclarée, lequel s’inspire fortement et librement de leur propre histoire.
Roméo et Juliette se rencontrent dans un bar. Tout de suite leurs regards se croisent et leurs sourires se répondent. Ils trouvent la situation dans laquelle les met leurs prénoms on ne peut plus ridicule et décident de confirmer cette théorie par un long baiser, le premier de plusieurs centaines. La vie faisant son cours, ils décident de mettre au monde l’enfant qui commence à prendre forme dans le corps de Juliette. La vie leur sourit, ils rêvent d’art et de musique. Leur fils vient au monde et ils se sentent invincibles. Mais un jour, le verdict tombe. La prunelle de leurs yeux, la chair de leur chair et atteinte d’un cancer au cerveau. C’est alors bel et bien le cas de le dire: la guerre est déclarée.
Dès la première image, le propos est incrusté dans l’esprit du spectateur: la peur, l’amour, la crainte. Ceux d’une mère et d’un père, qui plus est. C’est de cela que parle ce film, de là-même l’importance de se battre pour ceux que le coeur aime.
Lorsque la nouvelle tombe, et alors que le couple est en pleine détresse, c’est en douceur qu’on présente l’abyme qui se creuse devant leurs pieds. Ils s’imaginent et se voient à travers une fenêtre de taxi, se chantent ce qu’ils aiment l’un de l’autre, juste avant de se remémorer leurs plus beaux souvenirs. C’est à fendre le plus dur des coeurs.
Tout au long du film, deux narrateurs Dieu, un homme et une femme qu’on devine être Roméo et Juliette, mais surtout Valérie et Jérémie, habitent avec délicatesse l’univers sonore, permettant une présentation efficace des éléments qui composent le scénario. À la vingtième minute, tout est déjà fort bien instauré. Il ne manque que le pivot déclencheur, lequel ne saurait attendre beaucoup plus longtemps, trop féroce et prêt à donner des coups.
Les séquences, à quelques reprises, sont entrecoupées de très sombres images. Elles mettent en vedette des masses noires, des liquides lourds et désagréables à l’oeil. C’est le premier signe: celui de la maladie. Ces horreurs sont également évoquées par l’entremise de la musique, qui pour sa part sait traduite la peur des personnages face au mal qui habite leur enfant. Le cancer se présente mais n’est visible pour personne sinon le spectateur, ce qui a pour impact de l’informer avant qu’il ne sache réellement ce qui en relève, l’incluant dans le film aux côtés des deux voix qui racontent leur propre histoire. C’est visuellement important, mais c’est d’abord et avant tout fort bien pensé. Ça ajoute au charme du film, agrémente l’ambiance et offre de la personnalité à cette oeuvre qui en a déjà beaucoup.
Dans ce même ordre d’idées, il est plusieurs plans qui ont une valeur métaphorique, émotive ou esthétique qui n’ont d’autre choix que d’offrir splendeur et puissance à ce long métrage. C’est d’ailleurs un des nombreux aspects qui fait la beauté de La Guerre est Déclarée. Tous ces détails qui relèvent du vécu et non de la fiction, et qui apportent une impression de souvenir sur ce qui se veut à la fois un peu fictionnel. C’est une oeuvre de mille notions, mille idées, mille représentations. Mais c’est aussi l’oeuvre d’une seule cause.
Il est impossible de parler de ce film dans sa grandeur, puisque c’est dans les détails et les particularités qu’il existe. C’est une oeuvre qui est née de la vérité, et c’est la vérité en sa forme la plus pure qui lui donne une raison d’être. Les souvenirs deviennent cinématographiques, imprégnés sur de la pellicule mais surtout, ils survivent. Et c’est là la victoire du couple contre une guerre qui aura pourtant été féroce.
Crédit Photos : Les Films Séville
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